24 juin 2018, 23:58

HELLFEST OPEN AIR

@ Clisson (Jour 3)

Se produisant bien trop tôt (10h30) pour mes petits yeux qui piquent en ce début de troisième et dernière journée, je n’assiste pas au concert de THE RAVEN AGE, jeune formation qui a pour particularité de compter en ses rangs un certain George Harris en tant que guitariste et dont le papa joue le soir même en tête d’affiche. Vous l’avez compris, George est le fils de Steve Harris, bassiste d’IRON MAIDEN. Un groupe qui mérite l’attention qu’on peut lui porter, ayant fait ses preuves en salle mais qui doit s’affranchir de tout lien avec MAIDEN pour asseoir totalement sa légitimité. Loupée aussi, la prestation de LUCIFER bien que je ne le regrette qu’à moitié car je considère que ce groupe développe mieux son plein potentiel dans une salle intimiste et plongée dans le noir qu’en plein jour sous une énorme tente et, qui plus est, à l’heure du pastaga (non mais oh !). Cette journée débute donc pour moi avec SHINEDOWN que j’ai déjà vu deux fois l’an dernier en première partie d’IRON MAIDEN (décidément, on y revient sans cesse) et qui m’avait fait forte impression. C’est chose faite encore une fois avec un set carré et plein d’énergie des Américains malgré un bémol : le chanteur Brent Smith parle trop. OK, certaines interventions ont pour but de faire participer le public mais on aurait préféré, à l’instar du morceau chanté par DEF LEPPARD, de l’''Action Not Words'', et qui aurait pu ainsi nous permettre d’entendre un, voire deux titres supplémentaires, sentiment rehaussé quand on sait qu’ils disposent de seulement 40 minutes de jeu.

L’autre scène est préparée et l’intro démarre pour accueillir IN THIS MOMENT et son show visuel et sexy. Sexy, Maria Brink l’est assurément et se déhanche lascivement au son des morceaux du groupe dispensant un hard rock gothique et metalcore. Pas ma grande tasse de thé (la musique et la chanteuse) et je profite de la séance de dédicaces organisée par le groupe NIGHTWISH (au grand complet) pour m’abriter un peu du soleil qui tape fort, plus fort encore que les deux jours précédents. Tapant fort également, la basse du groupe ICED EARTH dont de vilaines fréquences infrasons tournent dans la façade, faisant ainsi d’une prestation qui aurait pu être agréable un moment pénible. La formation a-t-elle eu le temps de se préparer au mieux niveau son, elle qui jouait en région parisienne la veille ? Dommage car j’aurais pris plaisir à regarder le set en entier.

Meilleur rendu sonore ensuite pour KILLSWITCH ENGAGE qui fait un détour par Clisson alors qu’il est en tournée avec, devinez qui ? C’est cela, IRON MAIDEN ! La formation US fait passer trois quarts d’heure remuants à l’assistance de plus en plus nombreuse aux abords des main stages (c’est certainement la plus grosse affluence du week-end en ce dimanche, eu égard à la présence à venir des mastodontes de la NWOBHM). Est-ce aussi parce que les Allemands ACCEPT vont enchaîner ? C’est fort possible... Wolf Hoffmann et ses sbires débarquent comme des conquérants terrassant, dès le premier titre, le public énorme venu les applaudir, armés d’une set-list qui pilonne. Ça passe vite, trop vite et se suivent à la vitesse de la lumière quelques classiques comme ''Metal Heart'', ''Fast As A Shark'', ''Princess Of The Dawn'' ou le final ''Balls To The Wall'', et morceaux plus récents mais tout aussi efficaces : ''Pandemic'' ou ''Teutonic Terror''. Un son parfait (selon l’endroit et certains avis, ce ne sera pas le cas pour tous) et une bien trop courte prestation.
 


Alors qu’il est 18h20, je rallie le devant de la crash-barrier en milieu de fosse en plein axe de la main stage 1 pour être placé au mieux pour le concert d’un groupe anglais qui aura lieu aux alentours de 21h… Placement idéal également pour écouter ARCH ENEMY. Le son est gavé de basses qui coule sur les fréquences medium des guitares (le syndrome ICED EARTH ?) et ternissent la prestation pourtant plaisante même si, de mon côté, ça ne bouge pas trop car la majorité du public est assis pour reposer pieds et jambes mis à rude épreuve depuis deux jours.
Attendu comme à chaque fois, MEGADETH, qui est présent à intervalles réguliers à Clisson et une valeur sûre de la programmation, va être cette fois le pire concert auquel j’ai assisté lors de cette édition. Dès le départ, le son est mauvais et un problème de sono entache la prestation. Lorsque les musiciens se font enfin entendre en façade, c’est un chant fade qui en sort avec le pire Dave Mustaine qu’il m’ait été permis d’entendre à ce jour. Dommage car la set-list contient de belles surprises avec ''The Conjuring'', ''My Last Words'' (dédiée à Vinnie Paul) ou encore ''Symphony Of Destruction'' qui voit Michael Amott, le guitariste d’ARCH ENEMY, venir taper le bœuf. MegaDave ne profite même pas de l’heure pleine qui est à la disposition de son groupe et sort de scène après seulement 50 minutes, laissant tout le monde sur sa faim et avec une indigestion sur ce que l’on nous a fait avaler. Performance vite oubliée et balayée par la tempête déclenchée par ALICE IN CHAINS. C’est bien simple, la formation de Seattle aligne hit sur hit sans coup férir ni pause. Ça défile à toute allure en démarrant par ''Bleed The Freak'' ou encore une très émouvante et sublime version de ''Nutshell'' dédiée elle aussi au disparu du week-end et où l’album de référence « Dirt » est le mieux représenté avec quatre extraits, dont un ''Rooster'' lourd, très lourd en guise d’au revoir. Messieurs, revenez quand vous voulez et autant de fois que vous le souhaitez !



La scène est installée et prête à être prise d’assaut et si je ne peux vérifier le nombre de spectateurs présents pour les autres groupes jouant en même temps, nul besoin d'être médium pour deviner que le site est ultra-blindé pour la première des trois dates que va donner IRON MAIDEN en France. Après la sempiternelle ''Doctor Doctor'' du groupe UFO pour faire monter la pression, la sono lance l’intro ''Churchill’s Speech'' avant que les six membres apparaissent sur scène pour ''Aces High''. Un son si clair qu’il en est parfait et une première partie de concert sur le thème de la guerre durant laquelle suivent ''Where Eagles Dare'', ''2 Minutes To Midnight'', un incroyable ''The Clansman'' où le public donne tout ce qu’il a de voix et ''The Trooper'', partie qui aura vu notamment un Spitfire (gonflable mais saisissant de réalisme), un premier Eddie arpenter la scène et où Bruce l’épéiste combat le grand zombie. Changement de décor où camouflages et barbelés disparaissent pour laisser place à une cathédrale massive et une deuxième thématique, celle traitant de la religion. Quatre morceaux de choix en l’occurrence : ''Revelations'', l’inattendue ''For The Greater Good Of God'' extrait de l’album « A Matter Of Life And Death » de 2006, ''The Wicker Man'' et son énorme riff d’intro lancé par Adrian Smith avant d’arriver sur l’épique ''Sign Of The Cross'', ressortie des cartons pour notre plus grand plaisir.
 


L’interprétation est magistrale et la scénographie l’est tout autant. Bruce Dickinson en particulier se dépense sans compter, change de tenue sur quasiment tous les titres pour coller au sujet, plaisante (en français comme d’accoutumée) et fait le pitre sous les yeux d’un Steve Harris amusé et heureux (ce n’est pas tout le temps le cas lorsque le facétieux chanteur laisse libre cours à sa fantaisie et on ne s’en plaint donc pas). Ce qui attend ensuite les fans ? ''Flight Of Icarus'', plus jouée depuis 33 ans (!) qui voit Bruce empiéter sur le terrain des pyromanes allemands RAMMSTEIN, avec un lance-flammes accroché dans le dos. Effet garanti ! Cette chanson laisse le public pantelant et un fan à côté de moi pleure de joie pour ce qui est sans nul doute son titre préféré. C’est beau et poignant d’assister à ce genre de moment. Viennent ensuite les six dernières cartouches tirées à bout portant sur un public déchaîné. De ''Fear Of The Dark'' à l’éponyme ''Iron Maiden'' (et le "grand" Eddie en fond de scène) en passant par ''The Number Of The Beast'', dotée d’un nouveau backdrop, pour terminer sur un rappel de trois titres composé de ''The Evil That Men Do'', que l’on a plaisir à réentendre, puis c’est ''Hallowed Be Thy Name'' que le groupe peut enfin rejouer (un procès malencontreux l’en ayant empêché en 2017) et un final galopant sur ''Run To The Hills'' qui n’avait, elle non plus, plus été jouée depuis un moment. Après 1h50, la Vierge de Fer laisse un champ de bataille ravagé au son du ''Always Look On The Bright Side Of Life'' de la troupe comique des Monty Python...

C’est à ce moment-là que l’organisation du Hellfest choisit de diffuser une vidéo dans laquelle elle explique être plus que jamais à l’écoute des fans, satisfaits ou mécontents, et qu’elle s’adapte et prend en compte les avis et critiques. Le plus gros reproche fait au festival est, tout comme le Wacken, de vendre l’intégralité des billets sans annoncer un seul groupe. Remarque prise en compte et l’on nous dévoile alors cinq premiers noms pour l’édition 2019, chacun introduit par un speech d’un ou plusieurs membres des formations concernées. CARCASS fera son retour et promet un set de death chirurgical qui fera date. Mouss, le chanteur, annonce un show encore plus impressionnant que celui qu'a donné son groupe, MASS HYSTERIA, au Download et il nous tarde déjà d’y être. Punks, celtiques et assurément communicatifs avec leur bonne humeur habituelle, DROPKICK MURPHYS viendra faire danser le public avec un show qui comblera les fans et les néophytes puis, c’est le choc. Tom Araya apparaît à l’écran et tout le monde comprend. SLAYER donnera au Hellfest le dernier concert en France de sa carrière. Le der-nier, vous avez bien entendu. Rien que sur cette annonce, les billets vont partir peut-être même encore plus vite que les autres années.

C’est ensuite un autre visage que je regarde sur l’écran central, celui de Joey DeMaio, bassiste et leader de MANOWAR, qui s’adresse à la foule. Il me faut quelques instants pour comprendre qu’il est bel et bien là, en chair et en os, et qu’il est venu en personne annoncer la venue de son groupe. Si ça, c’est pas un gars qui pèse à mort, alors je rends mon tablier !
Démarre alors le concert d’EXODUS sur l'Altar... A cette heure, je suis presque K.O. debout et le thrash hyper puissant de la formation me fait l’effet d’un double rouleau-compresseur (en temps normal, j’ai l’impression qu’il n’y en a qu’un seul). Il me faut un peu de douceur et c’est NIGHTWISH qui va la dispenser. Sa prestation tout en lumières bleutées est excellente et se veut envoûtante. Un groupe que je n’avais jamais vu sur scène auparavant et que j'aurai plaisir à revoir une prochaine fois.

Il est 2h, mon corps et mon esprit crient grâce et je rends les armes, heureux, repu et la tête remplie pour l’année à venir de merveilleux souvenirs en attendant d’être de retour en terres clissonnaises avec vous tous, amis et anonymes, qui avez également contribué à l’ambiance du festival et à faire de ces trois jours une fenêtre à part dans un univers qui ne l’est pas moins, hors du temps. Merci aussi à tous ceux qui œuvrent au quotidien pour faire de ce festival ce qu’il est et qui prennent soin du bien-être de tous les festivaliers. C’est grâce à tout ce que l’on ne voit pas que la magie opère... Et enfin, un remerciement spécial à toute l’équipe HARD FORCE qui était sur place, reporters ainsi que photographes qui immortalisent les plus beaux moments sur scène mais aussi à l’équipe de coordination et de direction qui m’a laissé carte blanche totale pour m’organiser sur ces trois jours sans rien m’imposer à aucun moment. Il ne doit pas y en avoir beaucoup des médias comme celui auquel j’appartiens et je lui en suis quotidiennement reconnaissant et redevable. Rendez-vous donc les 21, 22 et 23 juin 2019 pour la 14e édition du Hellfest ! D’ici là… « STAY FUCKIN’ METAL! ».


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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