
GHOST est de retour avec un sixième album, et après avoir abordé des sujets plus politiques et tournés vers le monde sur « Impera », Tobias Forge fait demi-tour et nous propose une introspection, suggérée par le titre, vers les sentiments humains. C’est donc en ayant en tête ces sujets qu’on rentre danc l'album avec un chant d’enfant cristallin, nous menant vers "Peacefields", délicieusement hard FM. C’est d’ailleurs ce style qui prédominera les 40 minutes de ce « Skeletá », nous évoquant dès les premières secondes le "Poison" d’Alice Cooper, et "Separate Ways" de JOURNEY, résumant très bien cet album entre grandiose pop et irrévérence purement hard rock, mais toujours avec la griffe GHOST. On retrouve d’ailleurs très facilement cette touche dans la guitare dès le deuxième morceau, l’excellent "Lachryma" qui nous rappelle immédiatement les grands moments de « Meliora », le très bien nommé troisième disque du projet. Les guitares rugissent à l’unisson sur "Satanized", nous rappelant VAN HALEN ou encore BOSTON, s’éloignant un peu plus du "scooby-doom" des débuts pour aller vers un pop-rock occulte assumé et même revendiqué, s’aventurant même vers des slows évoquant la mortalité de chacun.
C’est un des thèmes forts de cet album : « Skeletá » se présente comme un "memento mori" profond et personnel, laissant deviner la peur de Tobias Forge de sa propre mortalité sur "Guiding Lights" et le magnifique "Excelsis". Les thèmes de l’amour et de la rupture sont aussi très présents, parfois à travers des métaphores, par exemple sur "Lachryma" évoqué plus tôt, mais aussi sur "Missilia Amori" et "Umbra", qui sont parmi mes morceaux préférés de l’album (surtout ce dernier, avec ses solos de claviers et de guitare qui se répondent).
Le grandiose ne sera cependant pas en reste, car le rock progressif abordé sur « Impera » continue son voyage avec des chansons complexes comme "De Profundis Borealis", qui arrive soudainement comme une poursuite à cheval à travers les bois transylvaniens. OK, je vais peut-être un peu loin avec cette métaphore, mais c’est ce que le rythme et les enchaînements d’accords, en montée quasi constante, m’évoquent. De même pour le rêveur "Cenotaph", aux changements de tonalités intrigants et mystérieux. C’est d’ailleurs un point fort de « Skeletá » : en cultivant le thème des émotions, il invite l’imaginaire et cultive le mystère peut-être plus facilement que « Impera » avant lui, voire plus encore que « Prequelle ».
Si l’arrivée de Papa V Perpetua dans le groupe met fin à une bonne partie du lore, et à la lignée des Papa Emeritus, GHOST ne perd en rien son efficacité, et prend la même apparence que son nouveau chanteur : lumineux et sombre à la fois. Tobias Forge en dévoile plus sur lui-même (il va d’ailleurs même jusqu’à révéler une partie de son visage sous le nouveau masque), mais cultive un mystère complet autour du nouveau personnage qu’est Papa V Perpetua, qu’on a très hâte de découvrir en concert.
« Skeletá » est sans aucun doute l’album le plus lumineux du groupe tout en ayant les thèmes les plus sombres, ce qui en fait peut-être le plus intéressant de GHOST depuis des années, et donc une réussite totale tout en défiant toutes les attentes.