
Alors que le groupe HOWARD s’apprêtait à partir en tournée pour célébrer son nouvel album, le trio parisien nous a accordé une interview afin de parler en détails des oscillations de leur musique. Au programme de la tournée, deux concerts en première partie d’ULTRA VOMIT, plusieurs festivals en France et en Suisse, un passage au Hellfest le samedi 21 juin, la release-party de l’album le 12 septembre à Petit Bain à Paris et bien d’autres. Un programme aussi dynamique et festif que le groupe.
Sur votre nouvel album « Oscillations », on entend beaucoup de moments différents, d’émotions variées et de styles musicaux différents, notamment des instruments qui étaient déjà présents sur vos précédents albums et qui le sont encore davantage sur celui-ci. Il est également très émouvant et prenant grâce aux sujets qu’il aborde. En bref, il est riche de nombreuses façons différentes. Comment le décririez-vous en quelques mots ?
Raphaël : C’est un album fort.
Jimbo : Intense, intense de ouf. Plus émotionnel aussi et plus intime.
Raphaël : Plus libre.
Tom : Pour aller avec cette notion, on a aussi celle de l’exploration. Ce sont les jalons de ce qu’on a fait, comme dans le studio où on a envie d’appuyer un peu partout (le studio est rempli de nombreux claviers, ndlr). On était comme des petits physiciens à tout expérimenter.

Le jeudi 27 mars, vous avez fait une listening-party au Dr. Feelgood Rocket à Paris. Pourquoi avoir pris cette décision ? Quels étaient vos objectifs ?
Raphaël : Comme la release-party est un peu plus tard (le 12 septembre à Petit Bain), on a voulu avoir un événement juste avant la sortie de l’album pour le vivre avec tout le monde et pas tout seul sur notre canapé. (rires)
Jimbo : C’est vrai qu’au moment où tu sors l’album, il devient public parce qu’il paraît sur les plateformes, mais finalement, les jours de release, tu es chez toi comme tous les soirs, tu vas te coucher et tu te dis que ça va commencer, puis tu as le petit rush d’adrénaline à minuit, puis il est 0:01 et le titre est disponible, puis tu envoies un message « Bon bah, bravo les boys », puis tu es content et c’est tout. Il y a une sorte de non-événement jusqu’au lendemain matin qui est un peu triste. Le lendemain matin, il y a les partages et les chroniques qui arrivent, donc c’est cool, mais le soir même, il manque un petit truc. Et comme disait Raph, la release-party est plus loin mais on ne pouvait pas ne pas partager ce moment avec plus de gens. On s’est dit qu’on pouvait faire une petite fête entre nous pour la sortie de l'album et autant l’ouvrir au public pour le faire découvrir au plus grand nombre, c’est plus sympa. C’est marrant parce que depuis qu’on a fait la listening-party, je vois des annonces de ce genre d'événement tout le temps. C’est peut-être juste parce que je ne faisais pas attention avant, mais j’en vois vraiment partout.
Tom : C’est important de sacraliser d’autres moments que les concerts, quand on est un groupe. On se rend compte aussi, en étant de plus en plus amis, qu’on a envie de partager plus que la musique et c’était chouette d’avoir un peu de convivialité.
Jimbo : Il y a une différence aussi, par rapport à un concert, qui m’a vraiment perturbé. D’habitude, tu appuies pas sur "play", tu lances le concert et tu es à 100 % dans la musique. Et là, t’appuies sur "play" et tu es avec les autres à écouter la musique que tu as faite, donc c’est trop bizarre. C’est une sensation un peu étrange et très différente. Par contre, une autre différence avec un concert, c’est qu’on a eu du temps pour causer avec plein de monde, là où, en concert, tu as forcément un peu de stress, et puis quand tu es sur scène, tu ne peux parler avec les gens. Tu as beaucoup plus de temps pour croiser des potes, des gens que tu ne connais pas forcément trop, il n’y a pas la pression du live donc c’est plus facile de se connecter avec d’autres personnes.
Tom : Par contre, ce qui était dommage, c’est que comme on n’a pas transpiré au moment de passer les CD, on n’avait pas les taches d’encre qui avaient bavé sur la surface des disques. (rires)
Raphaël : Ça nous a beaucoup perturbés. (rires)
Plusieurs morceaux sont sortis en tant que singles, notamment "Keep Running" qui parle de l’importance de continuer à avancer malgré les obstacles. Est-ce que vous pouvez nous parler davantage de la création de cette chanson et de l’importance qu’elle a pour vous ?
Jimbo : D’un point de vue musical, on est contents de ce morceau parce qu’on trouve qu’il est très efficace. Ça a pu nous faire défaut dans ce qu’on composait avant, ne pas réussir à être efficace, donc ça a été très plaisant quand on a trouvé le riff, fait les arrangements, etc. Il dure 2'53" si je ne dis pas de bêtises et il y a un vrai truc sympa parce qu’il fonce tout du long. D’un point de vue plus textuel, c’est l’un des premiers où j’ai réussi à mettre en mots le fait que des fois je gardais trop de choses pour moi et que ça apportait finalement de la douleur de ne pas en parler. C’est quelque chose de pas facile qu’il faut combattre je pense et je trouve ça cool que ça soit sur un morceau aussi punchy, parce que je trouve important de faire en sorte que même des chansons efficaces et rentre-dedans aient aussi un propos. En l’occurrence, je trouve intéressant le propos de prendre soin de soi et de parler de l’isolement comme quelque chose de pas souhaitable, tout en le tournant en dérision avec le clip qu’on a fait. (Le clip montre un athlète pendant sa séance de sport) J’ai de la chance, je travaille avec des athlètes de haut niveau, je travaille avec une compagnie de cirque et le très bon ami qui est dans ce clip est une personne qui peut se tuer à la tâche pour oublier ses problèmes personnels et, d’une manière très basique, utiliser l’effort physique pour se fatiguer et s’obliger à ne pas penser à d’autres trucs. Et ça a vraiment fait clic à un moment quand on s’est rendu compte que ça avait du sens pour lui aussi. On sait que si on rate une prise, il n’aura pas de mal à en refaire une tout de suite après (rires). C’est Raph qui, pendant le tournage, a eu l’idée de dire « Mais on va le tripler ! » et c’est à peine s’il suait même en refaisant la même chose trois fois, c’était hallucinant. Trop fort.
Raphaël : Il faisait pas très chaud non plus au moment du tournage... (rires)
Dans "Keep Running" et "Black Tongue", vous abordez le sujet de la dépression. Est-ce que vous pensez que la musique, et plus particulièrement vos chansons, peuvent aider des gens qui sont dans une situation pas facile ?
Raphaël : Oui, ça peut au moins servir à ne pas se sentir seul et se dire que d’autres personnes vivent la même chose et que de ce fait, peut-être que ces autres personnes ont trouvé une voie et qu’on va pouvoir faire pareil. Et parfois, quand on a un souci, on n’est pas forcément compris par son entourage proche donc le fait de trouver d’autres personnes qu’on ne connaît pas forcément mais qui ont les mêmes soucis, peut être un peu rassurant.

J’ai beaucoup aimé l’opening et les morceaux intitulés "Oscillation #1" et "Oscillation #2". Je trouve qu’ils ont à la fois un rôle de pause entre les titres aux paroles très importantes et également un rôle d’espace de questionnement musical, comme si le groupe se questionnait sur son identité en même temps que toi Jimbo. Pouvez-vous nous parler de la conception de ces morceaux, nous expliquer leurs emplacements dans l’album et ce qu’ils signifient ?
Raphaël : C’est rigolo que tu l’aies ressenti comme ça parce qu’on ne l’a jamais conceptualisé de cette façon, mais j’aime bien quand les interprétations différentes des nôtres commencent à arriver, je les trouve parfois plus pertinentes que les nôtres (rires). Pour nous, c’était plutôt un espace de jeu et d’exploration sonore, c’était aussi l’occasion de faire quelques pauses moins denses au niveau sonore. Et pour les emplacements, dans le cas de "Oscillations #1", la boîte à rythmes de "Black Tongue" a servi à faire ce son, après avoir été moulinée et passée dans des pédales d’effet, c’est Tom qui a joué avec les boutons, donc c’est normal qu’elle arrive avant "Black Tongue".
Jimbo : Dans mes souvenirs, on a fait la deuxième après une session de composition où on était éclatés mais on ne voulait pas partir pour autant donc on s’est mis à refaire du son, comme souvent on faisait des oscillations comme ça et je crois qu’on s’est dit que ce bout d’album était d’une densité forte, donc il nous fallait un élément de pause. Il y avait aussi la tonalité. Tu fais un truc un peu par accident et tu te rends compte que ça finit sur la note d’ouverture d’un autre morceau, donc est-ce que c’est cool ? Oui. Puis tu le réécoutes et tu te dis « Bah oui c’est cool ! » alors let’s go !
Raphaël : Oui, c’est vrai que c’était en si bémol alors qu’on n’avait pas fait exprès de le faire dans cette tonalité.
Jimbo : On fait pas mille trucs en si bémol non plus... (rires)
Raphaël : On a eu une phase de si bémol pendant deux semaines et voilà. (rires)
Jimbo : C’était notre note. À ce moment, c’était notre note. (rires)
Raphaël : Voilà, c’est pour ça qu’elle s’est retrouvée là. On aime bien aussi laisser une place un peu particulière au dernier morceau, comme pour "Event Horizon" sur l’album d’avant, donc c’était l’occasion de lui mettre un petit tapis pour ne pas le donner directement et pour qu’il se fasse un petit peu attendre.
Parmi les tonalités très différentes de l’album, "Lighthouses" m’a beaucoup interpellée par sa douceur. Quels sont vos phares dans la vie quotidienne ?
Jimbo : Ce n’est pas évident parce que le phare dont il est question représente plutôt un mauvais guide qu’autre chose. Au moment où je l’ai écrit, je le voyais plutôt en contre-exemple de quand on est vraiment perdu, comme je l’étais quand j’ai écrit ce morceau. L’idée d’un phare est plutôt celle de quelque chose qui va vouloir te remettre sur les rails coûte que coûte, au détriment de ce que tu pourrais faire de ton propre ressenti et de ton propre chemin. Alors que ce qui est ressenti ici, c’est plutôt un naufrageur qu’autre chose. Je serais donc bien en peine de te donner des phares de la vie quotidienne. Enfin, la métaphore a ses limites puisque d’un point de vue maritime, on va quand même le suivre et essayer de ne pas aller dans les rochers, mais dans ce texte-là, c’est plutôt quand on t’offre des tapis rouges en te disant que ça va aller, alors qu’en fait pas du tout.
Raphaël : Parce que c’est bien de suivre le phare, mais si on s’approche trop, on finit quand même dans les rochers. En termes de guide, je pense que pour moi, c’est le fait d’avoir le plus de nouveautés possible et le moins de routine possible, d’avoir des choses qui changent, qui avancent surtout, et je pense que ça se cristallise autour du groupe, à la fois dans la musique et dans la vie quotidienne. J’aime bien les nouveautés et j’aime bien aller sur d’autres terrains, sinon je m’ennuie vite. Ce qui n’est pas forcément bien ; j’admire aussi les gens qui font un truc toute leur vie et qui ne lâchent jamais, comme la démarche d’AC/DC par exemple. La musique est tout le temps la même et ça marche à chaque fois, et j’admire aussi le fait d’être capable de ça, d’être en honnêteté totale avec soi-même, se dire que c’est ça qu’on aimait au début et qu’on continue. Tant que c’est fait avec le plaisir bien sûr, sans parler de la partie business.
Jimbo : Je dirais qu’en ce moment, c’est la possibilité d’être moi-même le plus souvent possible, ce qui n’est pas toujours évident. Entre autres avec cet album, mais aussi avec d’autres choses de ma vie, j’ai le sentiment de beaucoup moins avoir à me cacher mais aussi d’avoir une plus grande liberté dans le fait d’être entier avec tout le monde et de me présenter comme je me ressens. C’est important pour moi et j’ai l’impression d’avoir la chance et le privilège d’être entier dans à peu près tous les domaines de ma vie, et c’est très cool.
Tom : Ce qui me guide en ce moment, c’est l’envie de liberté et de casser des cadres dans lesquels j’ai pu me mettre. Et je vais me perdre très vite si je continue. (rires)

Jimbo, pour le lectorat qui n’est pas forcément familier du vocabulaire et des concepts queer, pourrais-tu nous parler de ton identité de genre ?
Jimbo : Finalement, tu l’as très bien résumée dans ta chronique. (rires) Pour le dire simplement, ça fait hyper longtemps que je ne me sens pas masculin et que ça ne me branche pas plus que ça. Ça a été long et difficile à conceptualiser parce que le thème n’était pas beaucoup abordé quand j’étais plus jeune. Je viens d’un milieu assez ouvert mais pas queer pour autant et il y a quinze ans, ces discours étaient assez difficiles à trouver. Mais depuis très longtemps, je me questionne sur ces choses-là. Aujourd’hui j’ai 31 ans et ces dernières années, j’ai pu rencontrer des personnes queer, lire sur Internet et trouver des témoignages qui me ressemblaient et dans lesquels je me retrouvais, jamais parfaitement puisqu’un vécu est bien sûr toujours différent d’un autre, mais où je trouve qu’il y a une liberté de parole qui a été rendue possible sur Internet et les réseaux sociaux et qui a permis aux gens qui, comme moi, se posaient des questions, de trouver, non pas des éléments de réponse, mais des outils pour réfléchir. Je trouve que la distinction entre les deux est importante. Ce sont des réflexions très longues dans le temps, mais j’ai oscillé pas mal entre toutes ces questions et, finalement, l’identité dans laquelle je me retrouve - puisque quand on veut exister en société, je trouve qu’il est important de savoir se décrire pour pouvoir se comprendre soi-même et soi-même par rapport aux autres - n’est ni masculine ni féminine, mais quelque part entre les deux... et puis démerde-toi avec ça (rires) parce que c’est quelque chose d’un peu compliqué à envisager quand on n’a pas pris beaucoup de temps pour y réfléchir. Et, encore une fois comme tu le disais de manière très juste dans ta chronique, ça peut changer aussi, ça fluctue et je ne me fixe pas non plus. Il y a des jours ou alors des périodes où je me sens plus masculin qu’à d’autres, ou alors je me sens plutôt proche du féminin. Et j’ai bien vu que tout ça oscillait dans un sens et dans l’autre au fil du temps, mais ne s’est jamais trop fixé et c’est aussi ce que je trouve cool avec la notion de non-binarité : est-ce que c’est grave de ne pas se sentir fixé dans l’un ou l’autre ? Je ne trouve pas. Je prends donc de la joie et du plaisir à me trimbaler là-dedans et m’y sentir libre.
Pouvez-vous nous parler des chansons "Daydreaming" et "Myself", dans lesquelles Jimbo détaille son identité et où on entend du spoken-word et des sons clairement techno ? Comment les évolutions musicales du groupe résonnent-elles avec l’exploration de l’identité de Jimbo ?
Tom : C’est bien de penser les morceaux par ensemble de deux, comme un petit diptyque qui transmet une idée de mue. Pour "Daydreaming", on était vraiment très à l’aise musicalement parce que c’est ce qu’on a l’habitude de faire. Toute cette transition vers des sons plus électroniques dont Raph est un peu le dignitaire, c’est quelque chose qu’il a vraiment amené dans le groupe, même la façon de les construire, c’est grâce à lui qu’on a pu faire ça. Cette transformation rejoint un peu l’idée d’un papillon qui se dévoile et qui naît, en résonance avec ce que Jimbo continue de vivre.
Raphaël : C’est vraiment ce passage du rock à l’électro qui fait le pont avec le thème. C’est amusant parce que la techno est un style de musique plus queer que le rock qui a ses racines dans les années 70 à une époque qui ne l’était pas, et je trouve qu’on va boucler la boucle sur scène parce que "Myself" va être joué différemment. Elle va être plus rock que techno sur scène et c’est une façon de boucler la boucle puisque la mue de l’album est ce qu’on espère pouvoir apporter comme une petite pierre dans le grand monde du rock : pouvoir le transporter à aujourd’hui pour qu’il ne reste pas coincé dans le vingtième siècle. C’est ce que je trouve intéressant avec "Daydreaming" et "Myself" entre l’album et le live, ça continue d’évoluer entre les deux. Il n’y aura pas forcément quelque chose d’exceptionnel, mais on ne la jouera pas avec des platines, on la jouera avec nos instruments donc elle rendra plus rock que techno.
Jimbo : Ne vous inquiétez pas, il y aura quand même "boum boum" dans les oreilles. (rires)
Pour le clip de "Dead" et votre nouvelle identité visuelle, vous avez fait appel à une styliste, Océane Skrecko. Pouvez-vous nous parler un peu de cette collaboration ? Comment s’est-elle décidée, comment s’est-elle passée ?
Raphaël : Océane est une très bonne amie de notre manageuse et attachée de presse, Angie de NRV Promotion, donc à force qu’Angie nous demande de faire quelque chose pour nos tenues...
Jimbo : « Vous êtes sapés comme des sacs ! » (rires) « Faut vous mettre quelqu’un pour s’en charger, c’est plus possible ! »
Raphaël : Voilà, ça s’est fait comme ça. On voyait bien qu’il y avait un sujet sur ça, mais c’était jamais notre priorité parce qu’on était tout le temps dans la musique, le développement du projet, etc. Donc on disait qu’il fallait bien faire quelque chose de mieux pour les fringues.
Jimbo : On avait du mal à trouver de la cohérence.
Raphaël : On ne voulait pas d’uniforme avec le groupe non plus. Mais c’est difficile à trouver, c’est aussi un métier... Donc on a commencé à travailler avec Océane qui est super cool, qui s’est donnée à fond, qui nous a envoyé des planches et des découpages de veste, etc. On a dit « ça, oui », « ça, non », « ça, super », « ça, mortel ! », et petit à petit on s’est fixé sur des tenues.
Tom : On a même trouvé nous-mêmes ce qu’on voulait en la voyant chercher, on s’est dévoilé nous-mêmes et ça donne envie de faire les boutiques maintenant. Je me suis racheté des chaussures par exemple pour le live. (rires)

L’artwork de l’album « Oscillations » a été réalisé par Alexandre Dervieux. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de l’appareil que l’on voit sur la pochette, des indications qu’on y lit, ce que ça permet de détecter, et le lien avec les thématiques de l’album ?
Raphaël : L’objet lui-même se trouve juste sous le bureau juste là. C’est un oscilloscope de lycée, comme on en a en TP de physique quand on fait S ou de la physique-chimie. Ça permet d’observer un signal électrique avec le temps en abscisse et l’intensité en ordonnée. On a choisi cet appareil parce que, comme on a été plus près des sonorités électro sur cet album, on peut le brancher sur les synthés et observer les signaux qu’ils font. L’onde qu’on a choisie est une oscillation amortie qui s’arrête petit à petit, comme une info qui se calme petit à petit jusqu’à disparaître et qui correspond à la fois aux sonorités électroniques et aux différentes oscillations dont on parle dans l’album, donc les oscillations de genre, celles du son, jusqu’à pouvoir dire que la vie est une oscillation amortie avec des ups, des downs qui se tassent par résilience avant qu’un nouvel événement n’arrive et n’entraîne de nouveau des ups et des downs, etc., sur tous les événements qu’on peut rencontrer. Ça a été réalisé par Alexandre Dervieux, qui est un vieil ami à moi, avec qui on jouait ensemble dans un groupe quand on était au lycée, un groupe de rock de reprises de DREAM THEATER à Limoges. (rires) Il est graphiste et a tout refait en 3D pour que ça aille avec la pochette et que ça colle bien. Nous, en gros, on a bidouillé avec les synthés, on a branché un oscilloscope, on a pris plein de photos, on lui a tout envoyé en disant ce qu’on voulait pour la pochette et il a tout refait en 3D en choisissant les ondes qu’on voulait, avec la luminosité, etc. et puis il a mis des petites blagues derrière comme « fuzz face », « headbanging level », infos qu’on ne retrouve bien sûr pas sur un véritable oscilloscope. Il a même été sur le graphisme de la sous-pochette en reprenant le style du manuel de l’oscilloscope. Il nous a surpris avec ça parce qu’on ne le lui avait pas envoyé et il est allé chercher sur le net pour reprendre les codes graphiques donc on a adoré. Mais un peu plus stylisé que le manuel lui-même qui est un peu austère. (rires)

Que ressentez-vous à l’approche de vos prochains concerts et particulièrement pour celui du Hellfest ?
Raphaël : Beaucoup d’excitation, mais on jouera les autres comme le Hellfest. On parle beaucoup de celui-ci qui prend beaucoup de place, mais il ne faut pas oublier les autres non plus, qui sont plus accessibles. Le show va énormément changer, il n’y a pas que des nouveaux morceaux mais une énorme partie du set a changé. Même dans les sets courts, il n’y aura que des nouveaux morceaux donc pour nous c’est vraiment un renouveau total. Il y a eu beaucoup de boulot sur le montage du live, sur les répétitions, sur le son et tout ça, quelques changements de configuration technique aussi. On a commencé dimanche 20 avril à Fontenay-le-Comte donc on a hâte de reprendre la route, de reporter des flight-cases (rires) et surtout de retrouver les gens, le public et l’énergie qui va avec parce que c’est ce qui nous fait avancer. Et le Hellfest, c’est un rêve de début de projet qui se concrétise maintenant. Personnellement, j’ai hâte que ça arrive et en même temps je n’ai pas hâte que ça arrive parce qu’après c’est fini.
Tom : C’est le moment d’un tout petit concert de trente minutes, donc on le voit plutôt comme un gros coup de projecteur.
Raphaël : Il y a un bon défi à 10h30 d’avoir l’énergie nécessaire dès le début et réussir à donner cette énergie au public pour qu’il n’ait pas l’impression d’être allé trop loin pour la trouver. (rires)
Avec ces expérimentations électroniques, est-ce que vous vous attendez à toucher un autre public que la scène rock ?
Raphaël : On aimerait. Pas remplacer mais agrandir notre public, mais carrément, puisqu’on aimerait transporter le rock dans le monde d’aujourd’hui pour qu’il ne prenne pas la poussière et soit bien entretenu. Attirer un public plus jeune ou différent est aussi un objectif.
Jimbo : Je ne sais pas si on s’y attend énormément. C’est quelque chose qu’on aimerait beaucoup donc on met le truc là et on espère que ça va se faire.
Raphaël : J’adore les projets qui sont grand public par leur public, mais pas par leur musique. Les artistes qui ont une musique qui pourrait paraître clivante, et pour autant, le public va être large en terme d’âge ou de classe sociale, etc. C’est quelque chose que j’aime bien dans la musique : que ça soit le lieu où les clivages se gomment, où les gens se retrouvent le soir pour oublier les différences de la journée, donc c’est aussi un objectif.

