5 décembre 2011, 0:00

NIGHTWISH : "Imaginaerum"

Album : Imaginaerum

Prendre le temps de me familiariser avec lui afin d'exprimer ce que je pense réellement de cette nouvelle livraison de NIGHTWISH, "Imaginaerum", le deuxième album avec Anette Olzon. Un certain nombre d'écoutes est nécessaire pour pénétrer l'univers conceptuel du disque ; pas parce qu'il est difficile de s'y accrocher, non, mais surtout parce qu'il est important d'en déguster les subtilités, les structures, les harmonies et trouver enfin pourquoi et comment une émotion surgit seulement parce qu'on est attentif à une musique qui nous est offerte.

Oui, il y a maintenant longtemps que le genre metal-symphonique de NIGHTWISH traverse les courants dominants, avec des chansons comme "Nemo", devenu populaire dans plusieurs pays européens. Ce n'est pas une coïncidence, surtout compte tenu du succès des autres formations avec chanteuse dans la grande vague du metal contemporain ; des groupes comme LACUNA COIL, EPICA et WITHIN TEMPTATION. NIGHTWISH a la réputation d'être plus lourd que la musique l'est actuellement. En réalité, les chansons aux riffs heavy sont pratiquement toujours complétées par des chants mélodieux et des lignes de guitare qui aident le groupe à évoquer plusieurs sensibilités pop.

Le contenu du CD, qui est évidemment réalisé dans l'esprit du film "Imaginaerum" (à paraître en avril), est un peu comme "The Wall" pour PINK FLOYD. Parsemé d'ambiances et moments théâtraux, grandioses et imaginaires qui peuvent parfois faire défaut dans un grand nombre d'albums conceptuels, quand on exprime pas le besoin de s'y attarder, tous simplement parce qu'on a oublié un instant qu'il s'agit d'un conte. C'est une chose à laquelle NIGHTWISH se livre mais brièvement, comme l'intro "Taikatalvi", excentrique et folklorique, sorte de berceuse en finnois. Une chanson comme "Ghost River", dont le riff d'introduction rappelle étrangement le "Ain't Talkin' 'Bout Love" de VAN HALEN, est terriblement efficace, la guitare est soutenue par des choeurs incroyablement puissants. Le London Philharmonic Orchestra fait un excellent travail en effet, tout au long de cet album. NIGHTWISH a le bon goût de savoir quand la voix d'Anette n'est pas toujours nécessaire. Cela peut parfois être un embrasement chaotique de bruits quand elle ne se distingue pas du reste du groupe, mais les Finlandais sont suffisamment experts pour ne pas faire cette erreur fréquemment. Quelques éléments folkloriques délectables sont mis en avant sur "I Want My Tears Back", à l'intro très "Symphony Of Destruction", offrant une plateforme idéale pour le chant frais d'Anette, retrouvé aussi sur "The Crow, The Owl And The Dove", démarrant sur un bel arpège, tandis que la chanson en elle-même met en valeur la capacité qu'a vraiment NIGHTWISH de travailler des morceaux mid-tempo, sans pour autant vous plonger dans la somnolence. Ceci dit, cette chanson, choisie comme deuxième single, n'est pas réellement le moment fort du disque.

Côté concept, "Imaginaerum" raconte l'histoire d'un compositeur sur son lit de mort se rappelant de sa vie... Mélange de rêve, de réflexion et d'imagination. Une sorte de "StoryTime" représentée par un titre efficace et gonflé, "le" premier single avec des passages très ABBA qui conviennent très bien à Anette et qu'il est difficile de nier dans les refrains (professionnellement parlant, loin d'être un défaut !)."Scaretale" est la plus heavy et épique de l'album, le groupe montre son côté le plus théâtral et symphonique dans un metal où Anette et Marco sont dans l'excellence grâce à leur chant expressif et comédien dans un acte crucial... Le coeur de "Imaginaerum". C'est justement parce que l'album est basé sur un film que l'on doit regarder au-delà des pistes non-traditionnelles comme le jazzy "Slow, Love, Slow"! , "Arabesque", et les extraits narratifs au final de "Song Of Myself". Ces interludes sont simplement des transitions pour les parties suivantes de l'histoire, améliorant ainsi l'effet de titres comme "Turn Loose The Mermaids", (unique ballade de l'album), "Rest Calm", et "The Crow, The Owl And The Dove".
L'enchaînement d'une partie avec l'autre est un des principaux atouts de "Imaginaerum", "Last Ride Of The Day" est un véritable tourbillon lyrique et symphonique, les guitares et l'orchestre se fondent dans une chevauchée fantastique... la profonde pensée du conteur qui, nous le comprendrons, ouvre les yeux sur la dernière note pour retrouver la réalité dans "Song Of Myself"...La fin approche, 13 minutes pour réaliser le règlement de compte entre l'imagination et le temps qui passe... le dernier souffle du vieil homme, compositeur, dont le voyage à travers la vie, entrevoyant des éclats de ses rêves d'enfants, dans lesquels il ne voulait pas vieillir, se termine. "Imaginaerum", la dernière piste, referme ce journal de rêves éveillés et intimes en un grand instrumental reprenant les thèmes de l'album...

Une oeuvre grandissante à chaque écoute, "Imaginaerum" ne remettra probablement pas de l'ordre dans le débat opposant Anette à Tarja, (qui n'a pas lieu d'être tant les deux chanteuses exercent leur talent dans un domaine totalement différent), mais renforcera encore plus le compositeur qu'est Tuomas Holopainen et son coup de pinceau dont l'éventail créatif lui permet de prendre des risques calculés comme celui-ci.
Il ne vous reste plus qu'à découvrir le film pour assembler les morceaux de ce que vous avez imaginé... NIGHTWISH l'a fait.

Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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