25 mars 2022, 19:00

IRON MAIDEN

"Rock In Rio" (2002 - Rétro-Chronique)

Album : Rock In Rio

Nous sommes (déjà) en 2022 et cet album fête ses... 20 ans !

Avant d’en arriver à ce 25 mars 2002, jour de sortie de « Rock In Rio », huitième live d’IRON MAIDEN, commençons par le commencement si vous le voulez bien. Second passage du groupe (après celui de 1985) en tête d’affiche du festival Rock In Rio se déroulant cette année-là sur sept journées au total, cette date commémore la fin d’une tournée de plus de 80 concerts, débutée le 2 juin 2000 à Strasbourg. Et en ce 19 janvier 2001, date à laquelle eut lieu la prestation, 150 000 fans se sont déplacés pour applaudir la Vierge de Fer mais aussi Rob Halford ainsi que SEPULTURA, les locaux de ce raout métallique annuel. La jauge du festival autorise jusqu’à 250 000 spectateurs mais les organisateurs ont préféré limiter le nombre de billets mis en vente pour la journée metal pour des questions de sécurité et afin de pallier à d’éventuels débordements, les fans sud-américains d’IRON MAIDEN étant du genre, disons fervents. Pour accéder au site, le groupe a ainsi dû survoler en hélicoptère une marée humaine de plusieurs centaines de milliers de personnes, point culminant d’une journée plus que stressante, les membres du groupe, avant d’être acheminés sur les lieux peu avant le début du spectacle, étant restés les longues heures précédant le show cloitrés chacun dans leurs chambres d’hôtels. Dans ces contrées, il est tout bonnement impossible pour les musiciens de sortir ou alors au prix de subterfuges divers et variés, des centaines de die-hard fans les attendant nuit et jour devant leur hôtel et ce, à chacune de leurs venues. Pour pimenter les choses, ajoutez la pression d’être filmé pour la télévision qui va retransmettre l’événement pour plusieurs millions de téléspectateurs et, bien sûr, le fait d’enregistrer la prestation en vue de sortir un album live. Car bien que le groupe archive chacun de ses concerts, lorsque l’on sait que la date va passer à la postérité, c’est un poids supplémentaire qui pèse sur les épaules des musiciens concernés. Pour mémoire, seule la tournée « Somewhere On Tour » de 1986-1987 n’a pas été enregistrée, sur les conseils pas très avisés cette fois-là du manager Rod Smallwood qui souhaitait faire des économies, au grand dam du bassiste Steve Harris qui jura alors qu’il ne laisserait plus jamais se reproduire cette erreur à l’avenir.

Mais en 2001, IRON MAIDEN n’est plus un perdreau de l’année et sait comment gérer un stress pareil. En frontman exceptionnel qu’il est, Bruce Dickinson n’a alors pendant ce concert plus touché terre pendant 2h, finissant exsangue et sous oxygène pour se remettre du marathon scénique qu’il venait d’accomplir, démontrant qu’il était (et est resté) l’un des plus grands meneurs de foule qui soit. Galvanisé, survolté, il invective la foule qui lui mange dans la main et s’octroiera même un petit plaisir à la fin de "2 Minutes To Midnight" en saluant ses amis de SEPULTURA mais aussi, et surtout, en envoyant gentiment – version politiquement correct en ces lignes – « se faire voir ailleurs » les éventuels fans de Britney Spears présents dans la foule, la pop-star américaine ayant été programmée le jour précédant le passage de MAIDEN. Petit laïus que l’on retrouve uniquement sur la version CD de la série « The Live Collection Remastered », parue en juin 2020, et absent de la version de 2002. L’introduction de l’album et de la tournée est un extrait de "Arthur’s Farewell", musique tirée d’un film sorti sur les écrans en 1995, First Knight (Lancelot, le premier chevalier), avec Richard Gere et Sean Connery dans les rôles principaux. Elle a été composée, comme l’ensemble du score, par Jerry Goldsmith, chef d'orchestre, compositeur, musicien, compositeur de musique de films, ayant œuvré pendant plus de cinq décennies. Au cours de sa carrière, il collabora de manière privilégiée avec certains cinéastes comme Robert Wise (La Canonnière du Yang-Tse, Star Trek, le film), Paul Verhoeven (Total Recall, Basic Instinct, Hollow Man) ou Joe Dante (Gremlins, Small Soldiers) et Franklin J. Schaffner (La Planète des singes, Papillon, Patton) et il signa également les partitions de la trilogie originale des Rambo.

Et, à l’issue de l’incontournable "Doctor, Doctor" d’UFO et de l’introduction précitée, vient enfin le moment d’entrer dans le vif du sujet avec une salve de trois titres issus de « Brave New World », "The Wicker Man", "Ghost Of The Navigator" et le titre éponyme. Un faits assez rare pour être souligné car ce sont en général deux morceaux d’un nouvel album (parfois un seul) qui sont interprétés en ouverture de leurs concerts. Un début en fanfare donc pour le nouveau line-up du groupe qui a vu revenir en ses rangs deux ans plus tôt les déserteurs Dickinson et le guitariste Adrian « H » Smith (partis respectivement en 1990 et 1993) et pas peu fier d’avoir sorti l’excellent « Brave New World ». Un album qui, vingt-deux ans plus tard, s’est élevé au rang de classique de leur discographie. La Vierge de Fer alterne ensuite titres récents et anciens, comme annoncés par Bruce avec humour (« Something old, something new… oh, something from our jurassic period… Wrathchild! » / « Quelque chose de vieux, quelque chose de récent… oh, un truc de notre période jurassique… Wrathchild ! »), les désormais six membres d’IRON MAIDEN délivrent des versions parfaites du tout récent "Dream Of Mirrors" et de "The Clansman" et "Sign Of The Cross", deux titres rescapés de l’ère Blaze Bayley aux côtés de plus classiques et obligatoires "The Number Of The Beast", "2 Minutes To Midnight", "Fear Of The Dark" ou encore "The Evil That Men Do". Témoignage du fair play de ces anglais pur Earl Grey, la répartition des soli avec le retour d’Adrian se voit revue, celui-ci se joignant à Janick Gers pour ceux de "The Trooper" et "The Evil That Men Do", qu’il avait en charge jusqu’en 1988, Gers ayant repris ces soli durant l’absence de Smith de 1990 à 1998. Le groupe continuera d’ailleurs à jouer ainsi pendant quelques années avant de rendre à Adrian ce qui appartient à Smith, notamment sur "The Trooper". On poussera alors un « ouf » de soulagement, le doublage de soli n’ayant pas été leur meilleure expérimentation, question de goûts cependant diront certains. Malheureusement, et cela ne fera qu’apporter de l’eau au moulin des détracteurs du sautillant Janick, ce dernier revisite grandement le solo sur "Hallowed Be Thy Name" avec le style de jeu qu’on lui connait, pas mauvais pour autant, mais sans parvenir à transcender celui d’origine cela va de soi.

Pourtant, Gers sait briller en solo comme en atteste celui qu’il propose sur "Blood Brothers" par exemple. Si on comptabilise les interventions des « Three amigos » comme on les surnomme, Dave Murray se fend de 13 soli, Gers 10 et Adrian 7 seulement et je rajouterais à titre personnel malheureusement, reprenant tout de même à son compte le premier solo de "Sanctuary" ainsi qu’il le faisait entre 1981 et 1990 (joué à l’origine par Dennis Stratton, qui apparait sur le premier album, « Iron Maiden »). 18e et dernier titre de ce titanesque « Rock In Rio », "Run To The Hills" est à prendre comme une sorte de bonus pour la date et l’album, la plupart des concerts de la tournée n’étant pas allés au-delà de 17 chansons interprétées. On remarquera par ailleurs qu’ont été très rarement joués certains morceaux de l’album « Brave New World » lors de cette tournée, à l’instar de "Out Of The Silent Planet" que l’on peut entendre sur un bootleg capté quelques jours plus tôt en Argentine à Buenos Aires le 13 janvier 2001 ou encore "The Fallen Angel", un titre entendu également à ce même concert et inclus précédemment à la setlist du concert donné par IRON MAIDEN à Saint-Etienne le 13 juin 2000 mais remplacé par "The Mercenary" lors des dates de Strasbourg et Paris.


​Comme d’habitude à chaque sortie d’albums studio ou live, le portefeuille des collectionneurs est mis à mal, « Rock In Rio » sortant dans le commerce aux nombreux formats suivants :

- Double CD boîtier cristal avec pochette cartonnée 3D lenticulaire
- Double CD boîtier cristal
- Triple vinyle picture disc pochette ouvrante
- Double cassette audio
- Double VHS (incluant sur la deuxième cassette vidéo le documentaire « A Day In The Life »)
- Double DVD pochette cartonnée
- Double DVD boîtier plastique
- UMD Music : un format plus rare qui était destiné à l’époque à être lu sur les consoles Sony PSP (seul le documentaire de la série Classic Albums « The Number Of The Beast » sortira également en 2002 sous cette forme).

Pour assurer la promotion de ce disque et des concerts de charité cités en fin d’article, le single "Run To The Hills" tiré de l’album live a bénéficié de trois éditions différentes :

- CD 4 titres illustration originale 1982
- CD 4 titres nouvelle illustration 2002
- CD 5 titres nouvelle illustration 2002
- Vinyle 7" couleur rouge 2 titres illustration originale 1982

On y retrouve plusieurs titres live ("The Prisoner" enregistré au festival de Reading 82, "Total Eclipse" et "Children Of The Damned" captés à l’Hammersmith Odeon le 20 mars 1982 – que l’on retrouve sur le CD « Beast Over Hammersmith » du coffret « Eddie’s Archives ») et des vidéos, dont la version du titre "Run To The Hills" réalisée par le studio d’animation Camp Chaos. Les bénéfices des ventes de ces singles seront reversés à la Clive Burr MS Trust Fund, une fondation créée pour la lutte contre la sclérose en plaques, une maladie dont l’ancien batteur de MAIDEN était atteint et qui l’a emporté le 13 mars 2013 à l’âge de 56 ans. Cette même année 2002, le groupe avait donc organisé, les 19, 20 et 21 mars, trois concerts à Londres dans la petite salle anciennement nommée Brixton Academy, et dont l’ensemble des profits de ces shows et de la vente de merchandising avaient aussi été donnés à la fondation. Une expérience qui fut réitérée en 2007 pour deux dates, toujours au même endroit avec à chaque fois, un t-shirt commémoratif mis en vente exclusivement sur place.

Enfin, « Rock In Rio » a été réédité en 2017 en triple vinyle pochette ouvrante mais couleur noir cette fois et qui fait partie du coffret « The Complete Albums Collection 1990-2015 ».


Pour aller plus loin :

Qu’il est cornélien de faire une sélection lorsque l’on survole les albums live d’IRON MAIDEN, vu la quantité sortie par les anglais en plus de 40 ans de carrière. Alors tachons d’en extraire quelques-uns incontournables. « Live After Death » tout d’abord, l’un des meilleurs disques en concert jamais sortis tous genres confondus, que l’on place bien évidemment en tête de liste mais l’EP « Maiden Japan », unique témoignage de l’ère de l’ancien chanteur Paul Di’Anno, a aussi toute sa place malgré sa courte longueur (4 titres seulement, 5 pour les chanceuses versions US et canadienne). Côté tournées classiques, on optera pour le « Beast Over Hammersmith 1982 » que l’on découvre également en cette année 2002 (décidément !) dans le coffret « Eddie’s Archives » et qui retranscrit l’un des premiers concerts donnés avec un récemment recruté Bruce Dickinson. Plus jamais on entendra le chanteur se donner avec autant de fougue et de hargne (ses interprétations des morceaux des deux premiers albums sont particulièrement agressives avec une mention particulière pour la speedée "Murders In The Rue Morgue"). Avance rapide ensuite jusqu’en 1989 avec la vidéo « Maiden England » captée sur la tournée « Seventh Tour Of A Seventh Tour », ressortie en 1994 au format box VHS+CD afin d’inclure la version audio. Un album qui a été réédité en DVD et double CD en 2013 sous le nom « Maiden England ‘88 », proposant cette fois l’intégralité des concerts donnés au NEC de Birmingham les 27 et 28 novembre 1988. Côté tournées best of enfin, impossible de faire l’impasse sur l’impressionnant « Flight 666 » au décorum reprenant celui de la tournée « World Slavery Tour ’84-85 » et à la set-list imparable (rien que pour les retours inespérés de "Moonchild" et "Rime Of The Ancient Mariner"). Les autres albums live ont chacun leurs qualités et vous aurez largement le choix d’y retrouver vos morceaux favoris à différentes époques.




Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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