3 août 2015, 17:46

TRACER : Michael Brown

la rage de vaincre


Plus exactement un nouveau groupe, TRACER est issu du grand paradoxe d'océanie de formations qui ont plus de succès sur les terres européennes que dans leur pays natal d'Australie. Ces dernières années les ont vus sillonner la France en compagnie de grands noms, mais aussi sortir l'un des meilleurs crus classic-rock en 2013 "El Pistolero", somptueux concept-album franc du collier inspiré du film "Desperado" de Robert Rodriguez. A l'occasion de la sortie de son nouvel album, très attendu donc, "Water For Thirsty Dogs", nous nous sommes entretenus avec son leader et guitariste Michael Brown.

La dernière fois qu’on s’est vu c’était au Trabendo où vous avez joué en première partie de THE ANSWER, quels souvenirs gardes-tu de cette tournée ?
Oh tu sais, THE ANSWER sont irlandais et ils boivent beaucoup, donc on ne se souvient pas de grand-chose ! (rires) Non c’est des super mecs. Ils nous ont beaucoup aidés, ils sont tout le temps sur la route, c’est des pros ! On a passé un super moment en tournée avec eux.

« El Pistolero » marquait déjà un grand pas en avant en matière de composition et de performance pour vous, avec même un concept qui liait toutes ces chansons ensemble. On sent vraiment que « Water For Thirsty Dogs » est une suite logique à cela, surtout en matière d’écriture…
Oh oui, ça me fait plaisir que tu me parles de l’écriture car c’est exactement ce qu’on pense aussi. En fait on a eu cette chance d’avoir eu beaucoup plus de temps pour préparer ce disque par rapport aux précédents. On a même annulé une tournée avec TRUCKFIGHTERS pour pouvoir l’enregistrer convenablement ! Ce qu’on a fait c’est qu’on s’est enfermé en salle de répétition tous les 3 et on s’est mis à écrire… jusqu’à ne plus en pouvoir ! On jouait toute la journée et on enregistrait tout ce qu’on faisait, si bien qu’au bout d’une semaine on avait déjà bien trop d’idées pour un seul album, et rien n’était à jeter ! (rires) On a aussi eu une grosse conversation sur l’objectif qu’on voulait atteindre avec ce disque, c’était bizarre dans un sens parce qu’en général on écrit jusqu’à avoir assez de chansons pour un album… et c’est tout ! Là l’objectif c’était de savoir jusqu’où est-ce qu’on pouvait repousser nos limites, jusqu’où est-ce qu’on pouvait aller avec notre musique, de façon à créer quelque chose d’un peu inédit dans le rock’n’roll. Parce que c’est vrai, qui n’en n’a pas marre d’entendre un énième groupe sonner comme AC/DC ou LED ZEPPELIN ? (sourire) Le dernier album de QUEENS OF THE STONE AGE « … Like Clockwork » nous avait vraiment soufflé à sa sortie, c’est un groupe qui prend des risques, qui est unique dans tout ce qu’il fait… c’est plutôt ce genre de références qu’on a voulu utiliser. Après, ça n’a pas été facile, on ne s’est aussi jamais autant engueulé en studio que pour ce disque ! (rires) Mais bon, je suis content de ce qu’on a réalisé, sans vouloir paraître prétentieux, avant ça, je ne nous aurais jamais cru capable de pouvoir écrire un album comme « Water For Thirsty Dogs », mais on l’a fait ! (sourire)

C’est marrant parce qu’alors que beaucoup de monde avait trouvé que tu chantais de plus en plus comme Chris Cornell sur « El Pistolero », on a l’impression que tu prends l’auditeur à contre-pied ici avec un registre plus aigu, plus aventureux…
J’ai beaucoup travaillé sur ce disque, aussi bien sur ma guitare que sur ma voix. C’est vrai qu’on me compare souvent à Chris Cornell, et ça ne me dérange absolument pas d’ailleurs, c’est juste qu’on utilise la même technique pour atteindre ces notes un peu perchées… Pfff et puis qu’est-ce que j’adore ce mec ! Ma priorité sur cet album, c’était la mélodie, le phrasé, il fallait que les paroles sortent bien. Je dirais que toutes ces variations que tu entends sont devenues plus un élément de notre son qu’une simple démonstration. Je ne fais pas ça pour épater la galerie, mais plutôt pour appuyer certaines phrases, certains mots… on a beaucoup réfléchis sur le placement de ces notes. C’est aussi la raison pour laquelle cet album n’a pas été enregistré en conditions live, parce qu’on a voulu expérimenter avec des effets, des textures, en refaisant les guitares, la basse… Toute suggestion était la bienvenue.
 


 
"On a aussi joué en première partie de GOJIRA une fois, j’adore ce groupe, mais putain qui a eu l’idée de nous foutre sur cette affiche ?" - Michael Brown
 

Cet album a été financé par une campagne participative via le site Pledge, as-tu été satisfait de cette nouvelle alternative qui attire de plus en plus de groupes ?
Absolument. Je dois te dire qu’on n’a pas été tout de suite convaincu par cette idée, mais au final ça s’est révélé être quelque chose de génial pour les fans, ils ont reçu des illustrations originales de nos pochettes d’albums, des paroles manuscrites, on leur a envoyé des vidéos exclusives de nous en studio… On les a vraiment impliqués dans la création de cet album. Pour un groupe comme le nôtre qui a eu du succès mais qui a dû changer de label, c’était l’alternative parfaite. Je pense que c’est une vraie opportunité pour les jeunes groupes aussi mais bon… L’industrie est si bordelique aujourd’hui que si je devais repartir à 0, je ne saurais pas par où commencer ! (rires)

En parlant d’industrie musicale, comment se fait-il que vous n’ayez aucun label pour s’occuper de vous en Australie, votre pays natal ?!
(rires) Ouais, je sais. Mais c’est très dur ici pour le rock’n’roll, nous ne rencontrons pas le même succès qu’en Angleterre ou en Europe. Tout est parti de là-bas pour nous, un de nos titres « Too Much » est passé à la radio en Angleterre et depuis on ne cesse d’avoir du succès en Europe ! C’est impossible d’avoir la même chose en Australie car il n’y a non seulement pas assez de stations de radio, mais pas assez d’auditeurs non plus ! Tu sais, les magazines rock que nous avons ici sont importés d’Angleterre et des USA, c’est super bizarre ! (rires) C’est un pays à la fois très avancé en matière de technologie, mais aussi très arriéré dans sa façon de consommer la musique. C’est sous les conseils de quelqu’un qu’on s’est rendu en Europe pour la première fois et ça a tout de suite fonctionné alors on s’est dit : « pourquoi nous tuer à vouloir percer en Australie alors qu’on a du succès en Europe ? ». C’est vrai, là-bas on a une vraie fanbase, les médias nous soutiennent… on est chez nous !

D’ailleurs en Europe on vous retrouve sur des affiches assez bizarres, comme avec ESCAPE THE FATE à Paris...
Putain oui ! (rires) C’était tellement bizarre ! Tu sais, on écoute toujours les groupes pour qui on va ouvrir et quand on a regardé à quoi ressemblait ESCAPE THE FATE on s’est dit : « Oh merde, c’est un putain de groupe émo pour gonzesses ! Mais qu’est-ce que ça va donner ? » (rires) Mais bon, on a accepté et je me souviens qu’après le soundcheck on a voulu aller se prendre un truc à manger dans le coin et on a dû traverser une foule de fillettes complètement hystériques ! (rires) C’était bizarre mais ça a rendu le concert génial, le public était vraiment à fond dedans, c’était sûrement un de nos meilleurs concerts de la tournée. On a aussi joué en première partie de GOJIRA une fois, j’adore ce groupe, mais putain qui a eu l’idée de nous foutre sur cette affiche ? (rires)
 


 

"Métro, boulot, dodo… ce n’est pas ça la vie ! C’est de la survie !" - Michael Brown


D’où est venu le titre « Water For Thirsty Dogs » (de l’eau pour les chiens assoiffés) ?
On a vu ça inscrit sur un seau dans la rue et on s’est tout de suite dit : « Putain c’est un super nom d’album ! ». On s’est mis à réfléchir à ce que ça pouvait représenter, l’eau, les chiens… C’est une phrase tellement métaphorique que ça peut représenter absolument n’importe quoi ! On trouvait que ça collait avec notre désir de faire quelque chose de différent, de nouveau pour le public amateur de musique. Le public représentant les "chiens assoiffés", qui a envie d’écouter de nouvelles choses et qui en a marre d’être matraqué par toute cette merde pop qu’on entend partout.

Le titre « The Machine » parle de se libérer de l’emprise de la société, c’est un sujet qui revient souvent sur ce disque, non ?
C’est tout à fait ça. On retrouve ce thème sur plusieurs chansons. C’était mon idée de départ quand j’ai commencé à écrire les textes, je voulais écrire sur… pas le "déclin" de la société mais plutôt le fait que l’humain a tellement tendance à se reposer sur ses plus grandes inventions, qu’il oublie de réfléchir, qu’il devient feignant, qu’il ne se fait plus ses propres idées… Tu vois, pourquoi est-ce qu’on continue à aller chez McDonald’s alors qu’on sait tous que c’est dégueulasse ? Parce que les gens sont feignants ! Parce qu’ils gobent tout ce qu’ils voient à la TV ! Ces chansons sont une sorte de prise de conscience, surtout « The Machine » qui parle de cette vie que mène beaucoup de gens : métro, boulot, dodo… mais ce n’est pas ça la vie ! C’est de la survie ! La vie c’est faire ce qu’on aime au fond de soi et essayer de le rendre différent !
 


 
"J’ai le sentiment qu’on se tient devant un tout nouveau monde à explorer." - Michael Brown


« Homeward Bound » doit-être l’un des titres les plus radiophoniques de votre catalogue en revanche…
En fait, un jour je me suis rendu compte que beaucoup de nos chansons étaient des enchaînements de power-chords, sans vraie mélodies derrière. L’idée sur ce titre c’était donc de trouver des accords différents. Au début on ne voulait pas le mettre sur l’album, mais après avoir écrit les paroles, tout a pris un sens beaucoup plus personnel. « Homeward Bound » parle de notre vie en tournée, du fait que nos amis et nos familles nous manquent… C’est vrai qu’elle passerait très bien en radio, elle a comme un air de vacances, d’été… Elle se démarque clairement du reste des chansons de l’album, mais c’est comme ça ! Tu n’as pas d’ombre sans lumière…

Une autre chanson qui se démarque, c’est « Us Against The World » avec ces chœurs qui sonnent comme un vrai appel aux armes...
C’est exactement ça, un appel aux armes ! Un appel à la "Tracer Army" si je peux l’appeler comme ça. Si vous en avez marre d’entendre de la daube à la radio, voilà une chanson pour vous ! Il y aura toujours plus de fans que de décideurs ! Si vous en avez marre, décrochez votre téléphone et appelez votre radio, votre chaîne de TV et dites-leur de virer Mariah Carey et de mettre TRACER à la place ! (rires)

La dernière chanson dont je voulais te parler est la dernière de l’album, « Tremors »...
Aaah oui…

Elle te tient à cœur cette chanson, non ?
Je l’avais composée il y a longtemps, je savais que ça allait être une ballade. Au début je ne voulais pas la montrer aux gars mais après avoir discuté avec eux de ce qu’on voulait faire avec ce disque, repousser nos limites, j’ai tout de suite pensé à cette chanson. On ne voulait surtout pas tomber dans le cliché à la « I Don’t Wanna Miss A Thing » d’AEROSMITH, on voulait que ça reste du TRACER. Dans ma tête, je voyais ça comme une lettre d’amour écrite par Chuck Norris, tu vois ? (rires) Quelqu’un qui ne sait pas exprimer ses sentiments, mais qui fait ce qu’il peut. En l’enregistrant, on s’est rendu compte qu’il manquait quelque chose, comme des violons… mais comme on ne voulait surtout pas en utiliser, on l’a fait avec des guitares saturées et tout un tas d’effets… On a vraiment essayé plein de choses. C’est une chanson qui me tient à cœur car je l’ai écrite pour ma copine, la première fois que je l’ai entendue mixée j’ai eu des frissons, c’était génial. Elle montre vraiment un autre visage du groupe.

C’est une porte ouverte vers de nouvelles choses…
L’album entier est une porte ouverte vers de nouvelles choses. Après avoir autant travaillé et découvert tout ce que ce groupe pouvait faire, j’ai le sentiment qu’on se tient devant un tout nouveau monde à explorer. Ce n’est que le début !  
 


 

"J’ai la phobie des nains" - Michael Brown


Quelques mots sur votre tournée Européenne à venir avec APOCALYPTICA ?
Pour te dire la vérité, je ne les connaissais pas avant qu’on nous dise qu’on allait jouer avec eux ! (rires) Je pense que ça va être une tournée très enrichissante, je suis curieux de voir ce que ce groupe donne en live car je n’ai aucune idée de ce que ça peut rendre ! C’est un mélange très intéressant. Je trouve ça incroyable qu’une affiche comme ça puisse exister en Europe, c’est un vrai signe de diversité et d’amour pour la musique. Là-bas, personne n’ira te dire : « Je n’aime que ces 3 groupes ! » ou « Je n’aime que ce style de musique ! ». Les gens savent reconnaitre un groupe talentueux et ne le rejettent pas sous le simple prétexte qu’ils ne le connaissent pas. J’espère que ça va bien se passer avec APOCALYPTICA. On a vraiment hâte de jouer tous ces nouveaux morceaux.

Sinon, vous demandez toujours un steak de brocoli dans votre loge ?
(éclat de rires) En fait on le demande juste pour nous assurer que les gens lisent notre rider au lieu de nous retrouver avec un paquet de chips ! (rires) On a piqué cette idée à Iggy Pop en fait, lui il demande un steak de brocoli et un nain, mais comme j’ai la phobie des nains on ne demande que le brocoli ! (rires) 
 

"Water For Thirsty Dogs" est déjà disponible chez OMN Label Services. Retrouvez TRACER en première partie d'APOCALYPTICA au Zénith de Paris le 6 novembre prochain et HARD FORCE vous fera gagner des invitations avec Nous Productions !
 

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
Ses autres publications

1 commentaire

User
KillMunster
le 05 août 2015 à 19:58
Le désopilant (ou horripilant, c'est selon !) Gad Elmaleh n'a pas l'air content sur la première photo !
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