31 juillet 2025, 08:19

SPLIT CHAIN

Interview de Bert Martinez-Cowles, Tom Davies, Oli Bowles et Aaron Black


​Son premier album s'intitule "motionblur" et est paru le 11 juillet : nous avons rencontré SPLIT CHAIN, nouvelle sensation à mi-chemin entre nu metal, post-hadcore et shoegaze originaire de Bristol, dans sa loge de l’Olympia où le groupe s’apprêtait à ouvrir pour A DAY TO REMEMBER. C’est donc dans l’excitation ambiante que nous avons échangé sur cet album et parlé des fortes attentes du public et du milieu envers cette formation, sur laquelle nous parions nous aussi.
 

Alors messieurs, cela fait quoi de sortir un album à peine deux ans après votre création ?
Bert Martinez-Cowles (chant) : Qu'est-ce qu'on se sent bien !
Tom Davies (basse) : Oui, c’est très agréable ! Il y a eu beaucoup d’attentes de la part de beaucoup de monde, je crois, quand on l’a écrit et enregistré, mais ça nous fait une nouvelle expérience, surtout dans le domaine de l'écriture.
B.M-C : C’est un peu effrayant, je trouve, car on n’avait jamais connu cela auparavant. Nous sommes passés de singles espacés de quelques mois à devoir entrer en studio pour faire un album complet. C’est une manière très différente d’écrire et d’enregistrer.
Aaron Black (batterie) : Le fait que ce premier album paraisse chez Epitaph, aussi, est un plutôt grand moment dans nos carrières jusqu'à ce jour. Tous les groupes ne peuvent pas sortir leur premier album sur un label aussi important qu’Epitaph. Donc on a senti des attentes et une pression qui ont nécessité qu’on s'assure d’en tirer le meilleur parti possible !

Vous avez travaillé dessus combien de temps ?
B.M-C : On travaille en quelque sorte dessus depuis le début, mais en réalité c’est surtout sur quelques mois.
T.D. : Nous n'avions pas fini de l’écrire avant d’arriver en studio. On avait fait une semaine de pré-production avant, mais en tout, il nous a fallu environ six mois pour l’écriture et un mois sur place, en studio.
B.M-C : On n’a véritablement fini d’écrire que la veille de notre départ pour enregistrer, à vrai dire !
Oli Bowles (guitare) : Une des chansons a même été complètement réécrite après l’avoir enregistrée, d’ailleurs ! L’avant-dernier jour, on a dû tout refaire (rire) ! Mais ça valait le coup !
A.B. : On est arrivé avec une démo et on a essayé de procéder un peu différemment des enregistrements précédents. On a réécouté, changé toutes ces idées et c'est revenu à finalement repartir de zéro.
B.M-C : Donc, on n’y a pas tellement passé de temps, mais je pense que ça valait la peine !
T.D. : Je pense, oui. Pour le temps qu’on y a investi, c’était un moment assez court, mais on y a mis beaucoup d’efforts. Et je pense que ça, combiné à l’environnement, la pression et les attentes, ça a créé quelque chose de très sympa ! C’est assez unique : il y a des choses vraiment pour tout le monde, et c’est carrément un cran au-dessus de ce qu’on a fait auparavant.
B.M-C : C’est très varié.
A.B. : C'est le reflet de toutes nos influences, des jeux vidéo à la télé, en passant par les films et évidemment la musique. Tout ce qu’on aime a été mis sur cet album !

C’est vrai que par moment, j'ai retrouvé cette ambiance très PlayStation 2…
B.M-C : Oui (rire) ! Tu as entendu le début et ce son d’intro ? Eh bien, pourtant, ce n’est pas celui de la PlayStation.
T.D. : On n’a pas eu l’autorisation de Sony (rire) ! Mais c’est une bonne imitation.
 


Vous avez essayé pas mal de choses sur les singles parus avant cet album. Comment s'est décidé ce que vous garderiez de ces singles sur "motionbl ?
B.M-C : Je pense que depuis nos tout-débuts jusqu’à la création de l'album, on a toujours écrit ce qu’on voulait écrire et choisi ce qu’on aimait. En d'autres termes, on écrit seulement ce qu’on aime. On écrit pour personne d’autre. Même si on analyse pas mal, on met avant tout ce qu’on aime faire en premier.
A.B. : Le principe, c'est que si cet album n’était pas de nous, on irait l’acheter. En cours d'écriture, on regardait tous ces titres et on se demandait ce qui en faisait des chansons de SPLIT CHAIN. Que ce soit une partie de batterie, de chant ou de guitare, on se demandait quel effet on y avait mis pour que ce soit nous. On voulait que les gens se disent en l’écoutant : "oh, ça, c’est du SPLIT CHAIN" ! Mais on voulait aussi que les gens puissent se dire : "c’est SPLIT CHAIN qui tente quelque chose d’un peu différent". Il faut trouver le bon équilibre entre les deux. On ne veut pas tout révolutionner complètement. Et je pense que dans cette démarche, nous y sommes parvenus.
B.M-C : C’est presque comme créer une marque dans sa propre musique, pour que tu te dises : "c’est eux, mais c’est nouveau".

Et ça se ressent bien dans le son. De nos jours, bon nombre de musiciens veulent sortir un son le plus propre possible et ça en devient presque clinique. Vous, vous avez un son plus crade, plus sombre. Je pense que c’est une des choses qui m’ont fait adhérer à cet album.
B.M-C : Oui, c'est un aspect qu'on voulait vraiment.
T.D. : On est un peu ennuyé par le son "stérile", peu inspiré et trop propre du moment, même si ça réside juste au niveau de la production. Mais ça vient totalement de là. Mais c’est aussi parce que nous sommes de très grands fans de la musique des années 1990, donc ça avait du sens d’essayer de s'en inspirer et de le reproduire, d’une certaine manière.
A.B. : Il fallait moderniser un son classique.

Vous avez parlé du fait d'être signés chez Epitaph. Vous ont-ils laissé carte blanche et autonomie ?
B.M-C : Oui !
O.B. : C’est un point auquel nous tenions beaucoup quand nous discutions avec les labels. Ils voulaient vraiment qu’on ait le dernier mot. Je pense qu’ils avaient écouté des démos produites environ cinq mois avant d’entrer en studio, et ils n’ont rien controllé avant le premier mix du premier single.
B.M-C : Ouais, ils n’ont entendu aucune démo avec du chant, ce qui est dingue !

Nous avons le droit à une petite interruption d’Alex Shelnutt de A DAY TO REMEMBER qui, ne réalisant pas que nous sommes en interview, vient saluer SPLIT CHAIN et repart tout gêné après s'en être aperçu, nous lançant dans un fou rire général…

Mon titre préféré de l’album est probablement ‘’Who Am I?’’, notamment grâce au son très brut sur la voix de Bert. Que représente cette chanson pour vous ?
B.M-C : Eh bien, tout tourne autour du syndrome de l’imposteur. En fait, nous avons commencé ce groupe il y a seulement deux ans et voilà où nous nous retrouvons, ce qui est délirant ! Ça n'aurait peut-être même pas dû arriver, et on se demande tout le temps pourquoi cela s'est produit. On est en tournée avec A DAY TO REMEMBER, c’est juste incroyable… et difficile à admettre.
T.D. : C’est d’ailleurs la chanson dont on parlait plus tôt, qui a été réécrite trois fois. Je trouve que c’est assez logique que la chanson sur le syndrome de l’imposteur soit constamment réécrite, d’ailleurs. Sans doute parce qu’on trouve toujours qu’elle n’est pas assez bien (rire) ! Le refrain qui a fini par y figurer est parfait pour ce que représente la chanson. Il est simple et on avait besoin de quelque chose comme ça sur l’album, pour que les gens puissent chanter à fond.


« motionblur » donne aussi l’impression d’être une vraie expérience d’album, plutôt qu’un assemblage de chansons collées les unes aux autres. Quel était le fil rouge pour les lier entre elles ?
O.B. : Bonne question… Je pense qu’on a vraiment essayé de faire un album comme ça, comme tu viens de le décrire. On ne voulait pas juste balancer des chansons dans n’importe quel ordre, il fallait qu’il y ait un début, un milieu et une fin.
B.M-C : Oui, parce que c’est comme ça qu’on vivait les albums quand nous étions plus jeunes ! Tu achètais l’album, tu le mettais dans ton lecteur CD et tu écoutais tous les morceaux. C’est comme ça qu’on conçoit un disque. Avec une histoire, je pense.
T.D. : Nous avons passé beaucoup de temps à plancher sur l’ordre des chansons. Nous cherchions à le faire aller d’un point A à un point B, fluidement. Nous avons mis beaucoup d’efforts pour en faire une œuvre à part entière plutôt que 11 chansons mises bout à bout et balancées telles quelles dans la nature.
A.B. : Certaines ont même été écrites en sachant exactement où elles figurer sur l’album. Par exemple, pour la première, la démo s’appelait "The Start", tout simplement parce qu’on savait qu’elle allait être la première de l’album. De même pour la fin.

J’ai également retrouvé cet esprit jeu vidéo dans l’ordre des chansons qui s’enchaînent un peu à la manière de niveaux. Dans le jeu "Spyro", par exemple, tu traverses différents niveaux, mais avec la même direction artistique et en retrouvant les mêmes éléments. J’ai trouvé ça très intéressant de vivre cette expérience sur disque !
T.D. : C’est cool, merci ! Tu permets ? On va te piquer cette comparaison (rire) !

Allez-y ! (rire) Enfin, quelle chanson de l’album correspondrait le mieux à votre humeur aujourd’hui ?
O.B. : Ce serait "Who Am I?" pour moi.
B.M-C : Oui, "Who Am I?" aussi.
A.B. : Idem. Le fameux syndrome de l’imposteur. Ouvrir pour A DAY TO REMEMBER durant quelques jours, c’est juste dingue ! Et puis tous ces festivals en Europe… Le Download, le Resurrection Fest… Ces rassemblements qui nous impressionnaient en étant gamins. C’est insensé de pouvoir les faire !
T.D. : Je vais me démarquer et mentionner le premier morceau "Under The Wire", parce qu’il y a plein de choses à faire et peu de temps pour le faire, donc je suis un peu dans cette humeur à me dire "go! go! go!".

Comme vous le disiez, vous ouvrez pour A DAY TO REMEMBER ce soir, puis pour Amira Elfeky. A quoi faut-il s'attendre pour la suite ?
T.D. : Eh bien, nous avons une tournée avec LANDMVRKS et PAIN OF TRUTH à la fin de l’année, en décembre je crois, et on revient par ici, à Lille et Lyon, par exemple (également à Meisenthal, ndlr). Donc nous allons nous retrouver avant la fin de l’année. Et puis, une fois l’album sorti, ça veut forcément dire aussi réfléchir à faire sa propre tournée.
B.M-C : Une tournée européenne en tête d’affiche, ce serait fou !
T.D. : Bref, on espère que plein de choses arrivent !

Je vous laisse carte blanche pour conclure : quel message adressez-vous au public qui vous découvre, et même celui qui vous connaît déjà ?
T.D. : Démarrez vos propres groupes.
B.M-C : Jouez de la musique, et commencez à faire de petits concerts.
A.B. : Amusez-vous, venez nous dire bonjour si vous nous croisez…
B.M-C : Jouez à "Tony Hawk" !
O.B. : Faites du skate !
B.M-C : Oui, faites du skate, et prenez des photos.
A.B. : Faites de l’art de toutes les manières et passez un bon moment !
B.M-C : La vie est faite pour être vécue (rire) !

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