La dernière fois que Yossi Sassi était passé à Paris, c’était avec ORPHANED LAND, en novembre 2013, pour la tournée « All Is One », qui avait permis aux Israéliens de parcourir l’Europe en compagnie de leurs amis palestiniens du groupe KHALAS, offrant ainsi au monde une célébration œcuménique du metal comme religion universelle – et un exemple magnifique et salutaire de tolérance et de fraternité.
Depuis lors, Yossi a quitté le groupe auquel il a donné plus de 20 ans de sa vie, avec lequel il est devenu une légende du rock oriental, afin de poursuivre son propre chemin. Au printemps 2014, il a sorti son deuxième album solo, « Desert Butterflies » (après « Melting Clocks », 2012), sur lequel il a invité quelques collègues célèbres comme Marty Friedman (ex-MEGADETH) et Ron « Bumblefoot » Thal (GUNS N’ROSES). Avant de partir en tournée avec son groupe pour promouvoir cet opus, Yossi a offert à ses fans européens une série de masterclass, dont l’une à Paris, dans le cadre chaleureux et intime de la péniche El-Alamein.
Devant une trentaine de personnes, avec un talent de conteur indéniable et un sens de l’humour aiguisé, dans ce mélange coloré des langues de Molière et de Shakespeare que ses amis français lui connaissent si bien, Yossi évoque les heurs et malheurs de la conception de ses « bouzoukitares », les influences musicales auxquelles ses racines familiales l’ont exposé (l’Irak d’un côté, les sables de la tripolitaine libyenne de l’autre) ou encore le lien particulier qui a toujours uni le public français à ORPHANED LAND, illustrant chaque considération d’extraits très variés de ses œuvres solo (« Azadi », « Cocoon », etc.).
Son superbe instrument à deux manches (deuxième version), mélange de bouzouki et de guitares (sèche et électrique), lui offre effectivement une palette de sonorités incomparable ; ses pédales lui permettent de faire tourner les boucles rythmiques jouées sur le premier manche pendant qu’il pose un solo sur le second : « I can literally play with myself! » – quelques sourires dans le public.
Le véritable point d’orgue de l’évènement réside pourtant dans la seconde partie de la soirée, quand Yossi propose à des membres du public de le rejoindre sur scène. Jonathan, puis Nicolas, bénéficient ainsi en live d’une leçon d’impro et se paient le pied de leur vie sur un duo avec Yossi. Raphaël, pour sa part, avait apporté son oud (bon… je vais pas vous remettre à chaque fois la citation de Guenièvre dans Kaamelott, avec les petits chiens et les gens qui sont loin de chez eux…) et se fait accompagner par le maître sur quelques morceaux d’ORPHANED LAND comme « El Meod Na’ala » et enfin « Norra el Norra », qui ponctue cette masterclass avec un hymne que la péniche entière reprend en chœur.
De la chaleur, des amis, des rires, des échanges, le tout accompagné d’excellente musique aux influences innombrables et infiniment colorées : voilà finalement de quoi placer 2015 sous les meilleurs auspices – en attendant une tournée « Desert Butterflies ». Merci encore, Yossi !
