Le duo shoegaze français Neige/Winterhalter connu sous le nom d’ALCEST revient cette année avec un septième album intitulé « Les Chants de l’Aurore ». Toujours inclassable mais également immanquable, la musique qu’il propose se veut être à nouveau un fabuleux mélange des genres entre post-rock et metal. Si l’on en croit les douces lumières de la pochette et son titre évocateur, on se trouve dans un environnement poétique, dans un monde qui s’éveille doucement d’une nuit sereine, au contraire du précédent « Spiritual Instinct » aux accents plus brutaux. ALCEST mise sur le symbole, sur le sens, sur la profondeur et avec ces sept nouveaux titres, on ne peut qu’être saisi par le charisme extraordinaire d’un album riche de nuances, tant au niveau de la musique que des paroles.
Tout commence avec un "Komorebi" intense, au riff plaqué sur atmosphère éthérée, rythmes rapides et bien sûr, la sublime voix de Neige, impalpable mais bien présente. Si l’image du rayon de soleil traversant les arbres se matérialise dans cette chanson, c’est également à nouveau tout le symbolisme qui en découle qui est important. Plongée immédiate dans l’introspection ouverte sur le monde, paradoxale et puissante. "L’Envol" est un morceau mid-tempo, plus rock, aux rythmes balancés et au schéma léger. Les lignes de chant sont pleines de nuances et les breaks mélancoliques sont sublimes avec tout de même de vrais passages bien brutaux, presque black metal. Un titre solide.
Le shoegaze "Améthyste" évolue tout en progressivité, entre mélodies prenantes, guitares arpégées et riffs aiguisés alors que "Flamme Jumelle" est beaucoup plus accessible et entêtant, groovy mais également impactant par moments. Le très court (par rapport aux autres morceaux) "Réminiscence" acoustique au piano et cordes est comme un moment suspendu avec le chant tellement envoûtant de Neige. "L’Enfant de la Lune" et son intro parlée, ses guitares acérées et son rythme rapide conserve tout de même une atmosphère des plus pures avec un long break plein d’émotions. Enfin "L’Adieu" clôture magistralement l’album avec une guitare arpégée et un chant céleste, minimaliste mais efficace et surtout complètement en accord avec le reste des chansons et sa place dans leur déroulé. Magnifique.
Avec « Les Chants de L’Aurore », ALCEST propose un album à la dimension élevée à plusieurs niveaux. Sa musique vise juste et touche au cœur, emmène l’âme et fait s’envoler le corps pour un moment intemporel, réconfortant et philosophique.