Après une excellente première journée, nous voilà plus que motivés pour le deuxième jour, avec là encore que du bon au programme ! On décide de faire l’impasse sur les premiers concerts, ceux du ''day shift'' au Kulturhuset, non inclus dans le pass-silver mais avec le pass-gold. Un ami a pris uniquement le pass-silver, et l’extension pour le ''day shift'' du lendemain, le but étant de faire encore un peu de tourisme.
En ce début de journée plusieurs objectifs : la Galerie Fjalar, galerie d’art tenue par Kristian Eivind Espedal (Gaahl) et Robin Jakobsen dans le quartier historique Bryggen, où le temps du festival, on nous propose notamment de retrouver quelques photographies de Peter Beste issues de son livre True Norwegian Black Metal, une pépite incontournable pour les amateurs et une vraie page d’histoire du genre en photos.
Suite du programme touristique ? Le test du hot-dog de renne ! Qu’est ce qu’il ne faut pas faire pour un reportage complet... Mais il parait que les norvégiens aiment vraiment la chose. Au final : c’est pas mal, mais très sincèrement, on ne voit pas trop la différence avec de la saucisse de porc (en même temps, il y a mieux qu’une préparation sous forme de saucisse pour faire garder son goût de base à une viande !). Courageuse mais pas téméraire, je n’ai pas tenté le topping à base de ''salade de crevettes'' mais fort heureusement il y en a un plus consciencieux que les autres (ou plus fou ?) et on a un petit avis à base de « mouais pas convaincu ». Si vous voulez tenter, je ne peux donc que vous recommander une version classique à moins d’être un afficionados de la crevette.
C’est donc sur ces considérations culinaires qu’on se met en chemin vers l’USF Verftet pour commencer la journée musicale avec CULT OF FIRE. Je croise discrètement les doigts en espérant que le groupe y aille un peu plus molo sur l’encens que lors de leur dernier passage au Hellfest et miracle : ça marche !
CULT OF FIRE pour ceux qui ne connaîtraient pas, ce sont des Tchèques qui œuvrent dans le black metal ésotérique et le font bien, très bien même. La scénographie est superbe avec l’autel central derrière lequel le chanteur reste majoritairement, les deux énormes cobras sur les côtés qui servent de fauteuils aux musiciens, les tentures hindoues, les bougies, les fruits (oui à ce stade on ne cherche plus, peut-être pour qu’on puisse dire que le chanteur à la pêche sur scène ? ) On regrette jusque qu’ils n’aient pas pu investir davantage la scène, une partie de la scénographie de BEHEMOTH qui joue plus tard étant déjà en place et notamment les deux tours sur les côtés (rien à voir avec le Seigneur des Anneaux cependant !).
CULT OF FIRE c’est donc du black grandiloquent (sans les piques énormes façon DIMMU BORGIR de la première heure), psychédélique, ésotérique, tout en gardant un côté solennel qui va bien à la messe noire qu’ils sont en train de nous jouer. On se retrouve très vite immergés dans leur univers très particulier et qu’on a que trop peu souvent l’occasion de voir en France. La communion avec le public se fait bien, même si à l’exception d’un petit ''namaste'' à la fin, les interactions sont réduites à néant (en même temps les masques n’aident pas) et puis on est dans un festival de black : les groupes qui ne nous adressent quasiment pas la parole finalement on a l’habitude ! Un ami qui ne connaissait pas a été agréablement surpris par le groupe et on s’est bien évidemment retrouvés à faire un petit tour au merchandising juste après.
On enchaîne ensuite avec PORTRAIT dans la petite salle. Un groupe inconnu au bataillon pour ma part, et musicalement je comprends vite pourquoi. On est plutôt sur un mélange de speed et heavy metal. Vu la thématique du festival on pourrait être surpris, mais tout se passe plutôt bien, les Suédois parlent de Satan donc on est sauvés ! Et puis niveau imagerie, on a des croix inversées, ouf nos petites cœurs de blackeux ont certes loupé un battement au début du set mais finalement on se prend au jeu et le mélange des genres opère bien. L’ambiance est au rendez-vous et même si je n’accroche pas plus que ça personnellement, ils n’ont pas volé leur place et si certains d’entre vous ont un petit penchant heavy/speed, ça peut valoir le coup de s'y intéresser.
On revient dans la grande salle pour un des grands moments de la journée : VENOM. A noter que les flux sont plus fluides entre les salles que le premier jour, un des food-trucks a été décalé à un autre endroit de la cour et ça fait toute la différence. VENOM c’est une inspiration plus qu’évidente pour bon nombres de groupes qui jouent cette année au Beyond The Gates. D’ailleurs, on note quelques membres de groupes dans la salle qui n’ont pas su résister au plaisir de venir voir les vétérans Anglais (notamment ceux de WATAIN ou encore Attila de MAYHEM). Si VENOM n’est pas à proprement parlé du black metal, leur heavy extrême et plus particulièrement leur album « Black Metal » a donné son nom au genre et le groupe en est un des initiateurs dans la première vagues du genre. Rien d’étonnant donc à ce que la grande salle soit pleine à craquer. C’est carré, et quel plaisir de pouvoir chanter ''Countess Bathory'' en chœur avec le public. Je n’écoute pas vraiment les albums du groupe, mais j’apprécie vraiment de le voir en live une fois de temps en temps ! Sans compter que leurs tenues nous offrent un petit voyage dans le temps qui est toujours bien sympathique !
On retourne ensuite dans la petite salle en se positionnant au balcon pour avoir une bonne vue sur le concert des Suisses DARKSPACE. Là encore, c'est un groupe que je vois en live pour la première fois, mais j’avais une vague idée de ce à quoi ils ressemblaient. Je me suis cependant retrouvée à me poser la question suivante : qu’ont les Suisses avec le black metal et les jupes longues ? Rajoutez à ça qu’ils sont tous blonds ou avec les cheveux passés en blanc pour les besoins de la cause, et vous pouvez vous demander si vous n’êtes pas devant SAMAEL (enfin une version avec de très beaux corpse-paints !) Toutes considérations stylistiques mises à part, DARSKSPACE c’est du post-black atmosphérique. Tout le concept du groupe est tourné vers l’espace lointain et inconnu et c’est exactement là où le trio et sa boîte à rythme nous emmènent. Pas un mot échangé avec le public, mais cela n’empêche pas la communion de se réaliser : un silence religieux règne dans la salle et on se laisse prendre par le show hypnotisant servi par de très belles lumières. C’est avec quelques regrets que l’on part un peu avant la fin du set pour pouvoir être bien placés pour BEHEMOTH.
Je profite de ce petit intermède entre deux groupes pour préciser que sur la configuration de ces deux premiers jours (à l'USF Verftet), les toilettes sont en nombres, toujours globalement propres, avec du papier toilettes et sans qu’on ait vraiment besoin de faire la queue. C'est franchement agréable !
On commence à être des habitués de BEHEMOTH et leur show actuel ne présente pas beaucoup de surprises si vous avez pu les voir dans l’année qui est en train de s’écouler. Ce n’est pourtant pas ça qui va nous gâcher notre plaisir. Le groupe est venu avec toute sa discrétion habituelle : de la pyrotechnie, des costumes, de la scénographie. On comprend aussi qu’ils ont décidé de mettre les petits plats dans les grands pour leur premier concert à Bergen après 12 ans. La set-list est plutôt ''classique'' par rapport à leurs derniers concerts, avec des incontournables comme ''Ov Fire And The Void'' ou ''Conquer All'', tout en faisant la part belle au dernier album « Opvs Contra Natvram ». C'est exactement ce qu’on attendait du ce concert, on en ressort lessivé, un peu transpirant (merci la pyro malgré le doux temps de Bergen), un grand sourire aux lèvres et un voix qui commence à s’érailler pour ma part !
Mais c’est pas parce que la fatigue commence à se faire sentir qu’on va louper DEATH SS. Pour nous c’est le dernier concert du jour (on ne fait pas le ''Night Shift'' au Kulturhuset, on se réserve pour le ''Day Shift'' du lendemain !) et si je ne connais pas très bien le groupe, le simple fait de savoir que WATAIN en ait fait une cover pour « Lawless Darkness », me convainc que c’est une occasion à ne pas louper. En effet, les Italiens ne tournent pas souvent et c’est donc une vraie chance de les voir à l’affiche du Beyond The Gates (Je vous ai déjà dit 15 fois que la programmation de cette année était folle, je n’exagérais pas). DEATH SS c’est un peu la rencontre entre le glam, les films d’horreur de la Hammer, ou plus à propos les films de cinéma gothique italien et les images classiques qui vous viennent à l’esprit lorsque l’on parle de la panique satanique aux Etats-Unis. Tout un programme me direz vous... mais c’est qu’ils le tiennent ! Chaque titre est présenté comme un tableau à part entière. C’est kitsch, on a du pantalon à paillettes avec slip à clous par-dessus, le tout rentré dans des bottes, des danseuses tantôt avec un côté tribal, tantôt en domina à fouet... mais ça a un petit côté parfait dans le ''too much'' comme on aime... un mélange entre KISS et W.A.S.P. mais qui finalement colle parfaitement bien avec la programmation black metal et ça redonne un sursaut d’énergie pour finir la journée. Bref, je comprends qu’ils aient pu motiver WATAIN à faire une reprise d'un de ses morceaux !
On mise tout sur le ''Day Shift'' du lendemain matin et on clôture donc cette deuxième journée. Nous n'avons plus qu’à suivre les tee-shirts noirs pour retrouver le centre ville et nos lits (et oui, non seulement ça aurait été compliqué de faire du camping en ramenant les affaires depuis la France, mais de toute manière il n’y a pas de camping prévu pour le festival...