Plus que jamais engagés en ce nouveau mandat Trump, les DROPKICK MURPHYS ont du boulot pour clamer leurs textes politiquement engagés dans le monde entier. C'est donc dans le cadre d'une tournée mondiale pour leur nouvel album « For The People » que le groupe de Boston est passé par Lyon, Bordeaux, Nantes et Paris, accompagné de l'indéboulonnable Frank Turner, de ses SLEEPING SOULS et du groupe de hardcore HAYWIRE ! Nous avons pu assister à l'un de ces concerts, dans l'Adidas Arena flambant neuve de Paris, et prendre littéralement la température dans le public, au milieu de la mêlée !
C'est donc avec HAYWIRE qu'on commence la soirée, et ayant fait le choix de les découvrir en live avant de les écouter en studio, le moins qu'on puisse dire c'est que nous sommes très impressionnés ! Le groupe de Boston (oui, aussi) propose un hardcore pur et dur teinté d'humour, et le représente avec une énergie contagieuse. Le chanteur Austin Sparkman saute partout et enchaîne les blagues entre les titres, annonçant sa sobriété avant de dédier une chanson à la drogue et à l'alcool, et lançant les premiers pogos. L'engouement se sent dans le public, pourtant habitué à de la musique moins brutale que le hardcore irrésistible de HAYWIRE. Le set se termine après seulement 30 minutes et les écrans affichent des liens pour suivre le groupe sur les plateformes de streaming et les réseaux sociaux, et il est certain qu'avec une énergie pareille, HAYWIRE va monter vite, très vite !
Vient le tour de FRANK TURNER & THE SLEEPING SOULS, et si le chanteur est un habitué des premières parties des DROPKICK MURPHYS, je ne l'avais à vrai dire pas vu jusque-là. C'est donc sans trop d'attentes que je vois le chanteur à la tournée sans fin monter sur les planches, et que je me retrouve pris de court devant son énergie ! Pour son 3102ème concert (il tient très précisément les comptes), Frank Turner a d'ailleurs fait le choix apprécié par le public de ne s'exprimer qu'en français, et interprète même le premier couplet de "Do One" dans notre langue natale ! Le public acclame chacun de ses morceaux, dans une ambiance de pogo joyeux et de walls-of-death fraternels, passant d'un titre folk-punk ("The Road") à un autre carrément hardcore ("Non-Serviam") avec un naturel épatant. 12 chansons plus tard, l'heure est au bilan : FRANK TURNER & THE SLEEPING SOULS nous a offert ce soir un magnifique show, digne d'un concert en tête d'affiche, sans pour autant effacer les stars de la soirée, qui ne vont d'ailleurs plus tarder... Une claque !
Presque trois ans après avoir rempli le Zénith de Paris, c'est avec un nouveau disque à défendre que les DROPKICK MURPHYS entrent en scène à l'Adidas Arena, et ils ne prennent pas de pincettes ! Pour cette ultime date de la tournée « For The People » en Europe, Ken Casey et sa bande nous gratifient d'un enchaînement old-school, allant de "Hang 'Em High" à "Boys On The Dock" en passant par le hit "The State Of Massachussets" et une version accélérée de "Going Out In Style", déchaînant totalement le public parisien ! Ken Casey se jette dans la foule comme un boxeur dans les cordes, faisant chanter les fans à l'unisson et déployant une énergie incroyable après près de 30 ans de carrière, et, galvanisés, ces derniers hurlent "First Class Loser", premier extrait de « For The People » interprété ce soir, avec en prime des images de Donald Trump, à qui la chanson est dédiée, se ridiculisant sans cesse. C'est désormais certain : les DROPKICK MURPHYS ne feront pas de quartier ce soir !
« For The People » parle en effet de politique, mais aussi des liens que nous avons tous entre nous, et avec un bel hommage au héros du 11 septembre Welles Crowther, le groupe de Boston entame une suite de morceaux plus organisés sur le thème de l'union et des belles choses dont l'humanité est capable. On se questionne donc avec eux sur "Who'll Stand With Us" avant de chanter tous ensemble la chanson traditionnelle "Finnegan's Wake" et d'écouter avec émotion Ken Casey chanter à propos de son grand-père sur "Chesterfields And Aftershave". "Johnny I Hardly Knew Ya" clôt ce passage plus optimiste, avant de revenir aux protest-songs avec "Longshot" et "Kids Games", et de se diriger vers une partie du concert plus remplie de classiques.
"The Boys Are Back" et ils nous le font savoir ! Les DROPKICK MURPHYS ont en effet gardé pas mal d'as (de trèfle) dans leur manche, et on a donc le droit à tous les classiques un peu plus rares lorsqu'on les voit tous les étés en festivals : "Caught In A Jar", la reprise de "The Green Fields Of France", "Road Of The Righteous", "Walk Away" et un "Out Of Our Heads" tout droit sorti d'un pub réjouit les fans hardcore, tandis que les titres que tout le monde attend approchent. Soudain, Ken Casey a une idée. Ayant observé le public empiler des gobelets entre le set de Frank Turner et le sien, le chanteur désigne les instigateurs de cette pile, et les met au défi de faire la même chose sur scène ! Ceux-ci répondent positivement, et on se retrouve noyés sous un tsunami de gobelets, jetés par le public à l'unisson en direction du groupe sur scène, laissant les pauvres fans un peu paniqués empiler les gobelets. Non sans s'en être pris une demi-douzaine sur la tête, Ken Casey réplique, et vient lancer une imposante pile de gobelets sur les fans hilares pour un moment qu'aucun fan présent ce soir n'oubliera !
Après ce fou rire, on regarde la set-list et on réalise qu'on a déjà pu écouter pas moins de 20 titres de nos Américains préférés, et on commence à se douter que la fin du set approche. C'est donc avec ce qui nous reste d'énergie qu'on se prépare à un enchaînement qui fera trembler les murs : "Citizen I.C.E." (version actualisée de "Citizen C.I.A.") qui voit HAYWIRE se joindre à la fête et faire des saltos depuis la scène dans le public, "Worker's Song" qui est reprise à l'unisson par les milliers de personnes présentes ce soir, et le hit absolu "I'm Shipping Up To Boston", qui déclenche une ovation assourdissante. De manière surprenante, les DROPKICK MURPHYS finissent leur set sur le purement punk "Big Man", hommage à Fletcher Dragge de PENNYWISE que chacun semble déjà connaître par cœur, témoignant une fois encore de l'impact de « For The People » seulement quelques jours après sa sortie physique. Le groupe est lessivé, mais remercie encore et encore le public français, qui a vécu encore une fois une magnifique soirée.
Si les DROPKICK MURPHYS sont boudés par une partie de leur fanbase en raison de l'absence (parfaitement justifiée et respectable, on vous laisse rechercher ça par vous-mêmes) de Al Barr, les fans présents ce soir dans l'Adidas Arena ont presque autant fait le show que leur groupe fétiche, et c'est aussi épuisé que ce dernier que chacun rentre chez soi un grand sourire sur le visage, avec de nouvelles chansons engagées et teintées de vert à hurler en soirée. C'est indiscutable, avec la tournée « For The People », les DROPKICK MURPHYS ont prouvé une fois encore qu'ils sont l'un des meilleurs groupes de punk-celtique de notre époque, et on sent que ce n'est que le début d'un nouvel âge d'or pour le groupe.
