Oui SVART CROWN refuse l'immobilisme. Non ce n’est pas une remarque lâchée à la légère, accoudé au comptoir entre deux galopins de Stella, mais bel et bien le constat que faisait Jean-Baptiste Le Bail il y a de cela trois ans dans nos colonnes. Quelques jours avant la sortie du dernier album en date, « AbReaction », le leader du groupe évoquait en effet la place primordiale qu’occupaient les ambiances et une envie d’expérimenter qui n’avait jamais été aussi vivace. Force est de constater que ces mots pourraient être ici repris à la virgule près à quelques jours de la sortie de « Wolves Among The Ashes ».
"Thermageddon", dévoilé il y a quelques semaines par le groupe sur les réseaux, laissait penser à un retour aux sources du death testostéroné comme l’affectionne ses petits copains américains. Que nenni ! A l’écoute de ce nouvel album, notamment de "Blessed Be The Fools" avec ses allures martiales ou "Down To Nowhere" que l’on croirait droit sorti du bayou de Louisiane, le SVART CROWN cru 2020 n’a peur de rien ! Quitte à piocher un peu partout tout ce qui peut lui permettre d’apposer sa griffe et sortir de la masse, développant à l’envi une facette plus mélodique de toute beauté. En contrepoids, les ambiances distillées ci et là mettent à l’honneur des compositions de plus en plus "progressives" qui intègrent une large portion de chant clair. Le constat est sans appel, le groupe explose les limites ténues du black/death maléfique dans lequel il évoluait il y a de cela encore quelques années : le ring sur lequel évolue SVART CROWN s’apparente désormais à une cage de MMA. Ici, tout est permis !
Parallèlement à cet état de fait les Niçois adoptent un virage plus sombre, plus mid-tempo que sur le précédent « AbReaction », avec l’ajout de riffs toujours plus dissonants et de cavalcades heavy bien senties qui sont ici légions. Celles-ci cohabitent en harmonie avec une section rythmique qui balance mélodie meurtrière sur riff d'acier. "Exoria", "Art Of Obedience" ou "The Altar Of Beauty" sont à ce titre du SVART CROWN pur jus mêlant avec un certain doigté ce sens du break qui tue et du parpaing bien lourd. L’exécution de l’ensemble est limpide même dans les passages plus speed : les mélodies sont omniprésentes, distillées çà et là avec classe, calées entre deux assauts rythmiques fracassants.
Le reste est lui aussi de très bon niveau. Prenez l'artwork imposant signé par le très en vue Dehn Sora, qui rappelle l’explosif « Destination Nulle Part » de NECROBLASPHEME, et une production signée du lui aussi très en vue Francis Caste et vous obtiendrez un groupe qui a toutes les cartes en main... pour être très en vue !