15 mai 2015, 10:55

COAL CHAMBER : Dez Fafara


COAL CHAMBER est de retour. Après une reformation pour une série de concerts, entre 2012 et 2013 (avec Chela Rhea Harper à la basse), c’est le line-up de la série de psychodrames de 2002/2003 qui s’est retrouvé récemment pour enregistrer « Rivals », le quatrième album du groupe et le premier en 13 ans : Meegs Rascón (guitares), Nadja Peulen (basse), Mike Cox (batterie) et bien sûr Dez Fafara (chant) – qui offre donc à son autre groupe, DEVILDRIVER, une respiration bien méritée. « Rivals » sortira en France chez Napalm Records, le 25 mai prochain, et COAL CHAMBER débutera une première tournée européenne le 20 mai, à Leeds, en Angleterre. Aucune date n’est prévue en France cette fois, (si ce n'est tout proche, à la Kulturfabrik au Luxembourg le 2 juin), mais dans l’entretien qui suit (réalisé par téléphone le 13 mai), Fafara affirme que COAL CHAMBER reviendra rapidement sur le vieux continent – et que le groupe n’oubliera pas l’Hexagone.

 

COAL CHAMBER vient de terminer une tournée en tête d’affiche aux Etats-Unis. Comment s’est-elle déroulée ?
C’était absolument fantastique ! Le public s’est déplacé en masse, il était vraiment content de nous voir, tous les concerts ont été très réussis et le plus cool, pour nous, c’était de constater que beaucoup de spectateurs n’avaient pas encore 25 ans… C’était merveilleux à voir. Les plus anciens fans étaient là également : nous avions dû beaucoup les marquer, à l’époque, ou alors ils ont la mémoire vraiment longue. Sans doute un peu des deux… Tous ont particulièrement bien accueilli les morceaux issus de « Rivals » et ça, c’est très encourageant.

De ton point de vue, quelles conditions devaient être réunies pour imaginer une véritable reformation de COAL CHAMBER, avec album et tournées internationales ?
C’était tout ou rien : il fallait sortir un disque, sans quoi nous n’aurions pu tourner qu’avec les mêmes vieux trucs. Et puis surtout, j’ai entendu ce que les autres membres du groupe écrivaient : j’ai adoré ! La communication entre nous était restaurée depuis un moment : nous avions commencé à nous reparler en 2006. Peu de gens le savent, mais nous avons même écrit deux morceaux ensemble en 2009, avant de recommencer à tourner en 2012. Evidemment, il a fallu du temps pour guérir toutes les vieilles blessures, mais aujourd’hui c’est fait, à 100 %.

Comment s’est passé le processus de composition et d’enregistrement de « Rivals », le premier album de COAL CHAMBER en 13 ans ?
Un peu comme à l’époque, à vrai dire : on s’est enfermé chacun de notre côté pour écrire et composer, puis on a partagé nos idées, en particulier avec Meegs, en impliquant notre producteur (Mark Lewis – ndlr) pour fixer nos objectifs en termes de production. Les instruments ont été enregistrés chez Audiohammer en Floride : du très bon travail. De mon côté, j’ai enregistré les voix dans mon home studio, avec Mark Lewis. La plupart des pistes vocales qui se trouvent sur le disque sont issues des premières ou deuxièmes prises : j’ai abordé le chant comme si j’étais sur scène – il n’était pas question de copier et coller des bouts de pistes ensemble. Ca se ressent dans l’énergie de l’album, je crois : ceux qui l’ont déjà écouté nous renvoient des commentaires très flatteurs, à cet égard.
 

"J’ai l’habitude d’écrire très tôt le matin, dès 4h45, quand il fait encore nuit." - Dez Fafara


Dans le communiqué de presse qui accompagne l’album, tu déclares que les paroles de « Rivals » t’ont fait économiser des milliers de dollars en psychothérapie. Que voulais-tu dire ?
En tant que chanteur et parolier, tu es censé te mettre complètement à nu et aborder des enjeux vraiment personnels. Beaucoup de chanteurs légendaires, comme Elvis ou Sinatra, n’écrivaient pas leurs paroles. Personnellement, j’écris les paroles que je chante et ça rend les choses très personnelles. Donc je crois que ce que je voulais dire, c’est que ce processus d’écriture m’a permis d’aborder des sujets particulièrement intimes, qui me trottaient dans la tête à ce moment-là. D’ailleurs, de ce point de vue, je ne suis jamais à court de sources d’inspiration. Jalousie, colère, amour, joie, haine : j’ai plein de petites pièces différentes, dans mon esprit, dans lesquelles je peux me plonger à n’importe quel moment… Pour le coup, cette fois-ci, dans ce processus d’écriture pour COAL CHAMBER, j’ai sans doute exploré des pièces plus petites et plus sombres, que j’avais délaissées pendant un long moment. Cela explique peut-être que les gens puissent facilement s’identifier avec ces nouvelles chansons : chacune d’entre-elles évoque des enjeux qui correspondent, d’une manière ou d’une autre, sous tel ou tel aspect, à ce que tu ressens – ou que tu as pu ressentir.

Cela signifie-t-il que tu abordes ce processus créatif de manière différente, selon que tu écris pour COAL CHAMBER ou pour DEVILDRIVER ?
La différence d’approche ne réside pas tant dans l’écriture des paroles que dans la manière dont je vais les chanter. Avec COAL CHAMBER, tout est ouvert, toute la palette de couleurs est disponible : chant clair ou saturé, suraigu ou ultra-grave, déclamation, murmure, des trucs flippants… Tout est possible, quoi. Avec DEVILDRIVER, mon approche est bien plus féroce, comme l’esprit des concerts : je suis le Démon tapi dans l’ombre ! Pour ce qui est de l’écriture des paroles, dans un cas comme dans l’autre, je m’y prends de la même façon : j’ai l’habitude d’écrire très tôt le matin, dès 4h45, quand il fait encore nuit. C’est mon rituel immuable. En revanche, je préfère enregistrer l’après-midi, quand le niveau d’énergie est plus élevé – ou alors très tard, la nuit : à 2, 3 ou 4 heures du matin, quand c’est possible. Cela dit, j’ai encore appris beaucoup à l’occasion de ce nouvel enregistrement, j’ai trouvé de nouvelles nuances créatives. Peut-être cela me sera-t-il utile pour les prochains DEVILDRIVER. Qui vivra verra !

Je suis tombé sur une interview que tu as donnée il y a quelques mois, avant que la liste des morceaux de « Rivals » soit connue. Tu disais notamment : « Il y a beaucoup de contenu et de narration positifs dans ces morceaux… ». Du coup, avec des titres de chansons comme « I.O.U Nothing », « Bad Blood Between Us », « Suffer In Silence », « The Bridges You Burn » ou encore « Another Nail In The Coffin » je me suis demandé ce que ça aurait donné avec du contenu négatif…
(Rires) C’est parce que je vois toujours le verre à moitié plein ! Je suis très positif comme mec ! Dans « I.O.U. Nothing » (« Je ne te dois rien »), je dis : "fais gaffe à ton karma, fais attention à ne rien devoir à personne, sauf à toi-même et à ta famille. Assume tes obligations. Quand tu te couches, le soir, quand tu poses ta tête sur l’oreiller, assure-toi que tu ne dois rien à personne.". « The Bridges You Burn » (« Les ponts que tu coupes ») : c’est très positif ! Pense à quelqu’un qui est dans ta vie depuis longtemps, mais qui a passé son temps à couper les ponts avec des gens. Si tu le vires de ta vie à ton tour, c’est très positif pour toi ! Les ponts qu’il a coupés reviendront le hanter, ça restera la merde dans sa vie, mais toi tu seras tranquille : c’est tout bénèf ! « Bad Blood Between Us » (« Des tensions entre nous »), c’est un peu pareil. On est tous soumis à des influences négatives, qu’elles soient internes ou externes. Il faut s’en débarrasser. S’il y a des tensions entre nous, dégage de ma vie, va vivre la tienne : je ne veux pas être impliqué dans toutes tes merdes.
Tout cela fait écho à la pochette de l’album. Si tu regardes bien, le mot « Rivals » est barré. Or le rival peut-être en toi, ce démon intérieur que tu dois combattre pour mettre de l’ordre dans ta vie. Il peut aussi prendre la forme d’influences extérieures négatives : des gens, des trucs, des entreprises, n’importe quoi de négatif dont il faut te débarrasser parce qu’ils sont tes rivaux et qu’ils t’empêchent de t’accomplir ou d’avancer. Mes paroles me permettent d’aborder ces enjeux et de proposer des manières de gérer ces questions. J’espère donc que certains les trouveront utiles, pour couper les ponts avec les gens qui les emmerdent, par exemple. Je sais que, de mon côté, j’ai fait pas mal de ménage dans ma vie, cette dernière année. Parfois il faut passer à autre chose…
 

"Nous devrions enregistrer un nouvel album de DEVILDRIVER avant la fin de l’année !" - Dez Fafara


Comment abordes-tu la tournée européenne qui débute à la fin du mois ?
C’est vrai que ça approche ! Pour cette fois, on se concentre sur le Royaume-Uni, avec juste quelques autres dates, ici et là. Presque toutes sont déjà sold-out et on est motivé à fond. Ce ne sera pas une très longue tournée, car nous avons assez rapidement des obligations aux Etats-Unis. Mais on reviendra très vite pour une tournée bien plus longue : ce sera l’occasion de jouer avec COAL CHAMBER à Paris et sûrement ailleurs en France, dans des endroits où j’ai joué avec DEVILDRIVER. J’adore venir en France : à chaque fois je m’amuse beaucoup.

Avec le retour de COAL CHAMBER, DEVILDRIVER passe-t-il au second plan ?
Non, pas du tout. C’est génial de jouer avec DEVILDRIVER : c’est un groupe vraiment marrant. J’ai une chance incroyable : j’ai deux groupes au sein desquels chacun écrit de la musique géniale, où tout le monde s’entend bien et que les gens veulent écouter et voir en live. Je me sens vraiment béni.
DEVILDRIVER existe depuis 12 ans, nous avons sorti 6 albums et personnellement je n’ai jamais pris de pause, depuis 20 ans que je fais de la musique. La plupart des groupes s’arrête pendant 18 mois entre chaque disque, mais je ne fonctionne pas comme ça. Cette fois, pourtant, il était indispensable de s’arrêter de tourner avec DEVILDRIVER pendant au moins 2 ans. Cela dit, nous devrions enregistrer un nouvel album de DEVILDRIVER avant la fin de l’année : on a déjà sous le coude 12 ou 13 morceaux qui déchirent… On aimerait sortir ce disque au printemps ou à l’été prochain et puis reprendre les tournées à un rythme effréné.
Mais je dois ajouter que COAL CHAMBER n’a jamais vraiment disparu non plus… en tout cas, il ne disparaîtra plus. Le cycle se poursuit et « Rivals » va permettre aux gens de savoir où on en est, ces jours-ci.


COAL CHAMBER sera en concert le 2 juin à la Kulturfabrik de Esch-sur-Alzette au Luxembourg, nous allons prochainement vous offrir des invitations pour retrouver le groupe de Dez Fafara sur scène...


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