18 juin 2021, 18:50

HELLOWEEN

"Helloween"

Album : Helloween

J’avais pensé que cet album serait une réussite, j’étais persuadé que les attentes induites par le retour des membres historiques que sont le chanteur Michael Kiske et le guitariste-chanteur Kai Hansen seraient exaucées. Ce disque a rempli au-delà du possible les espoirs qu’il avait suscités chez les fans. Il avait cristallisé les rêves les plus fous des adorateurs d’HELLOWEEN pendant de longs mois... Quoi de mieux, dites-moi, que d’utiliser le plus-que-parfait pour démarrer cette chronique ? Car, soulignons-le d’emblée, ce disque l’est en tous points et « Helloween » n’est pas un nouvel album du groupe allemand mais bel et bien le premier d’une nouvelle ère, dixit les interviews accordées récemment à la presse pendant sa promotion.

Il y a eu, dans l’Histoire du rock, peu de formations pouvant s’enorgueillir de retrouver (dépasser ?) un niveau sur un disque où l’on a observé le retour de musiciens historiques en leur sein. Dans cette perspective, l’exemple d’IRON MAIDEN avec son « Brave New World » en 2000 vient de suite à l’esprit. Ici, les Hambourgeois synthétisent en douze titres (quinze avec l’ensemble des bonus) la totalité de ce qui a forgé leur identité sonore au fil des bientôt quarante ans de carrière qu’ils cumulent. Refrains épiques, envolées de voix et de guitares, vitesse et grandiloquence propres au power metal dont HELLOWEEN se veut le godfather, l’intégralité des items devant figurer au cahier des charges a été respectée, voire même sublimée par la volonté des compositeurs de ne livrer que le meilleur du meilleur. « Helloween » en est le grandiose résultat et il a été composé avec maestria, intelligence, et est allé jusqu’aux tréfonds de l’émotion artistique pour pouvoir atteindre un tel summum. Intelligence mais aussi malice car les fans de la première heure ont droit d’entrée de jeu sur ''Out For The Glory'' à du – très – grand Michael Kiske période « Keeper Of The Seven Keys: I & II » (un Kiske impérial de bout en bout s’il fallait le souligner) et une saillie vocale du sieur Hansen à la saveur « Walls Of Jericho », délivrée ici d’une façon enragée et jamais atteinte à l’époque. Pour ne rien gâcher de ces retrouvailles, les soli de Michael Weikath, Sascha Gerstner et Hansen s’étalent sur près d’une minute et ne font qu’ajouter à l’énorme gifle que procure ce morceau. On attendait du fantasy ? Nous avons droit en lieu et place à un pur fantasme éveillé. Et nous n’en sommes qu’au premier titre, celui-ci étant aussi réussi, plus peut-être même, que ''Fear Of The Fallen'' et l’épique composition de Kai Hansen, ''Skyfall'' (douze minutes au compteur pour la version longue, la "courte" – 7mn quand même – figurant sur le single du même nom), les deux titres parus en amont.

De quoi atomiser toutes les prévisions, aussi bonnes eussent-elles été depuis l’annonce de ce nouveau disque. Mais loin s’en faut pour « Helloween » d’en être arrivé à son apogée sur cette première chanson. Celles qui suivent, ''Best Time'' notamment et ses paroles chantées par le duo Kiske/Hansen qui ne laisse pas d’ambiguïté sur les sentiments qu’ils éprouvent à être de retour dans HELLOWEEN (« Cela va être le meilleur moment de ma vie / Demain est un autre jour parfait / Une nouvelle chance, plein d’autres moments pour jouer »). ''Mass Pollution'', ''Robot King'' ou bien ''Down In The Dumps'' signée par Weikath, pour en citer d’autres, ne sont aucunement des titres de remplissage mais de véritables pierres d’infinité (les fans de Marvel comprendront). Pour vous figurer, la qualité est telle tout au long de l’heure et vingt minutes que dure « Helloween » dans son entièreté que l’on en est abasourdi au détour de chaque couplet, soli et refrain. Un fait rare, surtout pour des groupes avec une longévité et un nombre d’albums conséquents comme le leur et, plus encore, là où sont nombreux ceux qui ont certainement douté d’une telle entreprise et de ce qu’elle engendrerait à l’arrivée. Les personnes s’étant procurés les éditions où figurent les titres bonus inédits (''Pumpkins United'' remontant à 2017) ne seront pas déçus car là encore, le groupe frappe fort avec les formidables ''Golden Times'' et ''Save My Hide'', qui se veulent hymnes instantanés.

Si l’on se penche sur la production, rien n’a été laissé au hasard par le gourou des manettes qu’est Charlie Bauerfeind, compagnon de longue date des citrouilles qui leur a concocté un son massif et qui permet de saisir les détails et nuances des parties de chacun. Rajoutez à la recette des potirons un enregistrement sur console analogique dans les anciens studios du groupe et l’utilisation du kit de batterie du regretté Ingo Schwichtenberg, et vous vous figurerez vous asseoir à la table d’un chef (très) étoilé. C’est bien simple, tout est prétexte à émerveillement, qu’il en soit des enchevêtrements des voix et leur répartition (le rentre-dedans Andi Deris, l’opératique Kiske et le nain enragé Hansen comme il se décrit lui-même), la construction des soli et leur mise en place où chaque guitariste sert les autres, les thèmes abordés – ancrés dans la réalité ou dans le domaine de l’imaginaire, comme des arrangements subtils qui se dévoilent au fil des écoutes et qui n’en sont que la modeste illustration.

Au moment de conclure, si l’on joue uniquement sur la fibre nostalgique et l’impact qu’ont engendré « Walls Of Jericho » et les deux premiers « Keeper Of The Seven Keys » sur une période donnée, un genre en lui-même et plusieurs générations de fans, ce disque ne pourra bien sûr les supplanter. Mais, et c’est une bien meilleure façon de lui rendre justice et d’être un tant soit peu plus objectif, « Helloween » est bel et bien le plus bel album d’un groupe qui se réapproprie une couronne qui lui a toujours sied à la perfection, repoussant les limites et posant de nouveaux jalons. Pour la seconde fois de sa carrière, HELLOWEEN en tant que groupe, est un mètre-étalon qu’il sera difficile d’égaler, une mission qui relève d’ailleurs littéralement de l’impossible (fantasy ?), au regard du line-up qui le constitue aujourd’hui et de l’aura dont il bénéficie à nouveau. A couper le souffle !

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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