4 juillet 2022, 20:27

DOWNSET

"Maintain"

Album : Maintain

1994, nous surfions alors sur une vague musicale d’une incroyable richesse. En débordement du hard rock institutionnel, lors de la première moitié des années 90, une nuée de styles balayait tout sur son passage, générant une adhésion populaire jamais atteinte. Sur les étals des marchands du Temple on trouvait du grunge, de la fusion, du funk-metal, du groove-metal du hardcore-crossover, etc... c’était une époque de dingues. DOWNSET fit partie de ces groupes, de ces révélations. L’album éponyme reste une des références du rapcore. Une explosion des sens fusionnés dans des riffs impitoyables. Après près de 20 ans d’activité au ralenti, DOWNSET a sorti un nouveau pamphlet musical, « Maintain »... Fighting Again !

Rythmique hardcore, cris de rage, "Maintain" ouvre la danse du feu. Le slam de Los Angeles glisse sur des guitares ultra agressives, qui viennent directement nous attraper aux tripes. Voilà qui commence très bien. "Blackest Of Days", c’est court, incisif et précis. Des frappes chirurgicales avec un écho metal prégnant, DOWNSET reprend sa place de groupe frontal et dévastateur. Ca sent la sueur et le circle-pit. Le groupe impose un "New Respect", comme à l’époque bénie où l’on ressentait tous la "rage against the machine". Rey Oropeza, le frontman, sur "Won't Forget" a toujours cette verve latino qui sortait du lot en 1994, et ses compères se déchaînent sur leurs instruments avec vivacité. Un bain de jouvence à l’écoute. Entre nostalgie et nouvelle guérilla.

Rythme de guerre urbaine, c’est un parfait résumé, "Wreck It", on monte d’un cran dans l’agressivité du rap avec des grattes aiguisées. Une parfaite alchimie, les mots débités à la vitesse d'une mitraillette, les futs qui s’emballent. DOWNSET varie le ton avec "On Lock (Only The Defest)", le phrasé devient intimiste, les rebelles laissent entrevoir leurs combats, leurs défaites et leur retour sur le ring de la vie avec un reboot de leurs riffs premiers. Il s’agit bien dune résurrection musicale afin de retrouver leur "Place To Be". En plus de la puissance étalée on sent l’authenticité et l’identité d'une bande de combattants musicaux. Ils hurlent toujours "Anger" sur des soli rageux.

On pourrait chipoter en entendant un "Your Power" qui fait écho à "Empower" de 1996, mais franchement vu le plaisir de cette débauche d’énergie je ne ferai pas partie des haters. Au contraire, je me réjouis en glissant avec mes Van's sur ce skate temporel, trop heureux de ressentir à nouveau cette jouissance de l’instant, toujours présente après des décennies ! Il y a un message, un "Positif Mind" dans ces riffs et ces martèlements sauvages. Un goût d'école de la rue, un désir d'embrasser une liberté bienvenue en ces temps où l’obscurantisme monochrome revient subrepticement.

DOWNSET ne se résume pas à un simple exercice de vocalises, il est bon de souligner l’efficacité des riffs énergiques et de la basse ronronnante, tels "Deeper" ou "Hear Me Now" rappelant un SUICIDAL TENDENCIES au meilleur de sa forme. L’album est une bénédiction inattendue de par sa maîtrise, car jusqu’au bout, jusqu’à "Ready For This" on reste dans un rythme relevé. Le feu de la rage ne s’éteint à aucun moment. C’est énervé, c’est rap et metal. Des cris et des riffs.

2022, « Maintain » est à l’arrivée un album autant nostalgique des années 90 qu’il est un pamphlet rock moderne. Comme un écho de ces deux époques, car au final si on contemple l’actualité, les titres comme des éclats de bruit égratignent magnifiquement les images du marasme présent. DOWNSET effectue un retour brillant et bruyant. Forts du goût de leurs cicatrices les Californiens nous envoient une claque sonore !

DOWNSET offre une occasion rare de danser comme un sauvage au sourire béat, tout en se métamorphosant en guérillero rapcore, qui serait assez bête pour s’en priver ?

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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