6 août 2017, 23:59

SYLAK OPEN AIR

@ Saint Maurice De Gourdans (Report)

Blogger : Chart
par Chart

Le SYLAK est devenu au fil du temps le rendez-vous incontournable des inconditionnels du metal de la région lyonnaise. Bien entendu, quand on parle de festival de metal en France, on a en arrière pensée le HELLFEST. Ce festival est devenu la référence. Il a permis l'acceptation de ce genre de manifestations et a entraîné avec lui une foule d'événements du même type à travers l'hexagone. Oui, mais le SYLAK n'est pas le HELLFEST. Ses revendications ne sont pas les mêmes. L'idée de base du festival est de mélanger groupes locaux et groupes de renommé internationale sur une seule et même scène. Cela rend d'emblée les choses à dimension nettement plus humaine contrairement à ce que l'on peut voir ailleurs. C'est aussi l'occasion d'avoir un joli mélange de styles accessible du vendredi ou dimanche soir...



Les hostilités sont lancées dès le vendredi soir sur une scène spécialement montée pour l'occasion avec une belle flopée de groupes français, SULPHAT' KETAMINE, SPLIT THE ATOM, THE BUTCHER'S RODEO, L'ESPRIT DU CLAN et enfin BLACK BOMB A.
Si les choses démarrent en douceur avec le blues-rock aux accents 70's de SULPHAT' KETAMINE, elles ne vont pas demeurer longtemps en l'état. En effet, le ton est plutôt au hardcore ce soir avec en ouverture SPLIT THE ATOM et à la mousse ! Oui, pour ceux qui ne le savent pas, un dispositif est installé au dessus de la fosse et déverse de la mousse durant les différents sets. Cela contribue à survolter les participants et à monter l'ambiance d'un sérieux cran. Nous ne savons pas qui a eu cette idée en apparence saugrenue mais qui se révèle être absolument géniale.


Le set de THE BUTCHER'S RODEO, le groupe des frères Julien et Vincent est d'ailleurs le premier set vraiment marquant de la soirée. L'énergie de cette formation est à toute épreuve, totalement dévastatrice même, une version hardcore du hardcore. Le résultat est forcément d'une grande efficacité sur cette petite scène du SYLAK. A noter une fin de concert mémorable, comme à son habitude le groupe est descendu dans la fosse avec ses instruments pour un ultime morceau que ce soir il ne pourra finir. La cause est simple, lorsque la mousse est déversée sur les musiciens, impossible de faire sonner quoique ce soit ! Et c'est sur cette fin apocalyptique que se termine ce set d'anthologie.

Toujours avec une grande délicatesse c'est L'ESPRIT DU CLAN qui prend la suite. Là encore l'énergie est d'une férocité rare. On se situe quelque part entre le hardcore et le death metal. Il aura fallu attendre près de 5 ans avant que le groupe ne revienne avec un nouvel album en 2016 mais le combo est bien là et nulle doute sur le fait que cette prestation aura marqué les esprits des festivaliers.
S'il y a un groupe qui commence à bien connaître la région, c'est bien BLACK BOMB A. Il est souvent présent dans le coin et c'est à lui que revient le privilège de clôturer cette soirée. Pour avoir vu la formation à l’œuvre à plusieurs reprises, j'affirme que ce concert au SYLAK est de loin le plus marquant qu'il m'ait été donné de voir. Poun et Arno se donnent comme toujours à 200% au chant tandis que le reste des musiciens se fait écrasant. Mais il y a surtout cette ambiance qu'amène le groupe avec lui et que le SYLAK avec son bal mousse ne fait que renforcer ! A cela s'ajoute l'excitation des festivaliers ravis de lâcher totalement la pression. Tous les ingrédients sont réunis. On aura même droit à quelques moments forts avec le retour sur scène de Vincent de THE BUTCHER'S RODEO pour un trio au chant ainsi qu'Arsène de L'ESPRIT DU CLAN sur un autre morceau.
Il en profitera d'ailleurs pour faire sa demande en mariage genou à terre devant la mère de son enfant. Plutôt sympa d'avoir choisi ce moment et de nous avoir pris comme témoin. On retiendra aussi le wall-of-death dans la mousse... Vraiment, s'il y avait un concert à ne pas rater, c'était bien celui de BLACK BOMB A ce vendredi soir au SYLAK.



BLACK BOMB A


Après une telle soirée d'ouverture, c'est avec impatience que l'on se dirige vers le site du SYLAK. Le line-up est prometteur pour cette deuxième journée. C'est d'ailleurs avec cette même hâte qu'on attendrait la tête d'affiche de la soirée, les frères Cavalera réunis pour jouer l'intégralité de l'album « Roots ». Mais nous verrons cela plus tard... Pour le moment, place au metalcore avec APPLY FOR A SHORE. Le groupe représente à la fois sa région mais aussi le registre dans lequel il évolue, le metalcore. J'ai déjà eu l'occasion de parler à différentes reprises des Lyonnais BOTTLE NEXT et c'est avec grand plaisir que nous les retrouvons sur cette grande scène du SYLAK. Le groupe est forcément en forme et réveille le site comme il se doit avec son gros rock acoustique. Entre énergie dévastatrice et riffs à la RAGE AGAINST THE MACHINE, BOTTLE NEXT est l'extraterrestre locale qui monte et pour pas mal de festivaliers cela aura été l'occasion de découvrir cette excellente formation.
Dans un registre nettement plus stoner, ce sont ensuite les musiciens de MARS RED SKY qui prennent d'assaut la scène pour remettre en place les idées des spectateurs après un show énergique signé BOTTLE NEXT et la déferlante qui s'annonce ensuite avec CRYPTOPSY. En effet, les Canadiens sont là pour une bonne raison, mettre tout le monde par terre en interprétant l'intégralité de l'album « None So Vile ». Si depuis le groupe a connu un certain succès, c'est par cet album que les choses ont commencé. Il n'y a certes plus que le batteur Flo Mounier qui reste de cet enregistrement mythique mais cela n'en demeure pas moins une prestation et une interprétation live tout à fait à la hauteur.

Changement radical avec les folk-métalleux hollandais HEIDEVOLK. Passer du brutal death au folk-metal se fait heureusement avec des changements de plateau d'une demi heure ce qui permet de reprendre un peu ses esprits. En effet la transition n'aurait pas été des plus simples sans cet intermède. On revient donc aux sources du folk-metal avec cette prestation à la hauteur de ce que l'on peut attendre de ce type de groupe.
On passe ensuite à tout autre chose avec CALIBAN qui vient représenter une nouvelle fois la scène metalcore et hardcore toujours en expansion. On retrouve bien entendu les classiques mélodies ravageuses et l'énergie dévastatrice de ces groupes. Nous aurons droit en conclusion de ce set à une reprise de RAMMSTEIN, "Sonne". OK, l'interprétation est personnelle et excellente mais RAMMSTEIN reste RAMMSTEIN et c'est bien l'un des rares groupes, voir le seul, dont les reprises ont du mal à rivaliser avec les originales.



Chris Slade


Nous revenons aux classiques du death metal avec SUFFOCATION. Là encore, tout comme dans CRYPTOPSY, il ne reste plus grand monde du line-up originel, mis à part le guitariste Terrance Hobbs. Ce n'est certes pas une chose inhabituelle mais il manque tout de même Frank Mullen au chant. Même si Kevin Muller assure très bien les parties vocales il manque le charisme et la personnalité du chanteur habituel. La prestation n'en demeure pas moins intéressante. Le thème de la journée est marqué par les line-up et les groupes qui fonctionnent sur le passé d'un nom. J'en tiens pour exemple VENOM INC. qui est en fait la réunion d'anciens membres de VENOM à savoir Demolition Man, Abaddon et Mantas. Ce n'est certes pas un problème que d'anciens membres se retrouvent pour former un nouveau groupe, c'est juste étrange de le voir jouer des morceaux d'une formation dont ils ne font plus partie jusqu'à emprunter son nom et son logo. On frôle le cover-band sans vraiment l'assumer totalement. Ce qu'a fait, plus tôt, Chris Slade l'actuel batteur d'AC/DC avec son projet THE CHRIS SLADE TIMELINE. Sauf que là, nous avons un membre actif qui vient nous présenter quelques titres de sa longue carrière. Chris Slade en dehors d'AC/DC a aussi collaboré avec entre autres Tom Jones, David Gilmour, Frankie Miller... Un batteur de cette trempe du haut de ses 70 ans peut à peu près tout se permettre sans qu'on ait vraiment grand chose à redire. Et puis, c'est toujours rafraîchissant d'avoir quelques "Hells Bells", "The Razor's Edge", "Thunderstruck" et autres "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" et "Highway To Hell" interprétés à la perfection sur un festival. C'est un autre concept que celui de VENOM INC. même si j'admets bien volontiers que ces derniers étaient loin d'être mauvais. J'ai perdu un peu le fil du temps et mélanger les groupes mais je trouvais le parallèle intéressant. Nous revenons donc à la suite avec METAL CHURCH. Là encore, bonne prestation mais le groupe tourne depuis plus de 37 ans et a connu de très nombreux changements de line-up. Son guitariste Kurdt Vanderhoog est une légende avec toutes ces années de carrière. Ce n'est pas une exception mais une telle longévité dans un groupe est phénoménale. Le style est forcément quelque peu retro mais ne manque pas d'énergie. Il y en aura vraiment eu pour tout le monde sur cette journée.

SEPULTURA était un groupe de référence et il l'est toujours, tout particulièrement avec la période précédent 1996 et le départ de son frontman Max Cavalera. Certains ont continué à le suivre avec SOULFLY, d'autres ont poursuivi avec SEPULTURA et beaucoup ont écouté les deux. Le fait est que l'histoire de ce groupe est particulière. En 2007 on a eu le plaisir de retrouver les deux frères fondateurs de SEPULTURA dans un tout nouveau projet qu'est CAVALERA CONSPIRACY. Cela a abouti sur trois albums parallèlement aux sorties de SOULFLY. Max Cavalera a toujours été des plus productifs, avec une certaine audace parfois. Il faut admettre que les derniers albums sont loin de faire l'unanimité comme ceux du début. Alors sur le papier retrouver Max & Iggor Cavalera 20 ans après « Roots » au SYLAK nous interpréter l'album en live, c'est plutôt alléchant. J'ai quelque peu hésité à parler en détail de cette prestation suite aux impressions que j'ai pu recueillir le lendemain. Effectivement, la déception a été pour le moins grande. Le groupe était programmé à 14h30 au Wacken Open Air en Allemagne. Il n'est donc pas étonnant qu'il soit monté sur scène avec 20 minutes de retard. Le deuxième problème fut au niveau technique. Les trois premiers titres du concert se sont effectués sur un trio basse/batterie/chant. Marc Rizzo a eu beau se déchaîner, absolument aucun son ne nous parvenait. Il a fallu attendre "Ratamahatta" avant que celui-ci ne puisse enfin se faire entendre. Quant à la guitare de Max Cavalera, je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé mais elle est restée en son clair durant tout le set. Je sais que tout cela n'était pas le cas sur d'autres concerts mais du à un problème purement technique mais tout de même !... Cela engendre malheureusement pas mal de déception chez les fans venus en grande partie pour ce show. Bref, malgré quelques bons moments, le concert n'aura pas rempli les attentes du public et c'est bien dommage.



Max Cavalera


La journée du dimanche à la programmation toute aussi prometteuse démarre en douceur avec le modern-metal de BUY JUPITER, très influencé par la scène metalcore et mathcore. S'ensuit le très stoner GOATFATHER. Forcément la prestation fonctionne pour ces deux groupes avec l'avantage de faire partie de la scène locale. On retrouve ensuite le très prometteur SVART CROWN avec un programmation assez tôt sur l'affiche mais cela n'enlève rien à son talent. Le groupe souffre malgré tout d'une mise en place approximative due à un son lui aussi approximatif. Dommage mais les Niçois sont à revoir malgré tout en salle avec leur lot de lumière car c'est dans l'intimité qu'ils fonctionnent le mieux. Il en est de même pour REGARDE LES HOMMES TOMBER avec son post-black metal. Ce sont des groupes que l'on est forcément heureux de retrouver en festival mais qui perdent une partie de leur intensité en plein jour et en plein air. L'émotion a un peu plus de mal à s'installer dans ces conditions même si le combo relève le défi avec brio.
On passe à la boucherie avec ABORTED venus distiller leur death metal brutal avec dextérité. Les Belges commencent à avoir une réputation solide dans la région. C'est tout à fait mérité vu le talent de ces musiciens... Une petite surprise avec Julien Truchan de BENIGHTED venu rejoindre le groupe sur scène le temps de "Termination Redux" toujours aussi efficace.

Après une telle montée en puissance sur cette programmation, la machine infernale se permet une pause avec un changement radical de style grâce aux Américains DOG EAT DOG. C'est une bouffée d'air frais qui souffle sur le SYLAK avec ce groupe de hardcore fusion en tout genre. Comme le dit son frontman, ce n'est certes pas le groupe le plus rapide, ni le plus technique mais c'est celui qui veut prendre le plus de plaisir sur scène. Le résultat est là. Le défi est relevé. On profite largement de cette heure de concert avant une petite pause et une autre heure elle aussi assez fun en compagnie des Norvégiens TROLLFEST. Le pagan interprété par ces musiciens grimés en explorateurs prend lui aussi assez vite chez ceux venus chercher autre chose que la déferlante des groupes les plus extrêmes. C'est encore une fois l'avantage de ce festival, il y en a vraiment pour tout le monde. TROLLFEST relève donc clairement le défi de s'imposer avec légèreté tout en nous gratifiant de sa reprise totalement décalée de Britney Spears, "Toxic".


Changement de cap avec le metal nettement plus lourd de CROWBAR venu ici pour écraser les auditeurs encore nombreux. Même si BRUJERIA ne fait pas totalement l'unanimité dans le public, c'est encore une fois la preuve d'un très bon savoir faire. BRUJERIA fait partie de ces groupes mythiques de la scène death-grind. On y a reconnu un bon nombre de musiciens issus de formations telles que NAPALM DEATH, FEAR FACTORY, FAITH NO MORE ou encore CARCASS. On reconnaît néanmoins ce soir Nicholas Barker (ex-CRADLE OF FILTH, ex-DIMMU BORGIR, LOCK UP) derrière les fûts. Et rien que pour son jeu de batterie ce concert vaut le coup. Les connaisseurs sauront ce que j'entends par là. Du coup, le reste suit très bien à la basse et à la guitare. On retrouve l'esprit grind-death des années 90 avec le chant mexicain en plus. Rien à redire, c'est un très bon moment que l'on passe en compagnie de ce groupe sur cette scène du SYLAK.

C'est après cette très bonne prestation que l'on retrouve ABBATH. Le projet solo de cet ancien chanteur/guitariste et âme du groupe de légende IMMORTAL n'était pas encore venu dans la région depuis la sortie de son album enregistré pourtant avec un excellent batteur de la région. C'est donc avec une certaine curiosité mais aussi une certaine appréhension que j'assiste à ce concert. En effet, depuis le lancement du groupe, ABBATH a connu pas mal de changements de batteur mais a aussi eu quelques soucis de concert. Il semblerait que ceci fasse maintenant partie du passé. La prestation de ce soir est franchement à la hauteur des espérances. Abbath est en pleine forme. Et c'est avec pas mal d'humour qu'il mène son concert. Sa réputation de frontman le suit et il lui fait honneur ce soir. On en oublierait presque qu'IMMORTAL et ABBATH sont maintenant deux groupes différents. Autant le concert des frères Cavalera laisse un goût d'amertume que celui d'ABBATH est une réussite. On attend maintenant la suite avec impatience...

Il est temps à présent de boucler le festival avec une belle tête d'affiche, une valeur sûre du metal, CARCASS. Le groupe n'a jamais été autant en forme que depuis qu'il s'est reformé. Jeff Walker et Bill Steer mènent leur barque avec simplicité et grande efficacité. CARCASS a désormais un plus grand succès qu'avant son split. Il est clair qu'il ne s'agit plus d'un groupe comme les autres car devenu vétéran légendaire aujourd'hui. Entre technique à toute épreuve, jeu de lumière impeccable, proximité avec le public et des compos en béton, CARCASS est certainement le groupe de sa génération qui a su rattraper les plus jeunes et s'offrir un statut de valeur sûre. Une prestation parfaite et un groupe de grand talent pour refermer cette septième édition.

Encore une bonne réussite que cette édition du SYLAK OPEN AIR, il ne nous reste plus qu'à attendre l'année prochaine pour une nouvelle affiche et de nouvelles émotions...



Jeff Walker - CARCASS
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