Grâce à ses 35 années d’existence, ROTTING CHRIST fait partie du paysage du metal extrême. On a l’impression que la formation grecque a toujours été là, comme si, à l’instar des temples hellènes, elle se dressait en pilier majeur de la scène, indestructible et toujours majestueuse. Les fondations sont solides, l’apparence est imposante, mais surtout, chaque album proposé est un monument. « Pro Xristou », 14e album des frères Tolis et de leurs acolytes, maintient le groupe sur le piédestal qu’il a conquis, tout en changeant quelque peu de paradigme. En effet, si le côté antireligieux reste le fer de lance de ROTTING CHRIST, il est traité cette fois sous l’angle du paganisme, avec un hommage rendu aux courageux rois païens, symbolisant la lutte contre le Christianisme imposé. Le fond reste le même, la forme évolue donc : exit le blasphème pour laisser place à l’atavisme. Quant à la musique, lourdeur, puissance et mélodies sont au rendez-vous d’un black/death metal imprégné de doom profond.
« Pro Xristou » commence par le court, mais efficace titre éponyme aux allures de rituel païen : rythme lent, brutal, chœurs masculins, invocations scandées. Il nous met directement dans l’ambiance. "The Apostate", qui traite du dernier empereur païen, Flavius Claudius Julianus, est un morceau hypnotique avec une phrase musicale et chantée répétée et des mélodies entêtantes. Le plus atmosphérique "Like Father, Like Son" fait la part belle aux riffs de guitares envoûtants en présentant la transmission des valeurs père-fils et leur respect, fils-père. La création de l’homme sur "The Sixth Day" laisse la place à un côté heavy et à beaucoup de mélodies et d’atmosphères. C’est un titre éthéré toutefois captivant. Au contraire, "La Lettera Del Diavolo" est plus typique d’un ROTTING CHRIST brutal, incisif avec des rythmes blastés, des riffs plaqués, des invocations hurlées et des paroles récitées, toujours sur un fond pesant.
Puis "The Farewell" marque déjà le milieu de l’album avec un blackened death mélodique qui fera headbanger les foules. Le très pagan "Pix Lax Dax" reprend de nouveau les standards du groupe pour une chanson qui reste gravée dans la mémoire dès ses premières mesures. Le très inspirant et accessible "Pretty World, Pretty Dies" à la voix féminine s’ajoutant aux chœurs virils vient apporter une touche nouvelle à l’esprit très païen également. C’est un des morceaux phares avec le suivant, "Yggdrasil", pour le coup complètement différent car martial et viril. On retrouve ce côté guerrier sur le dernier et possédé "Saoirse" et ses rythmes tambourinés. Les deux titres bonus "Primal Resurrection" et "All For One" permettront aux fans ayant acquis les supports les plus prestigieux de continuer leur voyage sur de belles mélodies et des atmosphères galvanisantes, valant l’investissement.
Pour résumer, avec « Pro Xristou » ROTTING CHRIST propose à nouveau un black mélodique des plus consistants. S’il conserve son âme antireligieuse, c’est bien le côté païen qui prend le pas sur le fond de l’album mais c’est surtout une force brute et fédératrice qui caractérise ces dix nouveaux titres qui contribuent à l’inébranlabilité d’un groupe au charisme inégalable.
