23 août 2024, 15:13

LEPROUS

Interview Tor Oddmund Suhrke


A peine la valise posée au retour du Hellfest, les cernes sous les yeux façon raton-laveur (et un bon rhume carabiné en cadeau), nous avons eu l’occasion de discuter avec le très avenant guitariste de LEPROUS, Tor Oddmund Suhrke, et pu évoquer la sortie du très attendu nouvel album du groupe, « Melodies Of Atonement ». Trente minutes, c’est fort peu lorsqu’on a affaire à un musicien aussi affable et bavard que TorO (prononcez "Tour O"), et nous n’avons clairement pas pu aborder toutes les questions comme nous l'aurions souhaité. Mais signe de son irrésistible gentillesse, il n’a pas hésité à déborder sur le timing imposé pour ne pas nous laisser sur notre faim et dans la frustration...
 

Avant d’aborder le sujet du nouvel album, peut-on revenir un instant sur son prédécesseur, « Aphelion » ? Quel regard portes-tu sur cet album avec presque trois ans de recul ?
Oh, c’est une question intéressante. Particulièrement maintenant que nous sommes sur le point de sortir « Melodies Of Atonement », cela m’a fait prendre conscience, a posteriori, qu’« Aphelion » est un album vraiment unique dans la discographie de LEPROUS, et ce de plusieurs manières, à commencer par la façon dont il a été écrit. Au moins depuis « The Congregation » (2015), nous avons toujours eu un plan construit, avec des idées neuves, des ébauches de morceaux, que nous avons mélangés, retravaillés pour créer un album, une entité à part entière. Sur les premiers albums aussi, d’ailleurs. Alors qu’avec « Aphelion », nous avons commencé par retravailler trois ou quatre morceaux qui étaient prévus pour « Pitfalls », mais que nous n’avions pas retenus, et notre intention première était de sortir un EP. Mais tout à coup, la pandémie est arrivée. Alors que le monde était à l’arrêt, nous avons composé une chanson supplémentaire, "Castaway Angels", puis comme nous étions en studio, nous avons aussi fait "All The Moments".
Et nous avons pensé qu’avec déjà six chansons, nous avions presque un album. Nous avons donc décidé d’en écrire quelques-unes de plus, et notamment "Nighttime Disguise", qui a résulté d’une longue semaine de livestream en interaction avec nos fans. C’est un album qui a été écrit petit bout par petit bout, un peu au hasard des événements, ce qui, à mon sens, lui donne un peu moins de cohésion. Il ressemble plus à une compilation de chansons rassemblées sur un seul support. Même si les chansons ont été composées dans un laps de temps relativement court et ont un peu le même style, elles sont toutefois bien différentes les unes des autres dans le sens où elles n’ont pas été créées autour d’un concept ou d’une idée précise qui aurait servi de fil conducteur à l’album.
Et puis, c’est aussi dû à la façon dont nous l’avons fait, basé sur les restrictions que nous subissions à ce moment. Il a fallu l’enregistrer dans plusieurs studios, avec des techniques différentes. Certaines chansons ont été écrites et enregistrées directement en studio. Le son de cet album est vraiment unique en comparaison aux autres albums, de notre point de vue. Cela a été très intéressant de faire cet album, mais je dois avouer que je suis heureux d’avoir pu retrouver nos marques pour la création du nouveau. Cette fois, dès le départ, nous savions que nous allions bosser sur un nouveau disque dans son intégralité. Aller au studio en ayant déjà planifié plus ou moins comment les chansons devaient sonner. Bien évidemment, nous avons aussi fait des choix créatifs en studio, mais nous étions mieux préparés et cela a été agréable de procéder ainsi. 

Après cela, vous avez effectué plusieurs tournées, ainsi que des apparitions en festival, notamment au Hellfest. Y-a-t-il des dates qui t’ont particulièrement marqués, d’autant plus que cela faisait suite à près de deux années de confinement ?
La chose la plus marrante est que, même s’il a eu plusieurs confinements successifs, cela ne nous a pas empêchés de continuer à jouer. La dernière tournée avant la pandémie en support de l’album « Pitfalls » venait à peine de s’achever début mars 2020, une semaine avant le premier confinement. Mais il ne nous a pas fallu longtemps avant que nous ne commencions à proposer des livestreams. Et même si la situation était bizarre sans public, ou que nous ne jouions que devant une vingtaine de personnes, nous avions quand même le sentiment de faire encore de la musique, d’être encore un groupe. Nous avons enregistré « Aphelion », puis, de suite après, nous sommes repartis sur les routes dès la réouverture des frontières pour la tournée anniversaire en 2021. Donc, en réalité, nous ne nous sommes jamais vraiment arrêtés. Cette tournée a été particulièrement affectée par les différentes directives sanitaires des pays que nous avons traversés, avec toutes les obligations et contraintes dues à la pandémie que cela a pu engendrer. Les pays refermaient leurs frontières après notre passage. Cela a été vraiment chaotique !
Nous venions aussi d’annoncer les dates pour la tournée américaine et les tickets se vendaient très bien, jusqu’à ce que le coronavirus fasse encore des siennes et que les USA décident de refermer leurs frontières. Les ventes se sont arrêtées brutalement. Tout le monde était dans l’expectative quant à ce qui allait arriver. Je pense que les gens avaient peur que nous soyons obligés d’annuler, comme beaucoup de groupes qui ont vécu cette situation. Mais ce n’a pas été le cas. C’était une période d’insécurité, avec en plus la guerre en Ukraine qui venait à peine de commencer. Ce fut un moment très étrange, mais le fait que nous ayons réussi à braver les obstacles, à atterrir aux Etats-Unis pour faire cette tournée, cela a graduellement fait évoluer les choses de manière très positive. Les gens ont réalisé que nous étions là, envers et contre tout, et ont recommencé à acheter des billets pour venir nous voir. Et cette tournée s’est avérée un franc succès.
Donc, je peux dire que dans l’ensemble, malgré le côté extrêmement chaotique et les milliers de test COVID que nous avons dû faire pour traverser la frontière américano-canadienne, malgré le fait que nous ayons dû partir au préalable en Pologne pour obtenir nos visas pour les Etats-Unis car l’ambassade des USA en Norvège n’avait aucune solution à nous offrir avant de longs mois, malgré tous les soucis et l’étrangeté du moment, le fait d’avoir réussi à effectuer cette tournée est un souvenir très fort pour moi. A chaque fois que nous pensions que la pandémie était terminée pour de bon, ça repartait. Mais à chaque fois qu’il y a eu une possibilité de tourner à nouveau, nous l’avons fait. Et nous nous en sommes bien sortis.


A quand remonte la création de « Melodies Of Atonement » ? Avez-vous composé en groupe ou est-ce Einar (Solberg, le chanteur) qui s’en est chargé ?
Einar est celui qui a la plus large vision de ce que doit être la musique de LEPROUS. Il est toujours l’initiateur, celui qui a les plans du processus en tête et celui qui compose la plupart des morceaux. Il a commencé par composer les premières ébauches et nous les a soumises pour que l’on puisse donner nos avis et contribuer à leur évolution. Nous avons pu proposer des idées également. Et lorsqu’il a eu suffisamment de matériel en sa possession, il a pu créer ses versions de toutes nos idées rassemblées. Nous avons ensuite pu décider lesquels de ses projets nous allions continuer à travailler et ceux que nous allions écarter ou, éventuellement, garder pour plus tard. Nous sommes allés en studio avec un plan en tête de ce que nous souhaitions. Mais nous avons pu sur place faire d’autres propositions également et laisser libre court à notre créativité. Faire des modifications sur des passages précis, déplacer certaines parties de batterie, par exemple, qui nous semblaient plus judicieuses à un autre moment… Nous avons pu suffisamment peaufiner les compositions en studio pour en arriver au résultat que nous souhaitions. et pour revenir à ta question, Einar est effectivement le compositeur principal, mais nous pouvons tous apporter notre pierre à l’édifice et participer au processus créatif. Ce qu’il nous encourage vivement à faire. Depuis toujours, Einar est le plus créatif d’entre nous et c’est lui qui nous amène le gros des compositions.

Jusqu’à l’album « Malina », sorti en 2017, c’est toi qui te chargeais de l’écriture des paroles. Or, depuis « Pitfalls », Einar a pris la plume. Qu’en est-il sur ce nouvel album ? Est-ce que l’écriture ne te manque pas ?
Je dirais un peu les deux. Je ne pourrais pas dire que cela me manque nécessairement. C’est comme quand tu dois passer un contrôle à l’école. Ce n’est pas le fait de réussir l’examen qui compte, mais le fait de l’avoir passé, de rendre ta copie et de savoir que tu as fait du bon travail dont tu pourras être fier à l’avenir. Donc, je ne peux pas dire que le processus d’écriture me manque. D’autant plus que j’ai participé à l’écriture de quelques chansons sur le nouvel album. Cela s’est fait graduellement. J’étais le principal lyriciste au tout début, et puis Einar s’est senti progressivement plus en confiance pour proposer ses propres textes et il s’est amélioré de jour en jour. Comme il est le chanteur, qu’il crée ses propres lignes vocales et est le principal compositeur des musiques, cela a plus de sens que ce soit lui qui s’implique aussi dans l’écriture, avec ses propres idées, ses propres thèmes et les sujets qu’il souhaite aborder. Parfois, quand il bloque sur une idée, il n’hésite pas à me demander si je peux proposer quelque chose. J’ai donc pu participer aux textes sur cet album.

Même si je n’ai pas eu le temps de me plonger dedans en profondeur, les paroles me semblent assez sombres.
A vrai dire, depuis le début, nous avons des textes plutôt sombres, lugubres parfois et émotionnels. Pour en avoir écrit beaucoup, je peux dire qu’ils sont essentiellement basés sur des bouleversements et des luttes personnels ou bien sur ce que nous inspire l’état de la société. Et depuis les derniers albums, c’est aussi devenu plus lumineux, d’une certaine manière, avec une dose d’espoir qui n’était pas présente auparavant. Une vision plus positive qui met un terme à certaines situations et permet de refermer les portes. Une approche différente qui permet de tirer le meilleur de certains moments difficiles. Evidemment, ça va paraître bizarre, parce que lorsque tu écoutes notre musique et que tu ne comprends pas les paroles, ça ne sonne pas super joyeux. Ce serait d’ailleurs super bizarre d’avoir des textes ultra positifs tout le temps (rires). Mais ce n’est pas nécessairement aussi sombre que l’on peut le penser de prime abord. Il y a aussi des réflexions sur l’espoir et les solutions à trouver pour améliorer sa vision de la vie.

Cet album marque un nouveau changement de cap pour LEPROUS et sonne bien plus heavy, agressif et avec une sorte de colère sous-jacente que les trois derniers albums. On note surtout l’absence d’orchestrations et du violoncelle de Raphael. Qu’est-ce qui a motivé ce retour aux sources ?
Nous nous sommes réunis pour savoir ce que nous souhaitions faire cette fois. Si tu nous suis depuis longtemps, tu sais que nous avons l’habitude de faire évoluer notre musique, d’album en album. Ce n’est pas nécessairement une volonté de faire changer les choses, c’est surtout ce qui nous vient naturellement. Mais, cette fois, c’était un choix délibéré de s’éloigner un peu des éléments cinématiques et orchestraux de notre musique pour se recentrer sur les cinq membres du groupe. Ce qui a motivé ce choix vient du fait qu’Einar développe son projet solo et, comme je te l’ai dit, il est le principal compositeur et le chanteur des deux projets. Son chant étant particulièrement reconnaissable, et pour qu’il n’y ait pas de confusion, il a voulu séparer les deux entités en recentrant LEPROUS autour de ses cinq musiciens et en laissant le côté orchestral pour son projet solo. Ce qui nous a aussi paru judicieux, étant donné que nous avons beaucoup exploré les éléments symphoniques depuis « Malina ». C’est donc tout logiquement qu’il va désormais concentrer cet aspect sur son projet solo, de manière à ce que nous puissions de notre côté nous focaliser sur le groupe et mettre nos instruments en avant. Même s’il y a beaucoup d’éléments électroniques sur ce nouvel album, il sera aussi plus aisé à mettre en place pour les concerts. Alors qu’avec les orchestrations, je ne peux pas prendre un violon, par exemple, et m’improviser violoniste pour jouer une partie précise. Ce qui signifie que si je n’ai pas besoin de jouer ces passages, je peux donc jouer certains moments aux claviers, comme nous l’avons déjà tous fait lors de notre dernière tournée. Nous avons tous été mis à contribution pour jouer d’autres instruments que les nôtres lorsque cela s’avérait nécessaire. Cette manière d’écrire et de jouer les chansons rend les choses plus faciles en tant que groupe de scène aussi. Donc, je suis très heureux du résultat et de la direction que nous avons prise. Et d’après les premiers retours que j’ai eus, l’album plaît beaucoup.

C’est un superbe album, absolument. Et vous avez aussi un nouveau claviériste pour les concerts ? Est-ce parce qu’Einar préfère se concentrer sur son chant ?
Tout à fait. Depuis nos débuts en 2001, nous avons toujours eu les claviers au premier plan sur scène, avec Einar coincé derrière. Ce qui en fait aussi, je suppose, l’une de marques de fabrique. C’est la raison pour laquelle nous n’avions jamais changé cette configuration jusqu’à présent. Mais ce qui est devenu évident depuis quelques années, c’est que ce n’est pas son aptitude à jouer des claviers qui est le plus intéressant à voir pendant nos concerts. D’autant plus que nous autres avons aussi commencé à jouer certaines parties qui lui étaient dévolues auparavant. Il a adoré ne plus avoir à se focaliser dessus, mais pouvoir se concentrer vraiment sur ses parties vocales. Même si, évidemment, nous ne sommes pas pianistes de formation, sauf moi qui ai appris étant jeune.
Il a continué à faire tous les trucs techniques, pour que ce soit fluide et que cela optimise les prestations. Parce que si nous avions dû les faire nous-mêmes, il aurait systématiquement fallu qu’il intervienne pour réparer nos conneries (rires) ! Donc, avoir sur scène Harrison White, notre nouveau claviériste live, va grandement nous soulager. Nous avons déjà fait environ cinq concerts ensemble depuis ce printemps et c’est vraiment chouette. Juste savoir qu’il a la pleine charge des parties de claviers qui nous incombaient est génial, sans compter que c’est un mec super sympa et un excellent musicien. Je continue de jouer quelques petits passages ici ou là, mais maintenant, je n’ai plus besoin d’enquiquiner Einar pour tous les trucs techniques que je ne comprenais pas. Tout ceci est pris en charge par Harrison et ça marche vraiment bien. C’est une excellente contribution à nos prestations live. 

Il y a également un côté très groovy, voire jazzy. Je pense notamment à "Faceless". Est-ce un désir de repousser les frontières encore plus loin ?
Définitivement, oui. Même si nous ne l’avons pas vraiment vu venir. Ce morceau est d’ailleurs  devenu quelque chose que les fans du groupe auront du mal à identifier comme étant du LEPROUS. Et il contient des éléments que tu n’as jamais entendus chez nous, comme la double basse. Nous avons toujours essayé d’aller plus loin, nous n’avons jamais eu peur de franchir les frontières. Si nous avons une idée, nous l’essayons pour voir si elle marche, et si c’est le cas, nous continuons. Plusieurs de nos idées de départ nous semblaient cool, mais nous n’étions pas sûrs de les mettre sur l’album, jusqu’à ce que nous développions de plus en plus et nous rendions compte que cela fonctionnait très bien. Notamment les éléments hip hop que nous avons inclus. Ce qui est très marrant, parce que dans nos jeunes années, lorsqu’Einar et moi sommes devenus amis, nous écoutions beaucoup de hip hop. Nous écoutions des trucs aussi variés que SEPULTURA, RAGE AGAINST THE MACHINE, et du hip hop comme CYPRESS HILL. C’est donc une référence très cool pour Einar et moi. Ce n’est pas quelque chose que nous avons fait délibérément, mais quand je lui ai dit que cela m'y faisait penser, il a confirmé mon impression. Et tu peux constater que, peu importe ô combien cela peut sembler fou, ça fonctionne merveilleusement bien dans ce contexte.

"Faceless" possède aussi un final avec de très belles harmonies vocales, de même que "Self-Satisfied Lullaby" sur laquelle les chœurs sont de toutes beauté. Est-ce Einar qui a fait toutes les voix ou avez-vous procédé en commun, comme vous le faites en live ?
Non, le but était d’avoir un rendu particulier sur un passage de la chanson, parce que cela semblait approprié. Sur "Faceless", on voulait quelque chose qui ressemble à un chœur gospel. Et nous avons fait appel à un chœur de fans. Je ne sais plus combien ont participé. Attends, il faut que je vérifie sur les crédits de l’album… Voilà, 170 personnes différentes se sont impliquées dans ce chœur, chacun a envoyé son enregistrement personnel. Cela a représenté une énorme somme de travail. C’est un truc auquel nous avons pensé lorsque nous étions en tournée et que nous avons mis en boîte le morceau. Nous avons pensé au départ demander à 5 ou 6 personnes que nous connaissons, qui auraient pu contribuer. Et puis, nous nous sommes dit que nous pourrions demander à quelques fans pendant que nous tournions. Mais finalement, nous avons fait notre proposition en ligne, via nos réseaux sociaux, Nous avons reçu énormément d’enregistrements et nous avons dû faire un choix. C’est Einar qui s’est chargé de la tâche et il a finalement gardé 170 personnes. Nous avons regroupé toutes les pistes et les avons calées sur le même timing, puis les avons ensuite réenregistrés en studio, de manière à  ce que cela sonne comme un seul et gros chœur. Et c’est vraiment très cool.


Nous n’avons, hélas, plus beaucoup de temps, mais juste une dernière question : lorsque tu as débuté avec LEPROUS, te voyais-tu en arriver là où tu en es aujourd’hui ?
Oh, c'est une question difficile (rires) !

Tu as une minute (rires) !
Quand nous avons commencé LEPROUS, il n’y avait pas vraiment de plan, mais nous n’avions aucune limite, aucune frontière. Nous nous sommes juste dit que nous allions nous amuser pendant un moment, mais que ça ne durerait pas. Einar et moi étions déjà amis depuis quelques années. J’avais 15 ans et lui 16 quand nous avons monté LEPROUS. Nous avons commencé à composer alors que je débutais à peine l’apprentissage de la guitare. Je commençais à peine à connaître les powerchords (NDJ : les accords de base pour la musique rock), mais malgré cela, nous avons composé nos premières chansons. Et depuis, nous ne nous sommes jamais arrêtés (rires). Je pense que cela résulte de l’association de nos deux personnalités : il est très ambitieux et voit toujours les choses en grand, alors que je suis plus réaliste et pragmatique, guidé par la logique et j’ai tendance à réfréner un peu ses ardeurs. Avec Einar qui veut parfois avancer trop vite et moi qui tire un peu en arrière, cela nous donne un équilibre. Parce que je pense que si cela n’avait tenu qu’à moi, nous nous serions arrêtés à un moment donné, et si cela n’avait dépendu que de lui, on se serait peut-être brûlé les ailes à vouloir aller trop vite et de manière irréaliste. Cette association de personnalités si différentes nous a permis d’en arriver là où nous en sommes aujourd’hui.
J’ai, de mon côté, continué à travailler comme kinésithérapeute pendant des années, mais j’ai dû arrêter depuis quelques temps car LEPROUS me prend beaucoup de temps et je peux maintenant vivre des revenus que m’apporte le groupe. Ce n’était pas vraiment le plan de carrière que je prévoyais d’avoir quand j’étais jeune. Je ne pensais pas pouvoir devenir musicien professionnel (rires). Mais quand tu poursuis un chemin qui semble être naturel, même si ce n’est pas forcément ce qui est considéré comme le droit chemin, tu ne veux pas t’arrêter. Evidemment, ce n’est pas toujours marrant de faire ce boulot, contrairement à ce que pensent les gens qui nous estiment terriblement chanceux de le faire et pensent que l’on fait toujours ce que l’on veut. Mais ils oublient qu’il y a plein de choses à faire qui ne sont pas spécialement marrantes. De longues heures pour une reconnaissance qui n’arrive pas de suite et on travaille beaucoup sans vraiment pouvoir apprécier ce que l’on fait tant on a l’esprit plongé dedans. Mais une fois que le produit final est là, on peut enfin prendre un peu de recul et être fier du résultat. Pouvoir regarder en arrière et apprécier ce que l’on est parvenu à construire. Lorsque l’on regarde le tableau sous un angle plus large, c’est vraiment chouette de voir ce que l’on a accompli avec Einar, pendant la grande majorité de notre vie.

Notre temps imparti touche à sa fin, merci beaucoup pour ce moment ! Nous te reverrons bien évidemment à Paris début janvier...
Juste une dernière chose : quand tu m’as demandé quels étaient les concerts marquants après la pandémie, je me souviens aussi très bien de celui que nous avons fait à Toulouse en octobre 2021. C’était la première fois que nous rencontrions les fans après le concert depuis le début des confinements. Et c’était une très belle expérience aussi. Cela faisait un an et demi que nous n’avions pas pu jouer devant un vrai public et le concert était formidable.
 



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Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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