22 mars 2015, 18:01

Stoned Gatherings : la 100ème

BLACK RAINBOWS + THE MIDNIGHT GHOST TRAIN + THE TEXAS CHAINSAW DUST LOVERS + FLAYED

Stoned Gatherings, 100e. Avec ses nombreux partenaires et amis, voilà 5 ans que l’asso porte haut le flambeau du stoner, du sludge, du fuzz, mais également du doom, sur la scène parisienne. Pour marquer ce Stoned anniversaire dans un Glazart bien rempli, rien moins que quatre Stoned groupes – et un Stoned DJ pour conserver la Stoned pression au top pendant les changements de Stoned plateaux.
 


Alors, « Stoned groupes » faut le dire vite : la soirée démarre en effet avec ce qu’il serait convenu d’appeler une erreur de casting. Issu de la Klonosphere, le jeune groupe isérois FLAYED est venu compléter l’affiche, quelques jours avant la date. Revendiquant une filiation avec le hard rock des années 70, le groupe laisse filtrer des accents pop, voire disco par instants. C’est loin d’être mauvais dans l’absolu, c’est livré avec conviction et maîtrise technique, mais ce n’est simplement pas dans le trip attendu (les mecs ont carrément l’air joyeux d’être là… pfff…).
 


Le groupe suivant est français également, et même parisien. Il s’agit de THE TEXAS CHAINSAW DUST LOVERS. Alors là c’est clairement du stoner, ok. Rien que le nom du groupe, quoi. Ca pourrait presque ressembler à un nom de pizza, à première vue, mais en fait non : déjà ça fuzz pas mal en bouche et si tu regardes bien, tous les éléments du desert rock sont là, en kit – y a pas à se gourer. Seulement, à l’image de l’accent anglais du chanteur, en particulier quand il rappelle le blase de son quartet, l’ensemble paraît un peu forcé, artificiel – pardon, hein. Non pas que le public, qui a enfin déserté la mini-plage et la terrasse de Glazart pour se masser devant la scène, n’y trouve absolument aucune raison de s’enthousiasmer, par instants (d’autant que TTCDL joue à domicile), mais ceux qui pensaient assister à un mini-festival homogène et vraiment velu peuvent légitimement commencer à considérer que les préliminaires se prolongent un chouïa. Les riffs des parigots sont gras comme il convient, parfois même inventifs, mais les moments plus calmes et bluesy sont beaucoup trop convenus pour contribuer à un set captivant.
 


Par contraste, il ne faut pas 15 secondes de « Make it Rain » (Tom Waits) à Steve Moss et ses acolytes de THE MIDNIGHT GHOST TRAIN pour faire enfin chavirer Glazart. Parler de métier pour des types qui passent 9 mois par an en tournée depuis 2008, qui ne se posent dans leur home studio de Topeka, Kansas, que pour composer et enregistrer, ce serait recourir à un fameux euphémisme : la réalité c’est que ce sont des bêtes de scène. Point. C’était le moment ou jamais d’éculer un poncif bien à fond, jusqu’à la garde.

Qui connaît un peu l’histoire du groupe et l’inspiration principale de Moss (le cerveau et la cheville ouvrière du trio) comprend que ce jeune homme est à la fois habité et en mission : TMGT c’est en effet le récit d’un deuil entretenu pour l’éternité, l’image mouvante d’un vide pareil au tonneau des danaïdes, que Moss comble de riffs et de rage ; c’est son blues, à Steve, interminable et sublimé. Quelques jours plus tôt, le groupe sortait son troisième véritable album, « Cold Was The Ground » (Napalm Records), certainement appelé à demeurer l’un des monuments Stoner de 2015 : excellente idée d’en jouer 10 titres sur 11 – même si « Buffalo » (2012) n’a pas été oublié, avec les incontournables « Southern Belle », « Into The Fray » et « Foxhole », en guise de point de final à un set d’anthologie. Dans le pit, de la naissance du premier à l’extinction du dernier larsen, c’est donc enfin le joyeux bordel, mêlant à leurs plus anciens fans parisiens les nouveaux convertis à TMGT.
 


Derrière une telle bifle, malheureusement, en dépit du lustre indéniable associé au nom de ce groupe, la prestation de BLACK RAINBOWS semblera presque embarrassante (re-pardon) : en montant sur scène, les musiciens italiens paraissent empruntés et fébriles, conscients certainement de l’énormité de la tâche qui les attend, se sachant probablement incapables de déchaîner l’énergie féroce et primale qui aura, pour un instant, possédé Glazart. BLACK RAINBOW tourne pour promouvoir « Hawkdope », sorti le 14 mars chez Heavy Psyck Sound. Il est certain que sur d’autres dates, ils auront trouvé des environnements plus favorables à la mise en valeur de leur travail.

Reste que contrairement à ce qui était annoncé dans les communiqués des Stoned Gatherings annonçant la soirée, contrairement à une tradition vingt fois séculaire donc, ce soir-là, les Romains n’auront pas botté le cul des Gaulois – et il aura fallu un trio Yankee pour sauver l’asso d’un petit loupé, pour sa 100ème. Ils sont fous ces Ricains… A moins que la soirée ait été conçue seulement pour promouvoir THE MIDNIGHT GHOST TRAIN – alors là bravo. Pour ceux qui seront au Hellfest le vendredi, le groupe jouera sur la Valley dès 11h40. On a précisé que c’était immanquable ?


Blogger : Naiko J. Franklin
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Naiko J. Franklin
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