15 juin 2023, 23:59

HELLFEST OPEN AIR

@ Clisson (Jour 1)

La veille encore, coincée au boulot et submergée de travail, j’ai du mal à croire que le moment tant attendu depuis un an est enfin arrivé. Alors, en ce mercredi 14 juin, on termine de boucler les bagages en catastrophe - certes, il aurait fallu s’y prendre plus tôt, c’aurait été plus intelligent ! - on embarque valise, provisions, Monsieur Chat et tout son attirail, puis direction Clisson, Loire-Atlantique pour le Hellfest, la grande fête du metal qui, en 2023, s’étale sur 4 jours. Passage obligatoire chez mes adorables logeurs qui m’accueillent une fois encore dans mon petit studio au calme, qui sera notre villégiature de vacances pendant ce long week-end. Bien que légèrement perturbé par le trajet et le changement de lieu, mon matou d’amour n’en perd pas l’appétit pour autant. C’est bon signe. Et c’est l’esprit tranquille que nous partons sur Clisson avec un confrère et ami, afin d’aller récupérer nos précieux bracelets.


Le soleil brille de tout son éclat dans un ciel sans nuage, et sans atteindre toutefois les températures caniculaires de l’an dernier, il fait tout de même très chaud. Comme nous arrivons tôt, nous trouvons aisément de la place sur le grand parking ouest, mais il est vain de croire que nous pourrons prendre la navette pour rejoindre le site du festival, car la file d’attente avec les campeurs chargés comme des mules est impressionnante. Et plutôt décourageante. Mais vu le nombre de fois où j’ai dû parcourir ce trajet l’an dernier, même pas peur ! Nous décidons d’un commun accord de partir à pattes, ce qui nous permet d’inaugurer la fameuse passerelle qui traverse la route, mise en place par l’organisation afin de sécuriser les festivaliers sportifs. Excellente initiative car le sentier passant par les vignes, la distance entre le parking et le site s’en trouve un peu raccourcie. Peut-être pas suffisamment pour mon ami qui subit de plein fouet les rayons brûlants que le soleil darde cruellement sur nous. Une petite halte au Leclerc nous permet de retrouver un peu de fraîcheur, avant de poursuivre jusqu’au fameux rond-point avec sa célèbre guitare. Et rien que pour cette vue et la joie immense que cela procure d’être de retour à Clisson, nous aurions pu marcher encore pendant de nombreux kilomètres. Quoique…

La récompense est au bout car nous récupérons rapidement nos bracelets, d’un joli bleu avec une puce violette pour la presse cette année, et pouvons enfin goûter au plaisir de déambuler sur le Hell City Square et le Metal Corner. Au gré des retrouvailles chaleureuses avec des amis bénévoles, nous nous attardons un peu sur le site avant de prendre la navette, disponible cette fois, pour retourner au parking puis dans nos logements respectifs pour une nuit que l’on espère reposante avant le début des hostilités le lendemain. Las !  C’était sans compter sur le mini-fauve, déboussolé de ne plus être chez lui, et qui n’a rien trouvé de mieux que de faire ses vocalises toute la nuit, comme un avant-goût des concerts à venir. Mais pourquoi diable lui ai-je donné le nom d’un chanteur ? Heureusement, la matinée sera plus reposante, le site n’ouvrant ses portes qu’à 15h. Sous un beau soleil, nous foulons l’herbe verte avec une joie non feinte et découvrons les nouveaux aménagements : The Sanctuary, un édifice imposant façon temple avec ses colonnes et son fronton, qui se trouve être le nouveau lieu du merchandising Hellfest et a pris la place de la Valley, elle-même déplacée en face de la Warzone. La place entre l’entrée de l’espace presse/VIP et les scènes s’en trouve élargit et désencombré, et ce malgré les déjà longues file d’attente devant le Sanctuary, et le merch des artistes, qui lui, se trouve désormais accolé à l’espace VIP.


Direction la nouvelle scène de la Valley afin de s’installer pour le concert d’HYPNO5E, annoncé à la dernière minute sur le créneau de CELESTE. Les Lyonnais se retrouvent plus haut sur l’affiche, en même temps qu’ARCHITECTS, pour remplacer THE SOFT MOON qui a déclaré forfait pour raisons de santé. En 40 petites minutes, HYPNO5E, désormais accompagné de l’excellent Pierre Rettien derrière les fûts, va retourner la Valley et remporter le challenge haut la main avec une prestation aussi intense qu’hypnotique, sans vouloir faire un vilain jeu de mots. Le metal cinématique du groupe alterne passages d’une violence inouïe et moments de douceur chargés d’une émotion palpable, et nous fait entrer dans une autre dimension. Du très haut niveau, absolument captivant de bout en bout ! Les musiciens ultra-doués délivrent une prestation de haute volée qui remporte immédiatement l’adhésion et la ferveur du public venu en nombre. Emmanuel Jessua alterne chant hurlé, écorché, et voix douce et caressante pour un rendu intense. Quant à Pierre Rettien, il est tout bonnement démentiel ! Son jeu est fascinant, sa technique est bluffante et son sourire rayonnant. Le groupe récolte les applaudissements à la hauteur de leur investissement. Premier concert, première giga-claque de cette nouvelle cuvée 2023 : à revoir de toute urgence !


On file ensuite vers la Main Stage 1, avec un sourire béat sur le visage, afin d’assister au concert de COHEED AND CAMBRIA, avec leur metal alternatif versatile et haut en couleur. Un moment très agréable, fun et pas prise de tête pour un sou. Puis, c’est au tour de I PREVAIL et son post-hardcore d’investir la Main Stage 2. Le parfait moment pour commencer à sauter dans tous les sens pour se dégourdir les jambes. Efficace et punchy, la musique du groupe n’en est pas moins mélodique, ce qui la rend particulièrement accessible, et le public fait savoir bruyamment son approbation.

Après une petite pause où l’on retrouve nos amis bénévoles pour partager un instant de complicité et de franche rigolade, on retourne vers les Main Stages. La foule est déjà dense et le but va être de trouver un bon spot pour se placer correctement pour les trois concerts suivants : IN FLAMES, HOLLYWOOD VAMPIRES et ARCHITECTS. Après quelques tentatives infructueuses, je trouve le coin parfait devant la régie de la MS2. Les vétérans IN FLAMES sont en forme et déploient des trésors d’énergie pour remuer les foules, mais il faut bien avouer que les anciens titres devenus cultes remportent bien plus de vivas que les nouveaux, plus pop et mélodiques. Cela dit, on ne peut rien reprocher au groupe qui s’investit pleinement dans sa mission. Afin d’avoir une vue dégagée sur les écrans et ne plus être gênée par les grands costauds qui ont toujours le chic de se poser devant moi, je me perche sur la barrière de la régie. HOLLYWOOD VAMPIRES, déjà à l’affiche en 2018  en terres clissonnaises, revient avec un set plus court et un peu moins lassant pour le coup. Les reprises fonctionnent toujours bien (mentions particulières pour le "Walk This Way" d’AEROSMITH et le "School’s Out" d’Alice Cooper qui remuent les foules) et, même avec 5 ans de plus, les musiciens assurent. Pour la plupart… Car si les vieux briscards que sont Joe Perry et Alice Cooper nous régalent toujours, il n’en est pas de même pour Johnny Depp qui, malgré son aura de star des écrans qui lui permet d’avoir une fanbase féminine très en voix, il faut bien reconnaitre qu’il chante carrément faux (ou bien était-il bourré ?), et que le charisme s’est envolé avec les années (et les fausses notes). Bref, HOLLYWOOD VAMPIRES délivre un set correct, mais fait tout de même pâle figure face aux autres artistes présents ce soir-là.


Toujours perchée sur la barrière, même si le postérieur proteste avec véhémence de ce mauvais traitement, je ne lâcherai ma place pour rien au monde afin de profiter pleinement du show exceptionnel d’ARCHITECTS. En l’espace de quelques secondes, toute la foule amassée devant les Main Stages se réveille de sa torpeur et se met à danser, sauter, chanter. Le circle-pit qui se forme alors est impressionnant ! Menée par le vocaliste Sam Carter, la troupe assène chacun de ses morceaux comme des coups de boutoir. Le son est parfait. La batterie vibre et résonne dans le corps. Le light-show qui se dévoile au soleil couchant est sublime. La setlist fait surtout la part belle aux deux derniers albums du groupe, avec deux incursions sur l’album « Holy Hell » (2018), les excellents "Doomsday" et "Royal Beggars". Les premiers albums sont remisés au placard, probablement au grand désespoir des fans les plus anciens, tant le son du groupe a changé. Et hormis "Nihilist", issu de « All Our Gods Have Abandoned Us » (2016) joué en tout début de set, aucun morceau de leur période plus agressive n’aura les faveurs des musiciens. ARCHITECTS a changé et l’assume. Certes plus pop et accessible, son metalcore est cependant suffisamment chargé de mordant et de brutalité pour que les metalheads présents ce soir adhèrent sans retenue.


Comme il était impensable de louper entièrement le show de CELESTE, je descends de mon perchoir (mon arrière-train, soulagé, m’en remercie) et remonte en direction de la Valley, au pas de course et en dansant, sous les regards amusés des festivaliers. Le concert de CELESTE est déjà bien entamé et la Valley est plus que remplie, mais grâce à la technique imparable du « pardon-je suis désolée-excusez-moi », je parviens sans peine jusqu’au troisième rang afin de m’immerger dans la musique sombre, noire et violente du groupe, éclairé de sa traditionnelle lumières rouge frontale qui distille une ambiance oppressante. Et bordel, quelle prestation prenante ! Le public est envoûté et le charme ne se rompt que lorsque le dernier des musiciens enlève sa frontale et quitte la scène sous des applaudissements fournis. Le changement d’horaire a grandement servi les Lyonnais, tant la nuit est bien plus adaptée à leur prestation, mais cette collision entre deux groupes sur mon planning prévu laisse un goût de trop peu. Revenez rapidement les gars, que l’on puisse se rattraper !


Ensuite, direction l’Altar pour voir HYPOCRISY qui donne une belle prestation, bien puissante, mais pâtit, hélas, de la présence de KISS sur la MS1, et, plus encore, de programmation de BEHEMOTH sur la Temple juste après. Ainsi, au fil du concert d’HYPOCRISY, l’Altar se vide au profit de la Temple, qui se retrouve à dégueuler de monde de partout. Cela n’en perturbe pas pour autant Peter Tägtgren, guitariste et chanteur du groupe, qui continue d’asséner son mélo death progressif avec constance et rigueur.
Il est temps de se glisser sous la Temple pour le concert démoniaque de BEHEMOTH. Le grand maître des ténèbres, Nergal, en parfait chef d’orchestre, assure avec ses compères une prestation théâtrale, ultra puissante et impressionnante, réglée au millimètre. Tout est carré et précis, visuellement imparable avec de grands jets de flammes et le son est parfait. C’est qu’il ferait presque peur, cet homme-là ! Et le public se montre plus que réceptif, en mangeant dans la main du leader à chacune de ses interventions.


Partie un peu avant la fin, il me faut retraverser tout le site pour redescendre vers la MS2 où se tient le concert final à ne pas manquer de cette première journée, celui de PARKWAY DRIVE. Au passage, KISS termine son show sur l’insupportable et urticante chanson qu’est "I Was Made For Loving You", puis "Rock And Roll All Nite", avant de balancer confettis et beau feu d’artifice. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le site ne se vide pas après KISS, bien au contraire. La réputation scénique de PARKWAY DRIVE n’étant plus à faire, les festivaliers se sont amassés dans chaque recoin pour admirer les Australiens à l’œuvre. Et avec une set-list imparable, ils vont littéralement foutre le feu au festival. L’enchaînement de bombes telles que "Prey", "The Void", "Soul Bleach", "Vice Grip", "Dedicated" et j’en passe, ne laisse aucun répit à la fosse en fusion. Certains ont dû perdre quelques dents et quelques os au passage de la tornade ! Si l’on excepte "Darker Still", qu’ils auraient mieux fait de zapper, étant donné que Winston McCall est complètement à côté de ses pompes sur ce titre ce soir et le chante comme une casserole, le concert du quintet est un sans-faute. Pyrotechnie impressionnante, présence scénique charismatique, son d’une puissance phénoménale, technique irréprochable, public chauffé à blanc et hyper réceptif : tout concout à faire de ce show un moment inoubliable à marquer d’une pierre rouge. La soirée s’achève sur les flammes de "Crush" et l’incontournable "Wild Eyes" sur lequel les festivaliers jettent leurs dernières forces en entonnant la célèbre mélodie qui résonnera encore longtemps une fois les lumières éteintes. Entendre ces milliers de voix à l’unisson est le plus beau des hommages que nous pouvions offrir à PARKWAY DRIVE, devenu clairement en quelques années l’un des groupes les plus importants de la nouvelle scène metal. La relève est bel et bien là !

Comme de nombreux festivaliers, nous décidons de rentrer à pied au parking au vu de la queue interminable pour les navettes. Fatigués mais heureux, nous rejoignons enfin nos pénates pour un court sommeil avant une deuxième journée bien remplie.

JOUR 2
JOUR 3
JOUR 4

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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