10 juin 2017, 23:30

DOWNLOAD FESTIVAL FRANCE

@ Le Plessis-Pâté (Jour 2)

Quitte à prendre son envol, autant le faire sur une base aérienne, a dû penser Live Nation en délocalisant le Download Festival de l’Hippodrome de Longchamp aux portes de Paris jusqu’à la bourgade du Plessis-Pâté dans l’Essonne où se trouve la Base Aérienne 217, un site qui permet au festival de repenser sa configuration, tant en termes de placement des scènes que des infrastructures alentour. Les Main Stages ne sont plus à chaque bout du site mais proches l’une de l’autre bien qu’il ait été nécessaire de faire un déplacement pour voir les groupes s’y produisant. Les scènes annexes ensuite, dont la Spitfire qui n’est pas plus grande que celle d’un club, excentrées quant à elles et proches d’un metal market, le supermarché du métalleux, disposé en forme d’étoile et qui regroupait de nombreux stands avec des prix souvent abordables, donc bienvenus.

Bonne initiative que cette expo-photos sise sous une tente avec de magnifiques clichés en grand format du photographe Renaud Corlouër qui avait mis à disposition des tirages des plus grandes icônes du metal. Quelques “reliques” liées à METALLICA, IRON MAIDEN ou GUNS N’ ROSES, entre autres, en mettaient plein les mirettes. Côté restauration, outre les sempiternels kebab/frites ou stand churros, on comptait un succulent restaurant antillais ou bien un autre proposant d'excellentes tourtes pour amateurs de viande ou bien végétariens. Un bon point que celui-ci. Côté logistique, il était possible de réserver à l’avance un casier sur le site afin d’y entreposer sacs ou autres, un plus indéniable. Certes, le nombre à disposition était limité mais cela a eu au moins le mérite d’exister. La musique maintenant !


Cette journée, la plus ensoleillée et chaude des trois jours, a débuté doucement par une prestation du groupe BLACK FOXXES moins torturée que ne l’est son frontman et si LONELY THE BRAVE m’a déçu par rapport à ce que j’ai pu entendre sur disque, il n’en est pas de même pour FAR FROM ALASKA, animé par les deux figures féminines du groupe. Quelques cris hystériques de leur part en moins et on aurait vraiment eu un set excellent, ou tout au moins un tantinet moins… strident. L’heure de choisir son camp commença avec la rivalité DEVILDRIVER et PROJECT BLACK PANTERA. J’ai choisi l’outsider sud-américain et ne l’ai pas regretté. Le trio brésilien a une énergie incroyable et un groove contagieux. Direction la Main Stage 2 pour assister à la fin de la prestation de Dez Fafara et consorts. Valeur sûre comme à l’accoutumée, DEVILDRIVER ne surprend en rien mais s’est néanmoins montré efficace. Mission accomplie. L’une de mes consœurs de la rédaction n’a pas voulu manquer une seconde du concert d’ALTER BRIDGE, Myles Kennedy et Mark Tremonti en tête oblige... J’ai regardé de loin la foule compacte assister à leur show, carré mais là encore sans surprise, à l’exception du fait qu’ils n’ont joué aucun morceau du dernier album paru fin 2016. Festival oblige ? Aucune prise de risque et c’est dommage pour les fans.
Le rockabilly punk de THE LIVING END ou bien le hard rock 70’s de la blonde et sensuelle Elin de BLUES PILLS ? Commençons par l’un et finissons par l’autre. L’énergie de THE LIVING END sur une si petite scène aurait mérité un poil plus de considération et avec un si beau soleil aurait sûrement fait son effet sur une Main Stage. BLUES PILLS a livré une prestation dynamique et l’on apprendra qu’à se balader pieds nus sur scène, la chanteuse a marché sur du gaffer (scotch professionnel) resté en plein soleil depuis le matin et qu’elle s’est brûlée la voûte plantaire. Pas d’interview donc alors que celle-ci était planifiée mais Mlle Larsson a un mot du médecin…
Ce grand soleil n’a pas fait honneur à la musique sombre de PARADISE LOST qui s’est tout de même acquitter de sa tâche avec honneur devant un parterre de connaisseurs. Le tempo baissa de plusieurs crans avec leurs compositions et plomba l’audience (dans le bon sens) qui n’en demandait pas tant, étant déjà un peu sonné par ce soleil de… plomb.


Nouveau dilemme : SOILWORK ou FIVE FINGER DEATH PUNCH ? Ce sera 5FDP par choix stratégique : rester au plus près des Main Stages et être bien placé pour le groupe suivant. La température baisse un peu, le groupe est attendu, le public est bien présent et 5FDP s’est montré convaincant tout du long de l’heure qui leur a été allouée pour remuer le public. S’ils l'ont remué, le groupe suivant l’a pris, l’a secoué violemment, l’a jeté à terre et l’a piétiné. Vous savez de qui je veux parler ? De SLAYER évidemment. Impossible à prendre en défaut (ou si peu), le quatuor californien a terrassé tout le monde avec une set-list qui contenait quelques surprises et de vraies pépites : "Fight Til Death" et "Captor Of Sin" notamment mais aussi "Born Of Fire" pas si souvent joués. Pour le reste, c’était comme à la parade. Cette édition du Download Festival français s’est montée cette année autour de SYSTEM OF A DOWN. La bande à Serj Tankian était attendue comme le messie et tout au long de la journée, on devinait à les voir que la majorité du public était clairement là pour eux. Si autour de moi pendant SLAYER, la moyenne d’âge oscillait plutôt entre trente et quarante ans (on a aperçu aussi du ménager de plus de cinquante ans), celle de SOAD est sensiblement moins élevée et c’est entre djeuns qu’il convenait – en majorité – de communier. On aime ou on déteste. Avec des titres aussi fédérateurs que "B.Y.O.B.”, “Chop Suey!”, “Lonely Day” et autres “Aerial” ou “Toxicity”, les Arméniens n’ont pas fait dans la demi-mesure car la nuit aidant à présent, les lights et l’écran géant placé en fond de scène ont agrémenté une prestation de "délivrance" tant cela faisait longtemps que le groupe n’était pas venu en France. Alors, heureux ?

Au sortir de cette journée et en ayant un peu échangé « avé les collègues », cette édition du Download est pour ma part, un poil mitigée. L’affiche tout d’abord, qui a misée sur une minorité de groupes réellement bankable et qui lorgnait un peu trop sur des groupes “pour ados” en tête d’affiche, sans que cela ait une connotation péjorative outre mesure. Mais pour une totale réussite, il faut des valeurs sûres tout au long des journées et on a eu plutôt l’impression d’avoir affaire à des groupes qui remplissent en temps normal des salles de petite capacité et pas vraiment à leur place en festivals, du moins pas si haut sur l’affiche à mon sens. Quant à l’édition anglaise, elle a cette année une affiche très solide, comme peut l’être celle du Hellfest, au hasard. La foule bigarrée et intergénérationnelle présente sur le site de Loire-Atlantique était donc moins présente voire absente du rassemblement essonnien. Alors certes, les deux festivals ne peuvent se concurrencer car trop différents l’un de l’autre. Et tant mieux d’ailleurs. Sinon à quoi bon en avoir deux en France à une semaine d’intervalle ?

J’en suis de fait arrivé à échafauder une thérorie : est-ce que l’édition française, au vu de ce nouveau site a préféré limité l’attrait “grand public” de sa programmation afin de limiter volontairement le nombre de spectateurs par jour et jauger les possibilités qui s’offrent sur ce terrain ? Je ne suis pas dans le secret des dieux mais avouez que ça se tient. A l’heure où j’écris ces lignes, pas d’informations sur le nombre de spectateurs présents mais on est loin de l’affluence de l’an dernier pour RAMMSTEIN ou IRON MAIDEN. Le Download a pour lui cependant d’avoir revu sa copie et la délocalisation est au final une bonne chose car le site reste très accessible. Il faudra juste ajuster quelques points de coordination comme la signalétique, pas vraiment maîtrisée sur cette nouvelle terre d’accueil. C’est une première, soyons indulgents. L’autre bon point est que le site est extensible et pourrait accueillir – si besoin – jusqu’à 100 000 spectateurs par jour. De quoi se laisser aller à rêver d’une affiche 2018 pharaonique avec, pourquoi pas, trois légendes du metal… Des noms ? Allons allons, je suis sûr que vous en avez bien quelques-uns en tête… Rien ne va plus, faites vos jeux et… rendez-vous l’année prochaine !


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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