Le nouvel album d'un groupe est toujours une source d'excitation pour ses fans. Et plus il met de temps à venir, plus l'excitation grandit... En temps normal, ces six ans d'attente depuis « World Painted Blood » auraient déjà suffi à plonger les fans de SLAYER en transe. Mais ces six ans, ne font finalement qu'un détail presque insignifiant au vu de tout ce que le groupe a traversé pendant cette période. Pendant des mois, l'actualité du groupe se fait plus dans la rubrique des embrouilles en tout genre que dans les chroniques musicales, la valse des batteurs façon SPINAL TAP, les phrases assassines des anciens membres, les ripostes, le changement de maison de disques... Et puis Jeff Hanneman... D'abord malade, il disparaît du groupe. En 2013, son décès fait craindre aux fans la fin de SLAYER...
« Repentless » devrait les rassurer. Non seulement le groupe ne s'arrête pas, mais il revient avec un excellent album, qui donne l'impression d'être, sinon un classique, un territoire très familier, alors qu'il vient juste de sortir. Passé « Delusions Of Saviour », intro musicale, le titre « Repentless » est un monstre, ni plus ni moins.Trois minutes vingt d'agressivité et de puissance accompagnées des hurlements de Tom Araya. Ce n'est sans doute pas par hasard que ce titre soit le premier single choisi par le groupe, comme s'il voulait nous montrer de quoi il est encore capable. Ok les mecs, on a compris. (J'ajoute d'ailleurs que si ce n'est pas déjà fait, il est urgent de jeter un œil à la vidéo accompagnant ce morceau qui est elle aussi, complètement monstrueuse.).
Et l'agressivité de s'arrête pas là. « Take Control », « Vices » les titres s'enchaînent avec la même hargne jusqu'à « When The Stillness Comes » qui nous plonge soudain dans un univers plus lourd, aux ambiances planantes mais aussi malsaines. Une "pause" bienvenue avant la reprise des hostilités.
Il ne s'agit pas ici d'une révolution, des morceaux comme « Chasing Death » par exemple pourraient avoir vingt ans sans que cela surprenne. SLAYER ne s'est pas forcément remis en question, il s'est juste remis en marche et vu les circonstances c'est déjà pas mal. Désormais en solo à la compo, Kerry King en plaisantait lors d'une interview avec Metal XS « Ça me fait plus de boulot ! ». Il en résulte aussi une plus grande uniformité. « Piano Wire » ou « Atrocity Vendor » envoient un metal puissant et brutal, parfois teinté d'un rien de punk, mais sans doute moins extrême que ce à quoi les fans de la première heure s'étaient habitué. Pourtant « You Against You » nous renvoie aussi à la grande époque où SLAYER régnait en maître sur la scène thrash.
Trois quart-d'heure plus tard, on a un peu l'impression d'être passé sous un quinze tonnes, lancé à pleine vitesse. C'est bien de ce groupe-là dont on se demandait s'il n'était pas fini ? Autant dire que contre toute attente, SLAYER vient d'envoyer un message très clair, la fin de règne (in blood), ce n'est pas pour tout de suite.
