En voilà une bonne nouvelle : il existe toujours aux quatre coins du globe des fans acharnés du death metal américain du début des années 90 ! Cette période bénie où les CANNIBAL CORPSE, MORBID ANGEL ou MALEVOLENT CREATION et tant d’autres inondaient alors les bacs de leur metal virulent et technique, garantissant à l'amateur chevelu son lot de sensations fortes. Vingt-cinq ans plus tard, de jeunes loups aux dents longues perpétuent toujours la tradition avec une ferveur inébranlable qui pousse au respect. 200 STAB WOUNDS est de ceux-là, sa récente signature avec le cultissime label Metal Blade Records aidant, à réhabiliter l'ambiance de ces années folles.
Et le doublé d’ouverture "Hands Of Eternity" / "Gross Abuse" donne un bon aperçu de ce que les natifs de Cleveland ont dans le ventre. Un death metal viril, puissant, moderne, qui ne rechigne pas cependant à respecter la tradition avec quelques solos ciselés de main de maître. Je passe rapidement sur la section rythmique qui avoine sans limites et les parties de batterie qui se font un malin plaisir à insuffler ce fameux "esprit" propre aux formations floridiennes évoquées un peu plus haut. Car le quatuor ne fait pas dans la dentelle, perpétuant avec toujours un vil plaisir cette tradition nord-américaine des années 90, il en propose d’ailleurs ici une relecture certes appliquée, mais avec une approche plus frontale, compacte, qui laissera les esgourdes des plus téméraires bien endolories. Et il y a fort à parier que celles-ci se régalent de ces 30 minutes torchées en mode maousse costo.
Mais ce qui prédomine finalement à l’écoute de cet album de 200 STAB WOUNDS, c’est la maîtrise. Une maîtrise logique au vu de l’évolution qu’a entamé le groupe depuis ses débuts, sauvages, mais alors sans ligne directrice précise, quelque part en 2019. Car le quatuor a depuis affiné son style pour s’inscrire dans une mouvance plus sombre, jonglant entre envolées brutales et parties plus calmes, rythmiques écrasantes qui croisent le feu avec quelques blasts savoureux. La recette fonctionne ici à merveille et installe 200 STAB WOUNDS aux côtés des formations qui comptent en matière de death metal. Du haut de sa grosse demi-heure, « Manual Manic Procedures » n’a pas la prétention de révolutionner le style mais bel et bien de lui rendre un vibrant hommage à coup de riffs qui font mouche à chaque touche. A l’instar de ses petits camarades de SANGUISUGABOGG qui bénéficient d’une exposition de plus en plus forte (en témoigne leurs récents passages aux Graspop, Hellfest et Resurrection Fest), 200 STAB WOUNDS semble promis à un avenir radieux. D'ailleurs leur entrée dans les Billboard américains et canadiens avec ce second méfait prometteur semble bel et bien témoigner d’un véritable attrait du public pour ce death metal à l’ancienne.
Qu'ajouter à cela ? Une production idéale, troussée de main de maître par Andy Nelson qui sonne juste et rend justice à chacun de ces neuf titres, appuyée par un mastering explosif signée Brad "Shiva" Boatright. Mais aussi un artwork ambiance "Boucheries Bernard" troussé avec un certain appétit pour la tripaille et les viscères. Avec ces atouts dans sa besace, il y a fort à parier que les Amércians ne laisseront pas insensibles les nostalgiques d'une époque révolue, celle-là même qui fleure bon l'Audiotel et les K7 Ferro Chrome. J'en suis !