8 mars 2015, 21:31

PHILM @ Paris (Le Glazart)

Il n’y a pas foule au Glazart pour venir assister au premier concert français de PHILM, le nouveau groupe de Dave Lombardo, et on pouvait malheureusement s’y attendre. Jamais évident de convaincre le public lorsque l’on se lance dans un nouveau groupe, surtout quand on est batteur et qu’on évolue dans un style bien différent de la formation qui nous a fait connaitre. Et c’est bien dommage, car Dave Lombardo est bien plus que l’ex-batteur mythique de SLAYER, et son PHILM est à prendre tout autant au sérieux que GRIP INC. ou FANTOMAS en leur temps.
 


Le trio forme sur scène une ligne frontale, avec la batterie de Lombardo tout devant si bien que l’on bave d’avance à l’idée d’être si prêt d’un des meilleurs batteurs du genre. Et dès le premier titre de la soirée, l’éponyme « Fire From The Evening Sun » tiré de l’excellent second album de PHILM du même nom (dont la quasi-totalité est interprétée ce soir), on se prend d’emblée une multitude de tarte en pleine poire !
Voir Lombardo martyriser ses fûts avec le brio qu’on lui connait à 1 mètre de soi, relève autant de l’expérience jubilatoire que de celle de l’épreuve physique ! Trop souvent adulé principalement pour son jeu de double grosse caisse, très en avance sur son temps dans les 80’s il est vrai, Dave Lombardo exprime ici toutes ses autres forces dont celle où il excelle le plus : ses fameux roulements de toms d’une puissance inouïe ! Lombardo ne fait pas semblant quand il tape (c’est le moins que l’on puisse dire) et du haut de ses 50 ans renvoie à leurs études tous les batteurs adaptes de trigger (on en viendrait même à s’interroger sur la nécessité d’amplifier son kit dans une petite salle !).

Le bougre enchaine avec une classe et une aisance déconcertante les parties subtiles, les martelages de fûts en règle, les rythmes aux relents drum n’bass ou au contraire quelques-uns lorgnant davantage vers le blast beat. Un vrai récital qui tel qu’il est raconté ici pourrait donner l’impression d’assister davantage à un clinic de batterie qu’à un véritable concert. Et pour cause, si ses 2 compères ne sont pas en reste, le bassiste Pancho est hallucinant de maitrise tandis que Gerry Paul Nestler éructe ses vocalises et balance ses parties de guitare avec beaucoup de conviction, l’acoustique fait particulièrement défaut à ce dernier, si bien qu’on a parfois l’impression d’assister à un concert basse/batterie, tant la guitare se retrouve trop souvent noyée et presque inaudible par moment.

Cette mise en son médiocre vient quelque peu entacher le concert, car on le répète, les compos de PHILM sont tonitruantes, à l’image des 2 extraits les plus furieux du nouvel album que sont « Fanboy » et « Blue Dragon » enchainés à la suite ! Le concert souffre également d’un manque d’ambiance certain, le public étant soit timide, soit à la peine pour reconnaitre les chansons, ou tout simplement venu assister à la performance de Lombardo sans connaitre la moindre note de PHILM. Toujours est-il qu’il suffit parfois d’un bon problème technique pour dérider une salle et c’est exactement ce qu’il se produit pendant un « Lady Of The Lake » recommencé à 3 reprises, tout d’abord car Pancho pense avoir un problème avec sa basse et part la changer… avant de réaliser qu’il s’agit en fait de son câble et Lombardo de lui rendre la politesse en effectuant un ajustement sur sa pédale de grosse caisse alors qu’on pensait enfin être reparti du bon pied ! Les 3 en rigolent et Lombardo de faire marrer tout le monde en balançant : « logiquement cela n’arrive pas à nos concerts, ce n’est pas une situation normale ! ».

Un des meilleurs titres de PHILM suit ensuite avec le très ambitieux et très noir « Lion’s Pit » auquel le plus fun « Luxhaven » fait suite, comme pour montrer la versatilité dont le groupe est capable. Le premier album « Harmonic » n’est pas écarté du set pour autant comme en témoigne des « Vitriolize » et « Held In Light » convaincants, mais ce sont malgré tout les extraits du second album qui font mouche en poursuivant avec le catchy « Train », l’apocalyptique « We Sail At Dawn » ou ce « Silver Queen » plus délicat et dédié aux rares filles présentes dans le public.
Vers la fin du concert, la communion entre l’assistance et le groupe est plus présente et le ton devient très décontracté comme en atteste cette petite jam impromptu sur le célèbre « Low Rider » de WAR dont Pancho est l’actuel bassiste.

PHILM nous a donc offert une soirée des plus sympathiques même si le concert aurait pu être bien meilleur. Toujours est-il que ne serait-ce que pour se délecter du jeu de Lombardo de si près, l’expérience vaut vraiment le coup ! A revoir dans de meilleures conditions.


Photos : Cédric Eyma - Hard Force


Blogger : Laurent Reymond
Au sujet de l'auteur
Laurent Reymond
Passionné de musique (et de basket-ball), j'ai fondé mon webzine Heavy Music en 2004 afin de partager mon avis sur l'actualité musicale, tenter de poser des questions pertinentes à mes musiciens favoris et mettre la lumière sur des formations chères à mes yeux. De 2008 à 2012 j'ai officié au sein de Rock Hard, avant de revenir à Heavy Music cette même année et de participer depuis 2014 à l'aventure Hard Force. Une manière de boucler la boucle pour moi, lecteur assidu de la version papier de Hard Force dans les années 90, mon magazine de chevet pendant l'enfance et l'adolescence. Metal, Hard-rock, Classic-rock, Rock sudiste, Stoner, Doom, Rock Progressif, Blues, Jamband, Funk, Jazz...peu importe, pourvu que la musique soit bonne, organique et personnelle !
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