Pour cette nouvelle virée en pays batave, nous découvrons la ville de Helmond située dans la banlieue est d'Eindhoven. Ce 24 mai, le temps n’est pas au rendez-vous et c’est donc sous la pluie que nous arrivons à De Cacaofabriek, lieu où HABITANTS se produit ce soir pour présenter « Alma », son nouvel album que nous avons chroniqué et pour lequel le groupe nous a accordé une interview. Il est tôt et nous avons l’après-midi à occuper, place donc au tourisme et à la culture pour les quelques heures qui nous séparent du concert. Après une pause café, nous allons visiter le château d'Helmond, aujourd’hui un musée qui retrace l’histoire de la ville, avant d'aller admirer les expositions de peinture dans un autre musée de la ville. En retournant à la salle, nous profitons d’une accalmie pour déambuler dans les rues de cette jolie et sympathique petite ville...
De retour à De Cacaofabriek, nous croisons Anne et Mirte qui viennent d’arriver et attendent le reste de la troupe afin de se préparer pour le concert du soir. De notre côté, nous profitons du temps qu’il reste pour découvrir cette ancienne fabrique de chocolat transformée en lieu culturel, dans lequel "résiste" un chocolatier entouré de salles d’expositions, de cinémas, d’une brasserie et, bien évidemment, d’une salle de concert. Il est d’ailleurs remarquable de voir l’importance et la diversité de la programmation de la salle pour une petite ville dont il nous a fallu l’espace d’une demi-journée pour en faire le tour.
Lorsque nous entrons dans la salle, nous découvrons une sorte de cocon dans lequel trône un bar et des tables rondes où le public peut se regrouper autour d’un verre. Si l’espace peut sembler minuscule comparé à la scène, il est tout de même surplombé d’un balcon qui permet aux personnes qui le souhaitent de prendre de la hauteur. On imagine que ce lieu peut accueillir à peu près 400 personnes dans de très bonnes conditions. Ce n’est pas l’affluence des grands soirs, mais cette ambiance club nous met dans l’esprit d’un concert privé placé sous le signe de la convivialité.
C’est à l'auteur-compositeur Whybe que revient l’honneur de commencer cette soirée. Accompagné de ses musiciens, un guitariste, un bassiste et un batteur, il nous délivre un concert pop-rock agréable à écouter et à regarder. Influencé par l'intimité de Leonard Cohen et l'intensité de Bob Dylan, Whybe recherche à faire vivre à son public une expérience unique, émotionnelle et parfois même effrayante. Si en effet sa voix n’est pas joyeuse, elle ne nous a pas pour autant effrayés, loin de là. Il est à noter toutefois que l’artiste est doté d’un beau timbre mélancolique qui contribue grandement à attirer notre attention. Lors de ce set, il interprète quelques chansons déjà paru en single comme ''Isn’t That Sad ?'' ou ''Ice on My Soul'', pour le reste il faudra attendre la sortie de son premier album d’ici la fin de l’année pour le découvrir si le cœur vous en dit.
Alors que les lumières s'éteignent, les petits astronautes éclairent déjà les pédaliers de Gema et René. Paré pour un voyage intersidéral, HABITANTS fait son entrée. Alors que nous laissons l’image de la planète bleue s'éloigner derrière nous, le set commence avec ''Bury The Earth'' qui annonçait l’album en 2020, pour finir sur la version CD de « Alma » en tant que bonus-track. Ce qui est remarquable et surprenant à la fois, c’est une entrée en matière des plus heavy. Comme la suite du set le confirme, le groupe n’est pas là pour reproduire en live les versions éthérées du studio. Si cette approche n’est pas inintéressante, elle montre toutefois une imperfection qui met en évidence le fait que la musique et la voix doivent encore trouver leur équilibre en concert. Comme le disait René dans notre interview, la musique de THE GATHERING est trop heavy pour la voix d'Anne. Néanmoins, si nous pouvons regretter ne pas pouvoir pleinement profiter de sa voix, nous passons un agréable moment. Il est d’ailleurs amusant qu’avec le recul, les débuts d’HABITANTS ne sont pas sans rappeler ceux de THE GATHERING avec Anneke van Giersbergen quand le groupe devait trouver la parfaite alchimie entre la musique et la voix.
Si, avec THE GATHERING, René est sur le devant de la scène, il n’hésite pas ici à se mettre en retrait et à laisser Mirte, la bassiste, tenir ce poste avec Anne et Gema. Ce choix ne traduit en rien comme une forme de déconstruction des deux musiciens. Au contraire, avec Gema, René forme un duo de guitares efficace et solide qui ne manque pas de rappeler que la musique d’HABITANTS est avant tout basée sur les guitares que vient renforcer par intermittence Anne. Loin de s’être assagi, Jérôme quant à lui, démontre que la puissance de son jeu de batterie est compatible avec HABITANTS. Il n’a certes rien à voir avec celui du batteur speed qu’il était plus jeune, mais il transpire l’efficacité et la précision acquises au cours des années et qui avaient séduit René à l’époque où ils ont joué ensemble au sein de DRIVE BY WIRE. Du point de vue de la set-list, l’intégralité de « Alma », à l’exception de ''Future You'', est interprétée avec les incontournables ''Meraki'', ''Soul Traveller'', ''Runners'' et ''Magnolia'' extraits de « One Self » (2017).
Après un after convivial, nous reprenons la route vers la France après une superbe journée bien remplie.
