17 juin 2023, 23:59

HELLFEST OPEN AIR

@ Clisson (Jour 3)


En ce 17 juin, troisième jour du Hellfest, le soleil est revenu nous rendre visite, mais la chaleur reste supportable. Aujourd’hui est un grand jour, car c’est celui d’IRON MAI... de MYRATH, d’EVERGREY et des copains de SCARLEAN, entre autres ! Eh oui, il en faut pour tous les goûts. Comme on le sait tous, la scène metal est extrêmement variée. Cela permet à tout un chacun de satisfaire ses appétits artistiques. Chers lecteurs, je laisse donc le soin à mon confrère et ami de vous relater le show de la Vierge de Fer (à lire ici) et j’embarque les plus curieux dans mon périple musical.

Si la veille les Main Stages étaient privilégiées, il n’en est pas de même ce samedi où l’on va s’adonner à l’un de mes sports favoris : la course à pied. Cela commence par se trouver, dès 9h45, une petite place à la barrière de la MS1, entre deux armoires à glace, irréductibles fans d’IRON MAIDEN, prêts à camper toute la journée jusqu’au soir venu, pour être aux premières loges. 10h30, ce sont les prog metalcoreux belges COBRA THE IMPALER qui sont chargés d’ouvrir les festivités sur la MS2. Le groupe offre un set de belle facture avec des compositions pêchues, foisonnantes et stylées qui mériteraient une écoute plus prolongée pour bien s’en imprégner. Car la petite demi-heure allouée au groupe ne permet pas vraiment d’approfondir le sujet, comme c’est souvent le cas avec le metal progressif. Mais les musiciens s’en sortent bien et la petite foule attroupée devant la scène tient à le faire savoir. Impossible de ne pas être présente lorsque l’un des groupes que nous aimons et dont nous suivons le parcours depuis longtemps chez HARD FORCE a l’occasion de se produire pour la première fois au Hellfest.


SCARLEAN, tout droit venu du Vaucluse ensoleillé, propose un metal moderne progressif et alternatif, avec des touches de nu-metal, à l’ambiance sombre et torturée. Et si le quintet n’a pas pu transposer son univers visuel et graphique sur un concert de 30 minutes en plein jour, il n’en est pas moins imprégné de son essence. En démarrant le show par l’excellent "No Remedy" issu de leur troisième album, « Silence », les musiciens ne perdent pas de temps pour entrer dans le vif du sujet et attirent, de ce fait, une foule de plus en plus nombreuse, grâce à la musicalité des compositions. Le son est clair et dense. Aucun instrument n’est noyé, que ce soient les guitares heavy de Geoffrey Vo Van Chieu et Michel Canavaggia, la basse d’Olivier Jacquet (qui attire les regards des photographes avec son slapping et ses pauses en crabe) ou bien la batterie avec la frappe puissante de précise de Fabien Giordani. La voix d’Alexandre Soles ressort bien et ses modulations sont justes, passant aisément de sa voix claire à celle plus grondante. Le frontman vit intensément ses interventions et le côté théâtral de son attitude fait vivre le sixième membre du groupe, invisible, celui-là : le Ghost, présence menaçante qui hante tous les albums du groupe. La reprise du "Wonderful Life" de BLACK, avec la voix d’Anneke van Giersbergen, fait toujours un bel effet. Et à entendre les vivas du public, la prestation est appréciée, y compris par les deux molosses qui m’entourent. C’est avec un immense sourire barrant leurs visages que les cinq membres du groupe remercieront humblement le public pour cet accueil chaleureux.


Pas le temps de souffler puisque sur la MS2 arrivent les Indiens BLOODYWOOD qui vont mettre la fosse sens dessus-dessous avec leur prestation survoltée et leur nu-metal qui mélange pop, folk et brutalité. C’est peu de dire que le groupe était attendu, à voir la quantité de festivaliers qui se sont rejoints devant la scène. Pendant 30 minutes, BLOODYWOOD va asséner ses morceaux dansants et groovy avec une force implacable. Pleins de respect avec leur discours humaniste, les artistes vont faire l’unanimité auprès des spectateurs qui réagissent au quart de tour à chaque sollicitation des deux chanteurs, que ce soit pour danser, pour un beau wall-of-death ou encore pour chanter avec eux. Extraordinaire show fédérateur. Sans aucun doute la révélation de ce cru 2023 !

Pas le temps de souffler, on file au pas de course sous l’Altar, afin se placer au plus près pour THE DALI THUNDERING CONCEPT, un groupe français qui propose un deathcore djent & progressif, tout à la fois brutal et raffiné, avec un niveau technique ébouriffant. Les amateurs ne s’y sont pas trompés et la tente est bien remplie pour le tout premier passage du quatuor au Hellfest. Les compositions du groupe sont fouillées et complexes, passant sans transition d’un style à un autre, intercalant toutes sortes d’influences, sans pour autant perdre le fil de leur propos. Peut-être plus difficile d’accès pour les non-initiés, la musique du groupe est exigeante et demande de l’attention. Mais la prestation des musiciens est excellente et touchante de sincérité, notamment avec ce wall-of-death raté que le hurleur en chef, Sylvain Lacogne, a oublié de lancer. Mais, se confondant en excuses, il se rattrape sur le morceau suivant et la fosse ne se fait pas prier pour s’exécuter avec enthousiasme. Le groupe nous offre également en exclusivité un tout nouveau morceau qui ouvre l’appétit pour la suite...


On retourne au pas de course (vous étiez prévenus !) vers la MS2 et on se fraye un passage jusqu’à la barrière pour la deuxième apparition au Hellfest de FEVER 333, après un concert très remarqué en 2019. Mais depuis le début de l’année, le dernier membre originel, le surexcité chanteur Jason Aalon Butler, a fait le grand ménage et revient avec trois nouveaux musiciens. Le frontman est de plus en plus barré, faisant le show à lui seul et ne s’économisant pas une seconde. Il s’amuse à déplacer l’estrade de la batterie, ainsi que les amplis, il saute comme un cabri, fait des glissades sur les genoux, termine sa course en fonçant dans le pit et en sautant par-dessus la barrière de sécurité de la MS1 pour revenir droit sur le public de la MS2, tandis que cameramen et agents de sécurité tentent vainement de le suivre.
Prestation explosive, efficacité redoutable des anciens morceaux ("One Of Us", "Burn It", "Made An America", même si la sauce prend moins sur le nouveau titre, "$wing" et sur la reprise de BLUR, "Song 2". Un bémol toutefois car si l’énergie est bien là, le frontman furax a tendance à tirer la couverture à lui, laissant ses trois compères faire de la figuration, à l’image de la nouvelle bassiste, April Kae, qui passe plus de temps à montrer la dentelle de son string, à tortiller des fesses et à attirer l’œil des photographes et de la gent masculine avec ses poses lascives et suggestives qu’à réellement jouer de sa basse. Même si la donzelle est jolie, on se demande bien où est l’intérêt musical de tout ça ? Car, est-il bien nécessaire de mettre en avant une image de femme objet et une sexualité exacerbée pour défendre la cause féministe et humaniste du groupe ? (A vos stylos, vous avez deux heures). Si Thomas Pridgen (batterie) et Brandon Davis (guitare) ne déméritent pas, on regrette le génial Aric Improta et Stephen Harrison, qui, par leur présence, rééquilibraient les forces sur scène. Attendons donc de voir comment évoluera FEVER 333 par la suite.


Pour les Suédois EVERGREY, on a juste à tourner la tête vers la MS1 et se laisser porter par les mélodies, les rythmes, les duels de guitares et la voix sublime de Tom S. Englund avec toute la mélancolie qu’elle dégage. On assiste à un très beau concert où l’émotion flotte en surface, portée par des morceaux de metal progressif fédérateurs, tels "Save Us", "Weightless", "Eternal Nocturnal" ou bien encore ce "Midwinter Calls" repris en chœur par la foule.
Le frontman se montre enjoué et communique avec le public avec sa bonhomie habituelle qui le rend tellement sympathique. Le point d’orgue de ce show, hélas bien trop court, sera une très belle interprétation de "Where August Mourn", qui fera monter les larmes aux yeux. Le mixage est parfait et le fait d’entendre aussi bien les guitares de Henrik Danhage et Tom S. Englund que les claviers de Rikard Zander et la basse de Johan Niemann décuple le plaisir ressenti. Jonas Ekdahl cogne tellement fort sur sa batterie qu’il brise sa caisse claire et la change en deux temps, trois mouvements. EVERGREY est un très bon groupe de scène qui mériterait un créneau bien plus long, tant ce moment passé avec lui a été enthousiasmant.


ASKING ALEXANDRIA enchaîne sur la MS2, mais malgré la qualité du set proposé, ne retient guère l’attention avec son metalcore plutôt mainstream et générique. Sympathique et très accessible, la musique du groupe manque cependant d’un peu de mordant. On file donc sous l’Altar, toujours au pas de course, pour découvrir les Britanniques LOATHE avec qui nous allons passer 45 minutes de headbanging et pogos endiablés dans une bonne humeur communicative. Le metalcore progressif du groupe est éminemment attrayant et le capital sympathie que dégage Kadeem France, le frontman préposé aux growls, est irrésistible. Ce géant black ne cesse de remercier chaleureusement le public avec une humilité touchante, tandis que ses camarades de scène déploient technique et mélodies pour nous emmener dans leur univers. La très belle voix claire du guitariste Erik Bickerstaffe s’accorde très bien avec celle de Kadeem France au sein de compositions équilibrées, entre douceur et rage. Un gros coup de cœur !
Après les acclamations plus que méritées pour LOATHE, il n’y a que quelques pas à faire pour se glisser sous la Temple, déjà très bien remplie pour le concert de SAOR. Parenthèse sensorielle à la poésie sombre, les Ecossais et leur leader, Andy Marshall, proposent un folk black metal envoûtant, authentique, atmosphérique et rugueux prompt à transporter les spectateurs dans les landes brumeuses d’Ecosse. Avec l’aide d’une violoniste, d’une flûtiste également joueuse de cornemuse et préposée au chant clair féminin, les guitares heavy, les growls d’Andy Marshall ainsi que les blast-beats Dylan Watson (CÂN BARDD) prennent une dimension épique et prenante, entre grondements terriens et mélodies aériennes. Un concert magnifique et hors du temps, auquel le public répond avec ferveur, ce qui n’est que justice face à un tel déploiement de talent.


Suite au passage de SAOR, la Temple se vide progressivement, ce qui me permet d’atteindre le meilleur point de vue à la barrière pour le concert de MYRATH qui va suivre. Il faut s’y prendre tôt, car le groupe franco-tunisien est très attendu. En effet, la tente se remplit en quelques minutes, débordant de monde par toutes ses ouvertures et l’ambiance devient rapidement survoltée avec des spectateurs excités comme des puces de revoir le groupe qui n’était plus passé à Clisson depuis 2017. Ambiance qui tourne à la folie furieuse dès l’entrée des artistes sur scène, avec de surcroît une pluie de slammers sur nos têtes. Et à ce sujet, un immense merci à toute l’équipe des Challengers de la sécurité qui, cette année encore, ont accompli un travail formidable. Les spectateurs ne sont pas les seuls à être déchainés, puisque le groupe accompagné de sa sublime danseuse, de son magicien, Fabien Solaz, et du duo suédois Ignited Show va littéralement foutre le feu à la Temple avec un show exceptionnel, pour défendre leur « blazing desert metal », une musique extrêmement mélodieuse et rythmée, avec des soupçons d’influences orientales. Le son est parfait, les visuels nous font voyager dans un Orient imaginaire et rêvé, un monde de tous les possibles. C’est un Zaher Zorgati très en forme vocalement, mais aussi très touchant, qui nous accueille avec une pointe d’humour, en nous faisant croire, avec un accent anglais, qu’il bredouille à peine quelques mots de français. « J’aime la France, j’aime le vin, j’aime la Tour Eiffel. On s’en bat les couilles. Est-ce que vous me comprenez ? C’est normal puisque je parle français, bordel ! Ça marche toujours ! » dit-il en s’esclaffant et vue la réaction d’une partie du public, on ne peut que lui donner raison.


Le frontman dévoile également sa fragilité et ses failles en introduction de "Believer", ce qui ne le rend que plus humain. Ses collègues ne sont pas en reste, puisque le guitariste Malek Ben Arbia et Kévin Codfert aux claviers, distillent mélodies entêtantes et sublimes soli, tandis que Morgan Berthet à la batterie et le bassiste Anis Jouini sont en charge de nous faire danser avec leurs rythmes groovy à souhait. Preuve que MYRATH ne se repose pas sur ses acquis, pas moins de 4 chansons sur 9 jouées ce soir sont issues du futur album « Karma », à paraître en septembre prochain. Grosse prise de risque pour le groupe, mais payante si l’on en juge par l’enthousiasme débordant des spectateurs qui ne se contentent pas d’applaudir mais hurlent leur joie à s’en péter les cordes vocales. Bel hommage rendu au groupe également lorsque tous les spectateurs s’accroupissent sur la fin de "Believer".

Les connaisseurs ont pu se rendre compte que les nouvelles compositions ("Into The Night", "Child Of Prophecy", "Heroes" et "Candles Cry") sont directes et punchy, mais aussi moins orientalisantes que par le passé. Il semblerait que MYRATH ait entamé une mue, en vue de rafraîchir son style, avec une touche plus européenne, ce qui n’est pas un mal en soi. A ce propos, on notera aussi la sobriété des intervenants qui n’envahissent pas la scène, mais arrivent à des moments précis du spectacle, pour soutenir le propos des musiciens, sans les noyer sous un déluge d’apparat inutile. Ce concert magique à tous points de vue s’achève sur la superbe "Shehili" et un Zaher Zorgati qui s’élève dans les airs, tel un génie facétieux sur son tapis volant. A noter que le concert, plutôt bien filmé par Arte, ne rend cependant pas vraiment justice à l’ambiance de folie de la Temple.

Vermoulue après un show d’une telle intensité, le besoin de se poser un peu se fait ressentir. Ce sera sur la pelouse que l’on tentera d’apercevoir PORCUPINE TREE sur la MS1, mais peine perdue. Les écrans géants sont en stand-by, le groupe ne joue que pour les fans amassés devant la scène quand ceux du fond doivent se contenter du son. Vraiment très frustrant, d’autant plus quand on connaît le niveau technique des musiciens et le plaisir que l’on aurait pu prendre à les voir évoluer sur scène mais pour des raisons de droits, le concert n'est pas filmé donc pas retransmis sur les écrans. Alors, direction l’Extreme Market où SCARLEAN et MYRATH nous ont donné rendez-vous pour une petite séance d’échange chaleureux avec dédicaces à la clé.


Retour vers la MS1 car c’est désormais POWERWOLF qui a pris la MS2 d’assaut. Les Allemands, emmenés par le toujours sympathique Attila Dorn au chant, vont nous faire une démonstration de leur talent avec leur power metal fédérateur et dansant. Et puis, entendre le frontman s’exprimer aussi facilement en français est toujours un plaisir. Un concert jovial et positif qui donne immédiatement le sourire.
A la vitesse à laquelle se remplit l’Altar, il ne faut pas trainer afin d'aller se placer pour LORNA SHORE. Le groupe de deathcore du New Jersey possède des atouts non négligeables : hormis un répertoire particulièrement brutal mais également progressif et mélodique, la formation tient aussi un chanteur en or en la personne de Will Ramos, vers qui tous les regards se tournent. Le jeune homme est absolument parfait de bout en bout, assurant toutes les formes de chant crié/growlé possibles, avec une maîtrise à faire pleurer tous les apprentis hurleurs. Les musiciens sont aussi techniquement irréprochables que leur chanteur, impliqués, souriants, humbles et heureux. Là encore, les slammers s’en donnent à cœur joie, et il faut tâcher de ressortir indemne de chaque coup de butoir de la fosse en fusion. Malgré les bousculades encaissées, on ne boude pas son plaisir de pouvoir s’éclater une dernière fois avant de retourner au bercail pour quelques heures de repos indispensables après une telle journée aussi chargée que formidablement réjouissante...

JOUR 1
JOUR 2
JOUR 4

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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