17 novembre 2019, 23:56

TYRANT FEST 2019

@ Oignies (Jour 2)

La seconde journée du Tyrant Fest débute par une cruelle déception : interview avec SETH oblige, nous arrivons bien trop tard pour assister à la prestation de N.K.R.T. dans le petit, tout petit, auditorium. Dommage j’aurais tant voulu découvrir le rituel médiéval de Frater Stéphane...

Le hall du Métaphone se remplit et devient vite bondé : ce dimanche est sold out – pour la première fois en quatre éditions du festival – et l’ouverture des portes de la salle prend du retard.

Notre patience est toutefois récompensée avec, dans les odeurs d’encens, la prestation envoûtante de WOLVENNEST. Un autel garni de chandelles trône au milieu de la scène, derrière laquelle un écran projette des visuels dans un noir et blanc malsain, des paysages lugubres hantés par des oiseaux inquiétants qui hantent des cadavres. Les Belges nous emmènent dans un pays où le noir est couleur, au son d’un doom seventies teintés de sonorités mystiques. La chanteuse et son thérémine tissent des ondes mystiques qui se mêlent à sa voix en d’envoûtantes mélodies. Les deux guitaristes – l’un au look metal, l’autre au style dandy – tissent des lignes majestueuses et sinistres. Un voyage marquant dans des contrées aussi belles qu’inquiétantes.
Avec THE SECRET, le noir fait place au rouge, de la couleur des lights et du vin que le chanteur partage, au goulot, avec son public. Portés par une batterie énorme, les Italiens balancent leur haine à travers un hardcore teinté d’ambiances obscures. La violence est au rendez-vous, pour le plus grand plaisir d’une fosse déjà électrique.

Avec leur masque d’or dont les piques évoquent la statue de la liberté, IMPERIAL TRIUMPHANT propose un voyage vers New York, cité de la décadence. Le concert, vite lassant, est rythmé par une voix off, pareille à celle d’une hôtesse de l’air, qui nous guide à travers le périple imaginé par les Américains. Leur musique complexe, aux accents jazzy, ne touche l’auditeur que dans ses moments de répit, dans ses plages les plus calmes...



Lourd, pesant, heavy, strié de lights blancs qui tombent sur le frontman comme le Saint-Esprit sur celui qui a la révélation, le black de MEPHORASH est un office religieux maudit. La voix du chanteur principal, dont les mains, comme incontrôlables, ne cessent de danser en étranges incantations, évoque une liturgie impie, d’obscènes prières. Le décorum occulte crée une ambiance sacrée, renforcée par le côté répétitif des chansons.

Fi des artifices et place à un black brut et nature, quand la musique se suffit à elle-même. Gaahl et son groupe, GAAHL'S WYRD, offrent une prestation d’une solidité rare, à l’image du monstrueux "Carving a Giant" tiré du répertoire de GORGOROTH. Le chanteur, au charisme diabolique, ne parle pas, laisse le silence s’installer entre les morceaux ou lors de la résolution d’un problème technique. Il arpente la scène, lentement, laissant ses acolytes multiplier les pauses typiquement metal. Lui, impassible, règne sur une salle conquise, tant par les compositions tirées du récent « GastiR - Ghost Invited » que par les reprises de GOD SEED. Une atmosphère intime se crée entre la scène et la fosse, qui s’incarne dans les poignées de mains distribuées par Gaahl à la fin d’une prestation impressionnante.



« Nous vous prévenons que MAYHEM va jouer 30 minutes de plus que ce qui était prévu ! », annonce l’organisateur. Les Norvégiens vont ainsi décliner leur concert en trois temps, trois ambiances, trois styles. Place d’abord à « Daemon », la dernière production, réussie, avec quatre titres, dont le malsain et lancinant "Invoke The Oath", pour conclure cette première partie. Le groupe, en tenue noire, à l’exception d’un Attila, déjà possédé, en lambeaux, maquillé et cornes sur le front, croix en os à la main, fait déjà corps avec sa musique, se drape dans ces accords sinistres, comme durant "My Death", extrait de « Chimera ». Derrière la batterie gigantesque et disposée en angle droit d’un Hellhammer fascinant, une musicienne gère les effets qui enrichissent les titres récents du groupe.
Deuxième salve avec, comme en atteste le backdrop, un retour à la période « De Mysteriis Dom Sathanas ». Dès l’intro glaçante de "Freezing Moon", la folie gagne la fosse, comme possédée par ces notes démentes, distillées par cinq magiciens en robes noires, menés par un Atila semblant discuter avec un crâne. Sur "Pagan Fears", le pit est le théâtre d’un début de bagarre, vite maîtrisée. L‘enchaînement "Life Eternal" / "Buried" clôt ce chapitre en un orage sinistre... avant que n’explose, en rage pure, en éclairs froids, l’ultime assaut, centré sur « Deathcrush ».
Necrobutcher, torse nu, les traits déformés par la haine, donne le ton de ce crachat direct, de ce morbide dégueulis death. Attila, visage découvert, les avant-bras cloutés, s’époumone sur ces titres intemporels avant d’éructer un ultime "Pure Fucking Armageddon". MAYHEM, implacable, a étalé sa haine bestiale et grandiose.

Jour 1


Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK