28 octobre 2021, 23:55

Marco Mendoza + BACK ROADS

@ Pérols (Show-Case Recording)

Il s’en est fallu de quelques minutes seulement pour que l’inédit proposé ce soir par BACK ROADS ("19:49") ne coïncide avec l’heure exacte où la formation lyonnaise déboulait sur scène. Et c’est précisément à Lyon que les membres du groupe ont rencontré un certain Marco Mendoza. C’était en 2018, à l’occasion de la tournée des DEAD DAISIES, dont ils assuraient la première partie. La relation professionnelle s’est transformée en amitié, et le groupe français de jouer les entremetteurs, pour faciliter la venue du bassiste-chanteur en France. C’est désormais chose faite ! Sûr que si George Peppard/Hannibal Smith était encore de ce monde, il nous aurait asséné sa fumeuse formule : « j’adore qu’un plan se déroule sans accroc ! »
 


Avec sa longue chevelure blanche et ses faux-airs de Louis Bertignac ou de Biff Byford, Fabrice Dutour, le guitariste à l’origine du groupe, annonce la couleur : ce sera heavy ET blues. Une alliance qui fonctionne parfaitement, magique (Fabrice a aussi un p’tit quelque chose de Gandalf, pour ne rien vous cacher), lorsque Christophe Oliveres, le second guitariste, répond aux appels de la première six-cordes et que les deux se livrent à quelques joutes tout en feeling. Très typées 70’s, sans pour autant être figées dans le temps et avoir ce p’tit arrière-goût de formol. Rien de tout cela ici, assurément !

Les mélodies sont accrocheuses, les morceaux bien structurés, les chœurs travaillés, le son est puissant et l’énergie très présente. À l’image de Sylvaine Deschamps. À l’aise avec la langue de Shakespeare, la chanteuse de BACK ROADS l’est tout autant avec son corps. Une grosse présence scénique qui s’explique aussi par ses longues années passées à pratiquer la danse… Et ça fonctionne parfaitement ! Sur "Frenetic Traffic", on perçoit des petites intonations de voix à la Doro Pesch, puis Sylvaine de nous charmer, lorsqu’elle se déplace dans la salle, à la rencontre du public... Derrière, Franck Mortreux (basse) et Bilal Hardy (batterie) tiennent la barraque. La moustache du bassiste frétille – comme celles de Valentin, Pujol ou Terrasson, période "Brigades du Tigre", avant lui – et l’on sent la section rythmique bien en place. Très à l’aise, complémentaire et heureuse d’être là. Comme nous, du reste ! Un très bon moment de heavy-rock-blues-bien-burné-comme-on-les-aime : bravo !
(Set-list)

C’est au son du "Pink" d’AEROSMITH que Marco Mendoza fait son entrée sur scène, depuis le public, un boa coloré – à tendance rose, forcément – autour du cou, pattes d’éph’ pour les chevilles ! Et c’est parti pour un "Sweetest Emotions" qui n’est justement pas sans rappeler le son cher à la bande à Tyler (déjà le titre !), période « Permanent Vacation » : des – faux – cuivres, un refrain funky, quelques cris survoltés et un morceau particulièrement entrainant, qui fait illico monter la pression dans le public. Tommy Gentry (qui joue également dans le groupe GUN) plante ses ongles vernis dans sa six-cordes et tire ses premiers bends de la soirée, tandis que derrière sa batterie, Kyle Hugues (BUMBLEFOOT) arbore un tee-shirt "CANNIBAL CORPSE" qui en dit long sur l’éclectisme du power-trio.

Après l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et la Suède, le "Take It To The Limit World Tour 2021" pose donc ses enceintes à quelques encablures de Montpellier, au Show-Case Recording de Pérols. La salle d’André Hampartzoumian a vu le jour 48 heures avant le premier confinement de mars 2020, et l’on ne peut que le remercier d’avoir tenu le cap, dans cette période ô combien délicate, pour nous accueillir dans ce lieu de vie aussi moderne que cosy. Et bien équipé, puisque le son concocté par Alex et Romain, sur leur console Soundcraft, permet à la basse de Mendoza de roucouler pile-poil comme on aime sur sa reprise groovy du "Hey Baby" de Ted Nugent. Un titre qui figure sur le premier album du chanteur-guitariste, avec lequel Marco a collaboré et tourné il y a une vingtaine d’années. Tout en sensualité, c’est exactement le genre de morceau qui pourrait inciter la gent féminine à venir se déhancher au premier rang… et c’est exactement ce qui se passe ! Le mid-tempo "Sue Is On The Run" ne fait pas réellement descendre la température, tant la mélodie évoque les implacables ballades de KISS, période « Asylum » ou « Crazy Nights », au beau milieu des eighties...
 


Petite surprise sur la reprise du très bluesy "Hole In My Pocket" d’un certain Neal Schon – guitariste-chanteur et membre fondateur de JOURNEY, avec lequel Marco tournait il y a tout juste quelques semaines de cela – puisqu’un second guitariste est invité à monter sur scène. Il s’agit du montpelliérain Timothée Bertram (HEADKEYZ), qui a rencontré Marco, Tommy et Kyle deux jours plus tôt, lors des jam-sessions organisées chaque semaine par le Show-Case Recording. Le trio devient donc quatuor le temps d’un morceau et les parties de guitare s’enchainent les unes aux autres ! Joli moment de partage : très cool... tout comme la reprise du "Give Peace A Chance" de John Lennon, premier morceau de la carrière solo du britannique. Différence notable toutefois : l’électricité ! Les plaques de guitare saturée donnent ainsi une toute autre couleur au titre. On imagine alors mal les 150 spectateurs présents au Show-Case vivre ce moment en mode "bed-in", comme à l’époque. Mais la magie de John & Yoko opère toujours et tout le monde tape dans ses mains dès que le mantra retentit : "All we are saying, is give peace a chaaance"... Retour à l’ère contemporaine tout en douceur, puisque "Rocketman" – quatrième extrait du dernier album de Marco joué ce soir : « Viva La Rock » – est saupoudré d’une touche seventies franchement pas dégueu. La basse et la batterie sont aussi lourdes que groovy et la percée de Tommy Gentry est pleine de rage. Le break de la section rythmique calme un peu le jeu, avant que la machine ne s’emballe à nouveau, amplifiée par les cris hargneux de Marco Mendoza. Péchu, "Look Out For The Boys" prend la relève et s’inscrit dans la même lignée : ce seront les morceaux les plus heavy joués ce soir.
 


Une pause s’impose : Marco interpelle le public et déconne avec lui avant de nous proposer une revisite du "God Bless The Child", de Billie Holiday. La basse fait trembler les murs et le conquistador Mendoza se fait crooner. Le public claque des doigts et rythme le morceau. Joli hommage rendu à cette grande Dame du jazz comme du blues et l’occasion de réécouter cette complainte douloureuse, née il y a 80 ans (et si ça peut aussi vous donner envie d’aller écouter le saxo de Sonny Rollins, la clarinette d’Eric Dolphy, la trompette de Lee Morgan ou bien les cordes de Karen Dalton pour autant de reprises, c’est tout bénéf’ !). La ballade "Still In Me", extraite du premier album solo de Marco (« Live For Tomorrow » – 2007) prend la suite, histoire de prolonger cette plage tout en sensibilité ; convenue, certes, mais pas désagréable. Notamment la belle envolée de la six-cordes, pleine d’émotions. Le timbre de voix du playboy latino – grave et quelque peu éraillé – prend ici toute sa dimension éminemment caliente... et nombre de demoiselles sont au bord de l’évanouissement, dans les tout premiers rangs ! La reprise, très lourde, du "Higher Ground" de Steevie Wonder se charge de remettre tout le monde d’aplomb et dans le droit chemin. La basse, omniprésente, est la pierre angulaire du morceau... et elle écrase tout sur son passage : monstrueux ! Et pendant que Tommy se coltine les chœurs, Marco se fend de cris possédés dans les dernières secondes. Pas mal du tout.
 


On enchaine alors sur deux classiques de THIN LIZZY : "Chinatown" et "Jailbreak". Ces riffs, ces solos, ces breaks, cette basse qui roucoule : tout y est ! Ça groove tellement qu’on regrette presque de ne pas être né quelques années plus tôt, pour voir le groupe irlandais sur scène… Et puis, Mendoza en bassiste-chanteur de "Chinatown", forcément, on ne peut pas ne pas penser à Phil Lynott. C’est ensuite à Kyle Hugues de prendre possession du micro pour assurer les vocaux de "Jailbreak", tout en jonglant entre cymbales, toms et grosse caisse. Quel acrobate ! Mieux que des covers, on dirait que les morceaux appartiennent au répertoire du Mendoza’s band, tant le trio se les est appropriés. Il faut dire que Marco a joué pendant plusieurs années dans le groupe, après le décès de son leader, notamment avec John Sykes et Scott Gorham. Et ce mix heavy-fusion-funk-soul colle parfaitement à la peau de Mendoza. La preuve avec son "Viva La Rock", ultime morceau de la soirée, balancé en rappel, torse-poil et nouveau boa rose-noir autour du cou ! C’est rock, c’est efficace, pêchu et mélodique, brutal et festif à la fois. Et ça n’aurait pas dépareillé sur un album des DEAD DAISIES, période John Corabi ! On sent que le groupe est heureux d’être sur scène et de faire découvrir ses compos. Et le public bien content de les entendre !

Une ambiance de fête qui se prolonge dans la salle, avec des musiciens qui échangent volontiers quelques mots et un Marco très accessible, qui se prêtre au jeu des selfies... à condition que ce soit lui qui tienne l’appareil ! Histoire d’être sûr que le cliché sera bien cadré. Une véritable fiesta, colorée et chaleureuse, à l’image du "I Got You (I Feel Good)", titre-phare de James Brown joué l’après-midi, au cours des balances. Une petite boule d’énergie funk (et une démonstration de basse, sur sa 5 cordes, puis sa 6 !) largement applaudie par toutes les personnes présentes. Merci pour ce chouette concert, M’sieur Mendoza ! On se revoit donc à Montpellier l’année prochaine, comme convenu, pour découvrir votre quatrième album ? Ça a été enregistré sur dictaphone durant l’interview... à suivre.
(Set-list)

Photos © Stéphane Coquin - Portfolio.
 

Blogger : Stéphane Coquin
Au sujet de l'auteur
Stéphane Coquin
Entre Socrate, Sixx et Senna, impossible de faire un choix… J’ai donc tenté l’impossible ! Dans un mouvement dialectique aussi incompréhensible pour mes proches que pour moi-même, je me suis mis en tête de faire la synthèse de tout ce fourbi (et orbi), afin de rendre ces éléments disparates… cohérents ! L’histoire de ma vie. Version courte. Maîtrise de philo en poche, me voilà devenu journaliste spécialiste en sport auto, avant d’intégrer la valeureuse rédaction de HARD FORCE. Celle-là même qui prit sauvagement part à mes premiers émois métalliques (aïe ! ça fait mal !). Si la boucle n’est pas encore bouclée, l’arrondi est désormais plus que visible (non : je ne parle pas de mon ventre). Preuve que tout se déroule selon le plan – savamment – orchestré… même si j’aimerais que le tempo s’accélère. Bon, et sinon, qu’est-ce que j’écoute comme musique ? Du bon, rien que du bon : Platon, Nietzsche, Hegel et Spinoza ! Mais je ne crache pas non plus sur un bon vieux morceau de Prost, Villeneuve ou Alonso… Comment ça, Christian, faut tout réécrire !?!
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