5 août 2018, 23:48

HARD ROCK SESSION

@ Colmar (La Foire aux Vins)

Depuis quelques années déjà la Foire aux Vins de Colmar est l’occasion d’un rendez-vous culte pour les aficionados de hard rock, heavy et metal en tout genre. La Hard Rock Session a déjà vu défiler de grands noms, tous styles et époques confondus, tels JUDAS PRIEST, SABATON, AMON AMARTH, ACCEPT ou EPICA, pour ne citer qu’eux. Cette année, l’affiche est des plus alléchantes, alors Christian Ballard et moi filons jeter un œil et une oreille dans la "coquille" de la Foire aux Vins.

17 h, il fait très chaud dans les gradins et la foule se presse en masse. On démarre avec les Suédois H.E.A.T., jeune groupe que je vais voir pour la première fois. H.E.A.T., c’est du hard rock FM, classique et énergique. Très eighties comme l'annonçait l'introduction de Glenn Frey. Le public est pour le moment encore tiède. Musicalement, c'est très riche, les cinq musiciens suent sang et rock pour partager leur feeling. Un vrai voyage à travers le temps, vers les tubes néon, on se sent vivifié tel Sonny Crockett au volant de sa Ferrari dans “Miami Vice”. Nous voyageons vers une ère de soli de basse, de claviers inspirés, de batteurs fous, de guitar-heroes... et bien sûr de chanteurs poseurs. Erik Grönwall vaut le détour avec sa coupe de minet qui fend l’air rageusement ! A l'instar de leurs confrères suédois et finlandais, voilà un groupe sur qui compter pour entretenir la flamme du hard rock old-school et les musiciens le font très bien. Ils le font avec plaisir, ils sont là pour nous divertir, pour nous en mettre plein la vue... D'un coup, après un medley hommage aux ancêtres du genre, je m'aperçois que l'auditoire est réveillé, signe que ce concert est réussi et approuvé par les Alsaciens amateurs de bons crus. Ça groove dans la coquille !

Une heure de condensé, d’énergie. Le groupe est salué comme il le mérite. Le frontman monte dans les gradins embrasser les ladies de tous âges et résume le show en scandant : « Rock n'Roll ! ». Je profite de l’intermède pour faire une pause et souligner l’intelligence des organisateurs qui permettent à tous d’aller et venir entre les concerts. Ainsi, nous pouvons profiter des divers stands, où quand la musique se marie avec du gewurztraminer vendanges tardives ou des saucisses frites...



 

18h30, H.E.A.T. nous a réveillés et rappelé à nos amours rock de l’âge d’or, voici la Reine. Doro ébranle la coquille avec son "Earthshaker Rock". Toujours rayonnante et souriante, la belle blonde allemande se résume sans doute à sa générosité et à son amour. Amour du heavy metal et du public auquel elle offre comme toujours une prestation survoltée et sincère. Evidemment, les titres de son ancien groupe WARLOCK sont largement majoritaires, ah, les « I rule the ruins » ou « East meets West » repris en chœur avec force par les fans... L’événement sera la présence sur les trois quarts du concert de Tommy Bolan, guitariste de WARLOCK, venu s’éclater comme un démon sur tous ces titres mythiques. Parmi les morceaux de sa carrière solo, Doro Pesch nous gratifie d’un "Raise Your Fist" au refrain chanté en français. comme je l’ai précisé, Doro nous aime et nous l’aimons en retour. Nous prenons du plaisir à faire écho à sa voix sur "Breaking The Law". A noter un titre extrait du nouvel album, "All For Metal", qui passe très bien. Jusqu’à la dernière note, la chanteuse fouette l’air de ses cheveux et communie avec ses fans. Je note avec tristesse toutefois qu’en dehors de la fosse, les spectateurs dans les gradins sont un peu tièdes. De la condescendance ? Ce n’est pas grave, je sais que bientôt à la Laiterie de Strasbourg, nous retrouverons la Metal Queen et nous serons largement récompensés pour notre fidélité.



 

A la vue des tee-shirts portés par l’assistance à 20 h, on sait qui va débouler. Les loups tant attendus POWERWOLF qui bénissent nos acclamations à grands coups de "Blessed And Possessed". Je ne me lasse pas de leur spectacle, tout en maquillages, flammes, poses iconiques et riffs ravageurs. Le set est court pour les fans, seulement 10 titres, mais ils en ont pour leur argent, les deux derniers albums étant largement représentés. Passés les classiques "Army Of The Night" ou "Amen And Attack", c’est une excellente surprise d’entendre jouer "Demons Are a Girl’s Best Friend", un titre groovy qu’aurait pu composer l’ami Rob le mort-vivant. C’était couru d’avance, je me retrouve à danser comme un beau diable et on me fusille du regard. Oui, mieux vaut reporter ses yeux sur la scène, les photos de Christian Ballard attestent de la qualité du groupe en live. Attila Dorn, comme à son habitude, prend plaisir à jouer avec nous, nous entraînant dans les « Hou » et « Ha » de ses refrains. Ambiance bon enfant, un final sur les incontournables "Sanctified With Dynamite" et "We Drink Your Blood", POWERWOLF se retire sous de puissants applaudissements.



 

21h30, l’heure de… GHOST. La coquille est pleine à craquer. Une multitude de jeunes fraîchement convertis arborent des tee-shirts du groupe. Il semble que personne ne soit là par hasard. Bon, en sachant que je vais me faire certainement lyncher : GHOST est une arnaque... mais une arnaque qui nous régale.

Ce groupe, à mon avis, et cela n'engage que moi, c’est du metal qui n’est pas du metal. GHOST ? C’est en devenant le fantôme d’un fantôme que le groupe devient de plus en plus tangible. Mais à chaque fois que l’on croit en avoir fait le tour, au détour d’un album et d’une tournée, voilà qu’il revient transformé. Tobias Forge s‘est démasqué pour mieux revêtir… un masque ! Exit le Pape que l’on croyait mériter, il a été enterré et remplacé par le Cardinal Copia. Voici venir, accompagné de sept nouvelles ghouls, dont deux filles très impliquées par leurs déhanchés, GHOST dans un show complétement différent. Donc oui, il s’agit bien d’une belle, d’une somptueuse arnaque et on en redemandera après ce set d’une heure trente, qui met en avant dix morceaux des deux derniers albums, "Rats" et "Absolution" ouvrant le bal sous les hurlements ravis du public. Les quelques morceaux rescapés des premiers albums sont joués avec un son neuf, donc on reste dans cette optique de transformation.

Au détour d’un "Ritual" au son toujours aussi lourd et seventies, je me dis que décidément, je n’aime pas ce nouveau masque au sourire rendu pervers par son absence. Un air de Charlie Chaplin. Drôle d’idée. Enfin, pas si absurde que ça. Sur les précédentes tournée, GHOST, c’était une messe noire. Ce soir à Colmar, nous assistons à la représentation d’une comédie musicale avec le Cardinal dans le rôle de Monsieur Loyal. Tout est étudié en ce sens, les poses des musiciens, les speechs amusés de Copia... Tout est calculé, du décor minimaliste en carton pâte jusqu’aux éclairages théâtraux. Je fonds littéralement de bonheur sur "From The Pinnacle To The Pit". Oui Chaplin est bien présent, et la salle devient un cabaret berlinois des années folles.

Des moments forts, nous en avons ce soir : un "Devil Church" aux accents floydiens, l’instrumental et déroutant "Miasma" joué avec l’intervention de Papa Nihil au saxophone, l’excellente reprise "If You Have Ghosts" jouée à n’en plus finir pour notre plus grande joie, le diaboliquement disco "Danse Macabre". Après un premier final magique sur les notes de "Square Hammer" GHOST achève le concert avec le monstrueux "Monstrance Clock".

Voilà une bien belle édition de la Hard Rock Session qui s’achève. Nous pouvons remercier les groupes et les organisateurs de la Foire aux Vins d'Alsace, en leur donnant rendez-vous à l’année prochaine !


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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