15 mai 2024, 17:35

QAMELTO

Interview Raphaël & Jérémie


QAMELTO signifie "c’est cool" en Zoulou, c’est aussi le mot qui revient le plus dans notre échange avec Raphaël et Jérémie. Et en y réfléchissant bien, cet adjectif leur va comme un gant. Que ce soit dans leur attitude, et aussi dans leur musique, hybride rock et heavy garantie sans prise de tête, mais 100% pure énergie. Après avoir pas mal bourlinguer dans toute la France, leur premier album « Scotoma »​ est enfin là. Une œuvre autant auditive que visuelle.
 

Votre premier album est récemment sorti, est-il dans la continuité de votre précédent EP ?
Raphaël : Déjà, nous avons changé de bassiste. Et il correspond donc totalement à ce qu’on voulait. Concernant la direction artistique, j’ai changé ma voix. J’avais très légèrement saturé à certains endroits sur l’EP, et par conséquent la première réflexion que nous avons eu c’était « la musique c’est cool, mais la voix ça ne va pas ». Donc grosso modo, la voix est trop gentille par rapport aux grosses guitares.
Jérémie : Nous avions eu ce retour sur l’EP et aussi en live, il manquait une certaine énergie.
Raphaël : Comme en live je bouge dans tous les sens, il me fallait une voix qui soit un peu plus "rentre dedans". Cela me cassait la tête ! Et vu que je gère les réseaux sociaux, je me prenais tous les commentaires négatifs, qui te minent le moral. D’un côté ils ont raison, car il y a eu une remise en question. J’avais la technique, c’est juste qu’il fallait que je l’applique, alors j’ai commencé à saturer en concert et les retours ont été positives. Et quand nous sommes rentrés, on s’est dit qu’il fallait que ce soit comme sur scène. Le matin je me levais à 6h00 et je faisais des pompes pour préparer ma voix, je partais à la guerre !
Jérémie : Tout QAMELTO a changé son état d’esprit d’origine. Parce que notre manière de fonctionner est toujours la même ; Thomas le guitariste envoie 80% des morceaux, Raphaël s’occupe de 80% des paroles, et chacun travaille à la maison. Quand on a les morceaux, on fait les ajustements en répétition, et c’est aussi simple que ça.
Raphaël : On enregistre des maquettes les plus qualitatives possibles. Nous sommes arrivés très déterminés en studio, j’ai donné ma vie en termes de voix ! Et au final, le résultat est plus cool sur « Scotoma » que sur l’EP. Idem en termes d’interprétation, la direction artistique est beaucoup plus poussée. On a décidé de ne plus mettre de guitare acoustique, nous avons franchi la ligne "metal" qui nous va très bien.

Nous avons remarqué qu’il y a pas mal d’invités sur l'album, d’où vient cette volonté ?
Raphaël : Déjà, il y a le mot partage. Nous aimons partager les scènes avec plein de groupes. Et si je prends le titre "L’hôte" qui a comme thème la vielle à roue, au début on voulait le faire à la guitare. Mais cela faisait très années 80 et on voulait éviter ce côté démodé, d’où l’idée de la vielle à roue par Thomas. En faisant des tests, on a trouvé cela très bien. C’est un instrument indémodable, tout comme la cornemuse. Ils sont très organiques, nobles et apportent de l’émotion. Nous avons été mis en contact avec Gilles Chabenat, il a travaillé avec Jean-Jacques Goldman et tourné avec Sting. Quand je l’ai appelé, il m’a dit « super votre projet les gars, passez à la maison ! ». Il y a aussi la cornemuse de Fred, et l’imitation de Jean-Pierre Pernault par Superflame. Les synthés et les I.A ont des sons qui s’en rapprochent, mais ils n’ont pas d’âme.


Est-ce que nous aurons droit à des surprises sur scène ?
Raphaël : Nous avons eu la chance d’avoir Gilles pour la release-party. C’était trop compliqué techniquement pour la cornemuse, de plus Fred vit en Belgique. On joue quand même les morceaux avec les guests en balançant les samples, ça fait le travail. Mais si demain on a une date pour un gros festival, on les appellera. Nous n’avons pas de problème à jouer sur samples, si tu prends SHAKA PONK, il y en a partout même sur les voix, et c’est une tuerie !
Jérémie : Pour nous, c’est plus un soutien harmonique.

Quels sont les retours des fans pour « Scotoma »​ ?
Jérémie : C’est positif, nous avons pris des abonnés sur les réseaux.
Raphaël : Un seul mec sur Instagram a osé mettre « c’est nul ». Sinon nous avons que des bons retours, nos avons surtout des gens qui ont compris où on voulait aller, et quelques subtilités dans certains morceaux, notamment le second degré sur "La Plus Grosse". C’est que nous avons pris le bon chemin.

Les avis sont donc importants dans votre processus de création ?
Raphaël : Je prends en compte toutes les remarques de n’importe qui. Maintenant, il y a des choses qui ne changeront pas. Nous avons nos convictions, et si je prends par exemple le fait de chanter en anglais, pour nous ça sera négatif. Ou comme le suggérait une fois un webzine, à savoir faire du TRUST ou du NOIR DÉSIR pour vraiment avoir l’étiquette "rock français". On leur dit bien que ça ne changera pas, car d’une part on ne veut pas faire du copier-coller, et aussi parce qu’on n’aime pas TRUST et NOIR DÉSIR. Nous n’avons rien contre eux, mais nous on aime FOO FIGHTERS et moi BON JOVI.
Jérémie : Nous voulons avant tout faire ce qui nous plaît, cela ne nous empêche pas de faire des modifications.

Et d’où provient ce désir de chanter exclusivement en français ?
Raphaël : Déjà, tu ne t’exprimeras jamais mieux que dans ta langue maternelle. Je parle couramment le portugais, mais il y a certaines choses que je dirais forcement mieux en français. Aussi, il y a les anglais et les américains qui chanteront toujours mieux que moi, ils auront un meilleur accent et je préfère leur laisser. Et enfin, nous sommes amoureux de notre langue, on la trouve vraiment très jolie. En revanche, nous devons faire des choix sur les thèmes, par exemple c’est compliqué pour les chansons d’amour ou poétiques avec ce type de musique. On va plutôt chercher de la punchline, et écrire des histoires.

La chanson avec la cornemuse que vous venez d’évoquer s’appelle "Légion", quelle est justement l’histoire derrière ce titre ?
Jérémie : Il y a Mel Gibson derrière, c’est Braveheart. Il y a un côté fédérateur avec un esprit un peu guerrier.
Raphaël : Quand Thomas m’a envoyé la composition et demandé ce que j’entendais, je lui ai répondu une masse qui avance, comme une manif. nous sommes donc partis sur "Légion" avec cette cornemuse qui rassemble, tout comme une armée qui avance.

Est-ce que votre set-list est prête pour vos prochains concerts ?
Raphaël : Nous avons plusieurs set-lists pour assurer plusieurs formats : 30min, 45min, 1h00 et 1h30. On sait quasiment toujours à l’avance quelle set-list nous allons utiliser. Parfois, cela arrive qu’on modifie un ou deux morceaux en fonction des lieux. Nous avons aussi remarqué que certains morceaux allaient mieux fonctionner dans certaines régions, et moins dans d’autres.

Avez-vous déjà expérimenté la scène à l’étranger ?
Raphaël : Nous voudrions, mais on sait que ça ne sera pas pour cette année, niveau calendrier il y a déjà beaucoup de choses. Pour être honnête avec toi, nous avons été contactés par l’Institut Français de Slovaquie, ils nous ont proposé de faire un concert sur la grande place de Bratislava. En fait, ils sont tombés sur le clip "La Plus Grosse", sûrement via leurs recommandations, ils ont liké et maintenant ils nous ont demandé un devis. C’est donc en discussion pour un éventuel concert au mois de juillet pour représenter la France.
Jérémie : Pour nous, ça serait le rêve !
Raphaël : Représenter la langue et la musique française à l’étranger, ça serait une vraie fierté.

Comment voyez-vous le futur pour QAMELTO ?
Raphaël : Nous avons plein de projets dans la tête. Aujourd’hui, on sait que c’est parti pour deux ans ; on va tourner et réaliser des clips pour tous les titres. Nous avons aussi des idées de singles et d’autres projets un peu plus poussés. On ne peut pas en dire plus, mais ça sera pour 2026 ou 2027. Cela devrait être surprenant, tout dépendra comment cela se déroule pour l’album.
Jérémie : En-tout-cas, on veut faire un maximum de dates.

La pochette de « Scotoma »​ est un tableau abstrait où le CD est fixé dessus, comment est né cette idée ?
Raphaël : A la sortie de la pandémie, nous avons recommencé à faire des concerts, et nous avions notre EP à vendre au format CD au merchandising. Et on nous disait souvent « on voudrait acheter votre CD, mais on n’a pas de quoi l’écouter ». C’est cool de leur part, en revanche c’est dommage qu’ils aient un objet qui reste sur une étagère, ou finir dans un potager pour faire fuir les oiseaux. On s’est alors dit ; si le CD n’est plus un objet à écouter alors il faut qu’il ait un autre rôle, comme celui d’être regardé. D’où l’idée du tableau.

Chacun y voit ce qu’il veut à travers cette œuvre, quelle est votre interprétation personnelle ?
Raphaël : Le scotome est une tâche dans le champ de vision, cela va avec le déni de réalité et cette tâche sur le tableau. C’est un de nos amis qui l’a dessiné sur tablette, Matthieu Ferrand, qui est peintre et qui va d’ailleurs exposer au musée d’Orsay. C’est un sacré travail !


Retrouvez toutes les dates des prochains concerts de QAMELTO en suivant ce lien : Bandsintown.Qamelto
 

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK