Me voilà de retour à Glazart pour un plateau de qualité avec pas moins de cinq groupes ce soir, une belle soirée death metal et deathcore produite par Garmonbozia. SUFFOCATION en tête d’affiche est accompagné pour sa tournée européenne d'ANGELMAKER, FUMING YOUTH, CARCOSA et MÉLANCOLIA. Il était donc impossible de ne pas trouver son bonheur ce soir ! Je ne vous cache pas que j’ai surtout été attirée par ANGELMAKER et curieuse de découvrir CARCOSA, mais j’ai bien apprécié les autres groupes de death plus traditionnel.
Glazart accueillait de ce fait un public hétéroclite et assez diversifié en termes d’âges à l’image du line-up. Le public est arrivé tranquillement, le concert commençant plus tôt pour une soirée en semaine, et il a fallu attendre les sorties de bureau pour que la salle se remplisse. On ne va pas se mentir 17h30 c’est tôt pour commencer !
C’est MÉLANCOLIA qui ouvre le bal avec son deathcore mélodique aux ambiances très goths. Les Australiens accusent un petit retard pour commencer qui va malheureusement écourter fortement leur set. Ils joueront à peine une quinzaine de minutes. Ils assurent pour autant le show et j’aime beaucoup leur direction artistique qui mélange gothique et industriel. Le chanteur arbore un look et un make-up très goth, avec notamment un choker et une énorme croix que je lorgne avec envie. Le groupe est tout jeune, il a commencé en 2022 et a sorti en 2023 son tout premier album « HissTroughRottenTeeth » chez Nuclear Blast Records. Le début de leur set est un peu compliqué, avec quelques problèmes de son. Il manque un peu de volume sur le chant et ça mériterait d’être un peu mieux égalisé. Leur son est malgré tout très lourd avec des samples et des mélodies très belles. Ils alternent des phases très dures avec des passages beaucoup plus planants et mélodiques. Les phases très lentes des breaks permettent de donner pas mal d’espace aux mélodies et au scream plus aigu. Malgré un set très court et un public un peu clairsemé, MÉLANCOLIA s’en sort plutôt bien !

Après un très rapide changement de plateau, c’est le trio CARCOSA qui monte sur scène avec un deathcore venu du Canada. Au chant, c’est Johnny Ciardullo que l’on retrouvera un peu plus tard ce soir à la guitare avec ANGELMAKER. Je découvre CARCOSA pour la première fois en live et je suis curieuse de voir ce que donne leur son plutôt lourd sur album. Le retard du départ est vite rattrapé, le groupe monte sur scène en avance. Le son est immédiatement bien meilleur, bien lourd, avec des breakdowns d’une grande violence. Malgré une formation réduite, ils occupent bien la scène et échangent énormément avec le public. C’est leur première fois à Paris et ils sont vraiment ravis. Ils arrivent à chauffer lentement le public qui reste encore assez calme. Ils sont bien dans leur show, avec un set organisé, rythmé par les nombreux samples avec des sonorités très dark et electro. J’aime beaucoup le groove sur les breaks et la batterie sonne très énervée. Les thématiques de leurs chansons sont très nihilistes et très sombres. Ils s’amusent avec le public en sondant d’abord le nombre de fans de Star Wars en référence à une de leurs chansons. La fin de set arrivant, Jonnhy Ciardullo prévient l'assistance, ils n’en ont pas encore terminé et ont encore quelques breakdowns bien violents à proposer : « À votre avis, qu’est ce qui vient ensuite ? Un breakdown ! » et de ce fait, un des plus lourds de leur set. On est dans le deathcore plus classique mais redoutablement efficace avec une belle ambiance tant sur scène que dans le public.

FUMING YOUTH commence avec un peu de retard, et montent finalement précipitamment sur scène. Son death metal plus traditionnel et très heavy tranche totalement avec les deux premiers groupes. L’ambiance très sombre des Américains s’explique notamment par l’histoire difficile du chanteur et guitariste Mark Whelan. Celui-ci a en effet souffert d’une leucémie et sa maladie a imprégné leur musique d’une note très sombre et très violente. Malgré un son plus traditionnel donc, ils proposent cependant des passages plus beatdown et des basses très lourdes. Leurs interactions avec le public sont beaucoup plus limitées et se résument surtout à lui donner des instructions pour s’agiter dans le pit. Il y a pas mal de solos à la guitare mais j’avoue y être beaucoup moins sensible. Le chanteur Mark est vraiment dans l’interprétation, très expressif, ce qui donne un côté plus théâtral à leur set. Lors des phases plus lentes, son scream est particulièrement torturé, prenant la forme de lamentations. Il est aussi moins technique et plus brut et crié, ce qui donne une dimension vintage à leur musique. Je suis moins convaincue par le chant clair, et les growls se perdent un peu parfois. Le public est plus agité et ça commence à bien mosher dans les rangs... Le groupe prend tout de même la peine de bien remercier le public pour cette seconde fois à Paris qu’ils semblent avoir bien appréciée.

ANGELMAKER prend la suite avec un deathcore d’une incroyable lourdeur. Ils sont nombreux sur la scène de Glazart, à 7 avec les deux chanteurs, 4 guitaristes et bassistes et le batteur. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de les découvrir sur scène, je vous y encourage. C’est toujours impressionnant d’entendre les deux chanteurs qui se marient à merveille, et pour les deux, d’une grande qualité. ANGELMAKER ont déjà un bel historique, formés au Canada en 2011 ils ont sorti 3 albums et eu l’occasion de tourner avec quantités de groupes de la scène core et death. Je les avais d’ailleurs déjà vus sur cette scène en 2023 en première partie de SHADOW OF INTENT. Les gars ont une belle énergie sur scène, une forte complicité et échangent beaucoup avec leur public beaucoup plus nombreux et agité. Le son est vraiment lourd, les chants bien présents, les growls ont une tenue incroyable et les basses sont très lourdes. Ils jouent pas mal d’anciens morceaux avec leurs tonalités très death metal. La batterie est impressionnante et vraiment puissante. Ils rencontrent cependant un petit problème de son qui se coupe en fin de set, puis revient mais ils n’ont plus de retour. Ils le prennent finalement assez bien et préfèrent en rire et continuer de chauffer le public. S’excusant de ne pas parler français, ils rappellent que la musique est importante pour faire se mobiliser les gens et les maintenir en vie. Regrettant que leur prestation soit un peu écourtée, ils choisissent de terminer sur "Leech" pour faire plaisir aux fans.

On arrive vers la fin de cet impressionnant plateau avec le brutal death metal impitoyable de SUFFOCATION qui débute bien sûr en retard au vu des difficultés accumulées. Cette affiche de 5 groupes étaient en effet peut-être un peu audacieux pour une soirée. SUFFOCATION existe depuis 1988 et sont d’ailleurs l'un des premiers groupes à proposer du brutal-death avec des screams beaucoup plus gutturaux et plus bas. Le genre des Américains est bien gras mais on profite tout de même plutôt bien des mélodies. Le chant plus classique que sur les précédents groupes de deathcore conserve tout de même une belle puissance. Ces sonorités plus old-school incluent également pas mal de solos de guitares avec tout de même quelques breaks très lourds. Le pit est très mouvementé, la salle s’est en effet finalement bien remplie et il devient difficile de circuler. Ça slamme désormais et ça moshe également pas mal. Il y a beaucoup moins d’échanges avec le public et ça tranche un peu avec l’ambiance très friendly et complice de ANGELMAKER. Ça blaste pas mal pour mon plus grand plaisir et dans un bordel plutôt bien organisé qui ne me déplait pas ! La batterie propose également un son bien percutant avec une double très énervée. Bien qu’elle avoine suffisamment, j’avoue préférer les effets surboostés qui ont tendance à amplifier le son de la batterie dans le core en particulier sur les caisses claires. Le set un peu court se clôt sur des breaks bien massifs avec des sonorités résolument démoniaques ! Je ne les connaissais pas vraiment et j’ai plutôt apprécié leur performance !

Le concert de ce soir proposait une affiche à la fois très éclectique mais aussi très complémentaire. Comme je le rappelle souvent, il est difficile de trouver des plateaux exclusivement deathcore et on est souvent obligés de combiner deathcore et death metal par exemple. Malgré les retards et les quelques problèmes de son, ce fut un très bon vendredi soir. Seul bémol et pas des moindres malgré tout, l’absence de lumières. J’avais déjà peiné lors d'un précédent concert à Glazart mais cette fois-ci c’était vraiment très sombre. Au-delà des photographes dont je fais aussi partie, un bon éclairage serait vraiment top pour profiter pleinement des artistes et de leur mise en scène. Je croise les doigts pour le prochain concert dans cette salle en n'oubliant pas de remercier l'équipe de Garmonbozia !
