
FALLING IN REVERSE avait largement surpris leurs fans en annonçant une tournée européenne, et plus encore leurs fans français, en proposant une unique date à Paris. Initialement prévue au Zénith, devant l’affluence, le concert a été finalement déplacé à l’Accor Arena, et n’a eu aucun mal à être rapidement complet. Une affluence record qui est probablement liée d’une part à la notoriété du groupe mais surtout de son chanteur Ronnie Radke, à la sortie récente du dernier album « Popular Monster » et au fait que l’on n’a jamais vu le groupe en France à ma connaissance. FALLING IN REVERSE a choisi de s’entourer de SLEEP THEORY et HOLLYWOOD UNDEAD pour cette tournée européenne, ces derniers étant seuls présents sur la date française. Une soirée survoltée et particulièrement chaude en perspective !
HOLLYWOOD UNDEAD a le privilège d’ouvrir le bal sur la grande scène de l’Accor Arena. Et c’est un lieu qui lui va bien tant le groupe l'occupe avec brio, mais également pour profiter de sa scénographie et lui offrir un terrain de jeu suffisamment grand. La dernière fois que je les ai vus date un peu, 2018 à l’Elysée Montmartre. J’ai toujours eu une certaine affection pour ce groupe que j’ai écouté plus jeune et ses chansons à cheval entre nu-metal, rock californien et rap-rock. HOLLYWOOD UNDEAD officie depuis 2005 et a largement occupé les bandes originales de nos vie de jeunes adultes dans les années 2010 avec des titres désormais classiques et diablement efficaces vu comment ils vous restent en tête. 8 albums studio pour HOLLYWOOD UNDEAD dont le dernier « Hotel Kalifornia », sorti en 2022, donc peu d’actualité récente pour le groupe. Et je vous avoue que je connais surtout les albums « American Tragedy », « Notes From The Underground » et « Day Of The Dead » sorties entre 2011 et 2015. Je suis donc curieuse de découvrir ce que la formation nous réserve après autant d’années.

Les musiciens de HOLLYWOOD UNDEAD sont clairement là pour ravir les fans et plutôt que de promouvoir leur dernier album, ils ont composé une set-list qu’on aurait tout à fait pu entendre en festival. Tous leurs tubes sont là et il y a seulement deux chansons extraites de « Hotel Kalifornia ». Stratégie confortable mais finalement payante puisqu’ils seront parvenus à faire chanter le public sur une bonne partie de leurs morceaux. Il y a également un bel effort côté scénographie avec un décor de scène qui leur convient tout à fait, entre palmiers lumineux, lumières très colorées et pas mal d’effets de fumée. La scène est découpée en plusieurs étages permettant aux musiciens d’être visibles de tous, malgré une sacrée énergie et des changements d’instruments quasiment pour chaque chanson. Leur set démarre sur une intro western avant d’enchaîner directement avec ''California Dreaming''.
Les membres du groupe tournent régulièrement entre chant et guitare, il y a pas mal de voix différentes et ça rend leur musique plutôt riche de ce point vue-là. On ne va pas se mentir, si HOLLYWOOD UNDEAD est efficace, c’est aussi parce qu’ils utilisent la même recette depuis pas mal d’années avec des morceaux construits de manière similaire pour être des singles que vous aurez du mal à oublier. Mais force est de constater que ça fonctionne. Ils transmettent une folle énergie sur scène, ils ont une belle complicité entre eux comme avec le public, et leurs chansons ont un groove auquel il est difficile de résister. Ça danse pas mal d’ailleurs dans la fosse même si celle-ci reste plutôt sage, autant dire que ça me change franchement par rapport aux dates que je fais habituellement. On aura droit aux classiques comme ''Everywhere I go'', ''War Child'', ''Hear Me Now'', ''Bullet'' et pour la fin du set, ''Undead''.

Je regrette qu’il n’y ait pas eu ''We Are'', ma petite préférée du groupe et qui pour le coup dénote un peu de l’ambiance ultra festive et groovy. Rien à redire niveau son, on profite vraiment très bien de l’ensemble et de toutes les chansons. Le chant qu’il soit clair ou rappé et quel que soit le chanteur, est très propre. Je trouve la batterie un peu faiblarde mais mes oreilles sont habituées aux blasts qui vous détruisent les neurones avec des basses qui vous donnent des descentes d’organes. Leur concert réserve quelques petites surprises. Ils sont rejoints notamment par Norbert ''Nono'' Krief de TRUST sur ''Comin’ In Hot'' après quelques riffs de ''Antisocial''. Des ballons gonflables géants sont lâchés dans la fosse. Le groupe reprend ''Sweet Caroline'' de Neil Diamond et sur ''Another Way Out'', ils font chanter des fans dans le public à l’aide d’un micro accroché à une perche.
On ne s’ennuie clairement pas pendant un show de HOLLYWOOD UNDEAD et si comme moi on les a écoutés plus jeune on n'est pas dépaysés. Ils jouent très bien et le concert est très qualitatif. Le groupe ne se prend pas non plus excessivement au sérieux, ça fait partie du spectacle, un show d’adultes qui font éternellement la fête, comme un spring-break interminable...

Petite pause et changement de plateau avec pas mal d’éléments montés pour découvrir une scène assez impressionnante à l’arrivée de FALLING IN REVERSE. C’est un groupe que je connais moins bien à part quelques morceaux des plus connus et je n’ai pas du tout écouté sa période avec ESCAPE THE FATE. FALLING IN REVERSE démarre en 2010 sur l’initiative de Ronnie Radke après sa sortie de prison. Initialement un projet plutôt metalcore, celui-ci prend rapidement une tournure inédite avec des ajouts variés de rap, d’électro, de dubstep, d’orchestration plus pop, voire même de country et une sacré touche d’épique et de grandiose qu’on a plutôt l’habitude de voir dans la pop. Si je devais aujourd’hui classer le groupe, je parlerais sans doute d’un projet de metalcore/rap, plutôt pop mais franchement emo. Je ne vais pas m’étendre sur le personnage de Ronnie Radke que je n’apprécie guère, même si je pense que c’est clairement sa DA de s’assurer que les gens le détestent. C’est même un thème récurrent tout au long de son show et il l’utilise pour jouer avec les nerfs du public qui, malgré les attaques et le personnage, a rempli l'Accor Arena avec enthousiaste plutôt que le Zénith initialement prévu. Cette tournée européenne permet à FALLING IN REVERSE de promouvoir « Popular Monster » sorti en août dernier, après une longue pause sans album studio et beaucoup de changements de line-up.

Le set démarre avec ''Highway To Hell'' d'AC/DC dans le noir et les écrans géants diffusent la sortie des loges du groupe qui se dirige vers la scène dans une ambiance bonne enfant. C’est original mais un peu long. Un fondu noir et de gros subs précèdent son entrée sur une intro plutôt épique enchaînant avec ''Prequel''. L’écran en fond diffuse le clip pendant que le groupe joue. L’ambiance est très cinématographique mais les basses sont un peu trop fortes et le chant clair de Ronnie est donc pas mal étouffé par moment. Ça se veut malgré tout grandiose. La configuration de la scène le met franchement en avant, surélevé sur une petite avancée, ses musiciens en arrière. C’est son show, c’est lui que l’on voit et que l’on suit, qu'il s’agisse du live sur scène comme des clips diffusés, on ne va pas se mentir, c'est un brin mégalo. La scénographie prend une tout autre ampleur dès ''Zombified'' avec des jets de flammes et des stroboscopes intenses en rythme avec la musique.
La température monte et le public devient rapidement beaucoup plus agité et chante avec le groupe. Sur ''I’m Not A Vampire'', la chanson offre un peu plus d’espace scénique aux musiciens. Les guitaristes sont plus dynamiques, ça danse et ils nous proposent un joli solo un peu étouffé par la batterie et les basses. L’enchaînement des morceaux est un peu laborieux avec pas mal de pauses dans le noir entre chaque chanson. Le public s’agite et proteste systématiquement ce qui fait que j’ai du mal à savoir si c’est volontaire. ''Fuck You and All Your Friends'' propose une ambiance beaucoup plus rock et emo qui laisse pas mal de place au très bon chant de Ronnie. Après une autre longue pause arrive ''Bad Guy '', en fond l’écran retransmet la scène et défilent des adjectifs probablement pour décrire Ronnie. Le morceau est beaucoup plus rap et c’est également le retour des jets de flammes. On commence à avoir pas mal chaud malgré l’ampleur de la salle.

''Losing My Mind'' change complètement l’ambiance avec un son très électro et rap. Le public reste assez sage, ça slamme peu et le pit reste plutôt tranquille. Sur ''The Drug In Me Is You'' le chanteur en profite pour jouer un peu avec les nerfs du public, n’hésitant pas à interrompre la chanson pour la recommencer tant que le public ne chantera pas assez fort. C’est plutôt efficace. L'assistance s’anime beaucoup plus sur la chanson suivante, ''Situations'', originellement d’ESCAPE THE FATE. Autant dire que l’ambiance est très emo et ça danse pas mal dans le pit. La chanson ''Just like You'' et son usage excessif du mot ''asshole'' offre une prestation un peu différente avec la scène et le public filmés par la « asshole cam », l’occasion pour Ronnie de taquiner son public et d’entretenir son image de bad guy. Il conclut en souhaitant bonne nuit au public et en quittant la scène sous les huées du public. Après un court interlude filmé dans les coulisses, avec un mime coiffé d’un béret et d’une baguette qui lui offre un chapeau de cowboy, Ronnie remonte sur scène pour le single ''All My Life''... mais sans Jelly Roll. S’en suit ''Popular Monster'' et un chant très bon sur ''Voices In My Head'' entre un rap vraiment sympa de Ronnie et le scream plutôt réussi de son guitariste. ''Ronald'' est encore plus lourde, les breakdown démarrant sur des bruits de gâchette, beaucoup de scream aussi. Les basses sont quasiment à la limite du supportable et les flammes en rythme rendent l’atmosphère bouillante. La partie rappée est diffusée avec un sample de Tech N9ne.

Le set se clôt sur ''Watch The World Burn'', dans une ambiance quasi apocalyptique, les images sur l’écran géant sont magnifiques, le rap impressionnant et les mélodies très épiques. La fin est un peu longue mais ça se termine brusquement avec Ronnie qui jette violemment son micro sur scène. Le public proteste mais c’est en effet définitivement la fin. Et si vous ne l’avez pas encore compris, c’est Ronnie qui décide, le concert se déroulant un peu selon son bon vouloir... 1h10 de set seulement pour FALLING IN REVERSE. Malgré l’intensité, le travail sur la scénographie et la qualité musicale, c’est un peu court pour une tête d'affiche dans une si grande salle avec une seule première partie par ailleurs. Le public semble malgré tout plutôt ravi, une date française réussie et sans débordements, très qualitative sur le plan musical et visuel malgré Ronnie qui entretient son personnage de star détestée, et prend clairement plaisir à agacer le public...
Photos © Benjamin Delacoux - Portfolio
