25 mars 2015, 20:44

Steven Wilson @ Paris (Olympia)

Ce 25 mars 2015 marque les retrouvailles de Steven Wilson avec un Olympia qu’il n’avait plus fréquenté depuis l’époque PORCUPINE TREE et qui convient aujourd’hui encore mieux à sa musique raffinée et à une production scénique de plus en plus ambitieuse.
En promotion de son 4ème album solo « Hand.Cannot.Erase » (2015) sorti le 2 mars, cette nouvelle tournée est comme toujours très différente de la précédente. Le show démarre par une courte vidéo introduisant les premiers titres du nouvel album (dont l’intégralité est joué à l’exception de l’interlude « Transience ») que sont « First Regret » et « 3 Years Older ». D’entrée de jeu, le constat est saisissant : le même écran géant à LED qu’un METALLICA peut utiliser dans les stades et festivals trône fièrement en fond de scène et se trouve ici largement mieux exploité diffusant tout au long du set des vidéos de bonne qualité artistique mettant en scène l’héroïne du disque, la vie d’une jeune femme qui s’isole progressivement du reste de la société et de son environnement proche si bien qu’elle finit par décéder sans que personne ne s’en rende compte.
 


Tout aussi important bien sûr, l’interprétation du quintet (la tournée manquant de flute et de saxophone, Théo Travis n’est plus de la partie) est sans faille et cerise sur le gâteau, le son est quant à lui particulièrement excellent, frisant la perfection au point que l’on entende distinctement la moindre note de chaque instrument. Le décor est donc planté et bien que la salle soit en configuration intégralement assise, le public est chaud bouillant ! Un état de fait que le maitre de cérémonie Wilson salue : « Il y a beau avoir des sièges, n’oubliez pas que nous ne sommes pas un quintet de jazz. Nous sommes un groupe de rock n’roll et nous avons besoin de nous nourrir de votre enthousiasme. N’hésitez surtout pas à exprimer votre passion française ».

Après le positif « Hand.Cannot.Erase » montrant la jeune femme épanouie dans une relation amoureuse, on sombre peu à peu dans les abimes avec tout d’abord le très mélancolique et cafardeux « Perfect Life » où l’héroïne se rappelle au bon souvenir d’une amie d’enfance avec qui elle a perdu tout contact. Avant d’entamer le déprimant mais néanmoins excellent « Routine », Steven Wilson se trouve bien embarrassé au moment d’évoquer l’absence de la chanteuse Ninet Tayeb (présente en studio sur ce titre). Néanmoins il fait preuve d’humour : « nous avons bien pensé faire subir une opération à Nick Beggs pour assurer les vocalises de Ninet et ce denier était étrangement partant, mais c’est sa femme a refusé ! » avant de poursuivre plus sérieusement : « Ninet a une bonne excuse, elle vient d’avoir un bébé ! Elle sera là dans l’esprit avec nous grâce à une technologie produite par Apple, ce n’est pas idéal mais cela nous permet au moins de jouer la chanson ! ». Et cela aurait été dommage de s’en priver, l’overdub ne dérangeant pas plus que ça et le titre de se révéler comme un des highlights du show en nous plongeant dans la folie s’installant progressivement chez l’héroïne au rythme de ses tâches ménagères quotidiennes.
A noter que si les autres chansons sont illustrées par des scènes filmées avec des acteurs, « Routine » est illustrée par une animation. Egalement un des highlights de ce concert dantesque, la réinterprétation de « Index » tiré de « Grace For Drowning » (2011) et livré ici dans une version remaniée particulièrement savoureuse avec une communion entre le son et l’image très réussi !
 


L’enchainement « Home Invasion » / « Regret #9 » est génial au possible avec ses parties planantes et une mention spéciale au solo de moog d'Adam Holzman, tellement bon qu’il éclipserait presque celui de Guthrie Govan à la guitare… C’est dire !
On a également droit à du PORCUPINE TREE sur cette tournée même si « Lazarus » n’apparaissait pas vraiment indispensable. Une présence pas illogique cependant, Wilson expliquant qu’il souhaitait utiliser des titres de son répertoire collant aux thèmes de ce nouvel album que sont le rejet des nouvelles technologies et de la société moderne, la nostalgie de l’enfance, le sentiment de perte, ces 2 derniers thèmes étant abordés par « Lazarus » qui pour rappel traite du dialogue surnaturel entre un jeune enfant et sa mère décédée.
Particularité du soir, en absence de première partie, l’Olympia impose une pause syndicale de 20 minutes au groupe (sans aucun doute pour qu’il y ait un peu de consommation au bar !) et Steven Wilson de s’en expliquer avant de balancer le « Harmony Korine » accrocheur de son premier album solo.

De retour sur scène, Wilson et les siens reviennent au nouvel opus pour en interpréter les derniers titres, tout d’abord avec un « Ancestral » intensément sombre (mais qui n’empêche pas la pieuvre Marco Minnemann de faire le guignol !) puis le final plus doux et subtil qu’est la doublette « Happy Returns » / « Ascendant Here On… » au cours duquel la disparition de la jeune femme est illustrée à l’écran de façon on ne peut plus poétique. Grosse réjouissance lorsque l’on voit une toile envahir la scène et venir "recouvrir" les musiciens afin de projeter l’animation qui servait d’introduction à la pièce maitresse de « The Raven That Refused To Sing » (2013) qu’est « The Watchmaker » sur la dernière tournée. Un titre aussi beau que varié et alambiqué, interprété avec toujours autant de classe et de brio (même si certaines bandes et effets semblent aider quelques peu Steven et Nick Beggs sur les chœurs). A noter que Guthrie Govan se laisse aller à quelques improvisations lors de ses solos.
 


C’est ensuite le « Sleep Together » de PORCUPINE TREE aux relents d’un MASSIVE ATTACK plus noir et plus heavy qui voit le groupe quitter la scène.
En rappel, autre particularité du soir, bien plus heureuse cette fois, Wilson est tellement comblée par l’accueil dithyrambique d’une assistance qu’on aurait pu croire beaucoup plus sage, qu’il nous fait la faveur d’interpréter un titre supplémentaire non joué sur les dates précédentes de la tournée. Il s’agit de l’instrumental inquiétant et prenant « Sectarian » dont on se délecte et l’on se retrouve impressionné par l’émulation du solo de saxophone retranscrit à la guitare par Govan, avant de voir ce concert de 2h20 qui passe à la vitesse de l’éclair s’achever avec le brillantissime « The Raven That Refused To Sing » qui termine en toute beauté ce concert fabuleux !

Beaucoup de superlatifs dans cette chronique n’est-ce pas ? Il faut dire qu’en toute simplicité, on a beau être seulement en mars, votre serviteur a la certitude d’avoir assisté à son concert de l’année !

Photos par Marjorie Coulin - Hard Force


Blogger : Laurent Reymond
Au sujet de l'auteur
Laurent Reymond
Passionné de musique (et de basket-ball), j'ai fondé mon webzine Heavy Music en 2004 afin de partager mon avis sur l'actualité musicale, tenter de poser des questions pertinentes à mes musiciens favoris et mettre la lumière sur des formations chères à mes yeux. De 2008 à 2012 j'ai officié au sein de Rock Hard, avant de revenir à Heavy Music cette même année et de participer depuis 2014 à l'aventure Hard Force. Une manière de boucler la boucle pour moi, lecteur assidu de la version papier de Hard Force dans les années 90, mon magazine de chevet pendant l'enfance et l'adolescence. Metal, Hard-rock, Classic-rock, Rock sudiste, Stoner, Doom, Rock Progressif, Blues, Jamband, Funk, Jazz...peu importe, pourvu que la musique soit bonne, organique et personnelle !
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