
Deuxième date metal au Point d’Eau à Ostwald. Nous sommes le vendredi 4 octobre est les musiques extrêmes sont à l’honneur. Rendez-vous au nouveau quartier général des metalleux strasbourgeois pendant les travaux de La Laiterie...
19h00. SETH a 45 minutes pour convaincre une assistance déjà nombreuse. Une large plage de jeu qui va permettre à l’un des piliers du black metal français de défendre son dernier album sorti à la date symbolique du 14 juillet, « La France des Maudits ». On entame la soirée avec "Insurrection". Blasts puissants, riffs et cris, SETH étale son somptueux "metal noir". Nous sommes captivés, le son est parfait. Hommage à l’incendie de Notre-Dame, "La Destruction des Reliques" se révèle épique. Les poses des musiciens, notons le frontman en tenue d’évêque infernal, épousent les arabesques des notes de leurs instruments. Le show est puissant en diable et c’est tout naturellement que nous communions ensemble avec "Et que Vive le Diable !". Le précédent album est toujours représenté, avec l’acclamé "La Morsure du Christ", avant que SETH nous salue avec les actes I et III de "Hymne au Vampire". Classieux... et extrêmement poussés dans les tonalités épiques. Les fans sont rassasiés, réels vampires musicaux, les néophytes sont aux anges... enfin, au Diable.
20h00. BORKNAGAR entre en scène avec "Nordic Anthem", extrait du récent album « Fall ». L’ambiance viking/folk/black metal progressive s’installe. Je suis un fan absolu du groupe, j’en ai vanté les mérites à quelques camarades, ceux-ci sont un peu décontenancés par le côté progressif trop prononcé sur les dernières productions telles "The Fire That Burns". J’avoue que le rythme s’en trouve souvent cassé et après le metal saturé de SETH, beaucoup perdent leurs repères. Alors que résonne "The Rhymes Of The Mountain", je saisis que le groupe a décidé de mettre l’accent sur ses trois derniers albums. Les ami(e)s précité(e)s qui souhaitaient du bourrin ne vont pas pouvoir slamer beaucoup... Pour ma part, je ne suis pas forcément objectif, je me régale, profite de la cavalcade enlevée de "Up North", avec ses « Ho ho ho hoooo » repris en chœur. Musicalement, c’est une succession de tableaux colorés et d’une grande beauté. "Voices" en est la preuve, avec son duo de voix magiques et ses soli aériens laissant penser un instant que le FLOYD est venu faire un cameo sur les planches. Le groupe se donne à fond, prenant la pause pour l’unique photographe présente. Toute la soirée, la demoiselle se fera bien plaisir sans se faire donc bousculer...
BORKNAGAR joue durant 1 heure 10, c’est royal pour une première partie. Quelques classiques, "Dauden" et "Colossus", viennent rappeler l’âge d’or du viking metal, quand il déferlait vaillamment sur nos rivages auditifs dans les années 90, avec ses hurlements et ses visages sauvages peint de black pagan. J’avoue qu’une tournée commémorative des premiers albums ne serait pas pour me déplaire. Après "Summits" braillard et fort agréable, c’est l’heure du final. "Winter Thrice" est parfaitement placé pour partager un dernier moment avec BORKNAGAR. Titre emblématique, où un black symphonique à la EMPEROR s’offre des chœurs façon SOEN. Il fallait oser, personnellement j’aime énormément. Pour les centaines d’autres ? Avis mitigés.

21h40. Avons-nous encore des forces ? Pour ROTTING CHRIST, évidemment que oui. Des forces obscures. Frénésie, agressivité, chants d’outremonde, avec halètements et chœurs apocryphes, l’ambiance s’impose avec "Aealo", le titre représentera avec trois autres extraits l’album éponyme qui brillera le plus sur ce set d’1 heure 20. Les Grecs nous offrent une messe païenne, pour le plus grand bonheur de tous, les acclamations en étant la preuve. "Vetry Zlye" poursuit la danse folle avec des guitares et des voix hurlantes.
Etrangement, c’est « Κατά τον δαίμονα εαυτού », après « Aealo », qui est l’autre album le plus représenté sur la tournée. Personne n'osera s’en plaindre, tant sont jouissifs ces extraits forgés dans un acier épique aux blasts furieux. Toutefois, l’excellent album « Pro Xristou » étant sorti en mai dernier, on s’attendait à plus que les deux chansons jouées consécutivement en début de show. Le mélancolique et guerrier "Like Father, Like Son", exhalant un doux parfum de BATHORY, et l’impérial "The Apostate", nous font regretter de ne pas en entendre davantage. Nous ne faisons pas les difficiles et savourons les titres issus de pas moins de huit albums au total !

Côté fosse, bonne nouvelle, ça s’est bien animé. L’ami Damien qui avait boudé BORKNAGAR pour se rafraîchir au bar est à présent en transe avec son fiston. Déchaînés, ils entament un record de slam avec Kerstin, que nous connaissons tous comme étant la Valkyrie des pits du Grand Est. On enchaîne même quelques walls-of-death. "...Pir Threontai" prend une nouvelle dimension. Ça devient chaud ce show, on va finir cuit avec la chaleur qui monte. Trêve de plaisanterie, quoique Sakis le frontman n’est pas le dernier à taquiner ses musiciens, le concert se poursuit. "Elthe Kyrie" se la joue folie satanique dans la voix, comme chanté par la petite sœur de Linda Blair de L'Exorciste. Notre unique photographe poursuit son travail pour mémoriser une soirée… mémorable.
Passé l’antédiluvien "Non Serviam", accueilli avec force et cris, "Societas Satanas", si nous ne sommes pas venus faire une "cène" à Jésus, pour plutôt faire les "malins", ROTTING CHRIST met tout le monde K.O. avec le doublé "In Yumen-Xibalba" et "Grandis Spiritus Diavolos". Je vous laisse imaginer le point culminant atteint par le show. Et ça communie entre le groupe et les spectateurs. Une religiosité dévoyée, une divine religiosité toutefois. Les refrains sont repris, les slammeurs entrent en lévitation, le temps est suspendu à cette débauche de riffs et de voix rauques et sauvages. Moment grandiose, qui précède un premier final amené par "The Raven". Applaudissements. Rappels.
ROTTING CHRIST vient remettre le couvert le temps de deux titres, "Chaos Geneto (The Sign Of Prime Creation)" et "Noctis Era", qui mettent un point final paillard à cette magnifique démonstration de metal sans limite.
Ce fut une soirée à la hauteur de nos espérances. Tout le monde a passé un excellent moment avec trois très grands groupes. Certains ont même bougé leur popotin, d’ailleurs au moment de sortir, nous apprenons que notre Valkyrie a terminé au poste de secours après une chute sur la crash-barrière. Nous sommes vraiment une bande de fous, avec notre musique sauvage !