20 septembre 2015, 19:45

Joe Satriani + Markus James @ Toulouse (Casino Barrière)

Il faut croire qu’on vieillit. Ce dimanche, c’est thé dansant au Casino Barrière, c’est vrai que ça commence tôt pour un concert. On est bien assis, toujours dans ces fauteuils en presque cuir, et on se prépare à prendre un cours de tricot avec le taulier du shred mélodique, Joe Satriani en personne. Le guitariste californien, qui a été repéré grâce à ses illustres élèves comme Steve Vai et Kirk Hammett, vient ouvrir la saison de la foire à la guitare de Toulouse, avant Michael Schenker et Yossi Sassi.



Satch n’est pas venu tout seul. Markus James est invité pour la première partie. La formule est assez sommaire, sans fioritures. guitare-chant et batterie. Il faut voir le sourire jusqu’aux oreilles de Marlon Green avec ses lunettes de soleil, pour comprendre que le type adore être sur scène à marteler ses fûts et ses cymbales. D’ailleurs, c’est à peu près la seule chose qu’on remarque, tant le son est épouvantable.
Assis dans le bas de la salle, à la hauteur de la scène et donc loin de la console qui trône plus haut, on a droit à un concert de grosse caisse. C’est dommage, surtout que la musique de Markus James est sympathique. Un blues sauvage, organique, avec passages à la slide et cigar-box-guitar, un instrument à quelques cordes né aux Etats-Unis au XIXe siècle. Pour accentuer le côté roots de sa musique, l’Américain est allé chercher du côté du Mali et il a eu raison. Dommage que le technicien à la table, fan de fréquences ultrabasses, ait choisi de garder ses moufles.

Après quelques soucis logistiques mineurs, on se demande à quoi servent les ouvreuses si tout le monde s’assoit où il veut, qui nous évitent de checker nos mails pendant le changement de plateau. Satriani arrive et tout va bien, surtout qu’en prévention, on est venu distribuer des bouchons pour les feuilles. Dès le premier morceau tiré de son quinzième album, paru il y a quelques mois, on sait qu’on a eu raison de les prendre. C’est fort, et pas seulement sur le plan technique. On repère tout de suite Marco Minnemann à la batterie. C’est simple, dès qu’il peut, il en fout partout.
En fond de scène, des images sont diffusées sur trois écrans tendus de haut en bas. Dessin animé où une espèce de Jésus revient en jouant de la guitare (mais qui cela peut-il donc bien être ?), ou vidéos plus planantes avec des arbres et des nuages, cela reste assez discret. De toute façon, on n’est pas venu au cinéma.



Les musiciens enchaînent avec “Flying In A Blue Dream”, on connaît, c’est rassurant. D’ailleurs le public gronde de plaisir. Derrière la mélodie aussi fluide qu’aérienne de la guitare, la rythmique est tellurique, elle en devient même hypnotique par moment. Pendant deux heures, Satch et ses amis vont alterner les classiques du maître et les nouveaux morceaux, histoire de contenter tout le monde. Satriani maîtrise parfaitement sa partie, même s’il manque peut-être un peu d’émotion à tout cela. Il alterne entre les descentes de manches et les mélodies qu’on sifflote.

Derrière, où plutôt à côté, les trois autres assurent et font tourner mécaniquement les boucles rythmiques qui étaient jouées par des machines sur les premiers albums comme « Surfing With The Alien » ou lâchent les chevaux sur les morceaux moins anciens. Le taulier leur laisse même la place pour que chacun y aille de son solo. Chose rare, Mike Keneally, barbe et chemise à carreaux, à la deuxième guitare et aux claviers, ne reste pas cantonné à côté de la batterie, il fait plusieurs solos, y compris pendant les morceaux, devant la scène. Par moment, Satriani et lui se répondent même, donnant l’impression de voir un groupe et pas un backing band.

Le public connaît Satch depuis longtemps et se manifeste plus à chaque fois que le groupe entame un vieux morceau. Sur les écrans, sa carrière est retracée à coup de vieilles photos. On a même droit à la couverture du n° 9 de HARD FORCE, quelques lustres avant la version 2.0 du magazine. Celle où Satriani est qualifié de « King of melodic shred », cette mode des tricoteurs de manche plutôt en vogue dans les années 1980, et dont sont issus Yngwie Malmsteen, Paul Gilbert, Tony McAlpine ou Richie Kotzen… On est loin de David Gilmour.

Quand les lumières se rallument, une fois que le surfeur d’argent nous a ramenés à bon port après ce voyage sonique, la réalité reprend le dessus. Il n’est pas tard, on ne sera pas crevé demain au boulot. Il faut croire qu’on vieillit.


Photos © Hard Force / Fred Moocher - Portfolio


Blogger : Philippe Dynamo
Au sujet de l'auteur
Philippe Dynamo
C'est rapidement que Phil rencontre la musique... Un album de POLICE pour son dixième anniversaire, un paquet de 45 tours, beaucoup de daube, le début des radios libres. Premier disque acheté : THE CLASH. L'énergie ! C'est le début des années 80, un grand frère qui écoute Gary Moore, JUDAS PRIEST, DEEP PURPLE et LED ZEPPELIN et ses potes AC/DC et TRUST... Ses propres amis naviguent sur les Stray Cats, VAN HALNE et IRON MAIDEN... Sa prof' de musique au collège s'arrache les cheveux quand il lui amène BLACKFOOT, SCORPIONS, JOURNEY ou NAZARETH pour écouter en cours... 1983, « Wango Tango » tous les vendredis, premier concert avec DEF LEPPARD, grosse baffe ! Une veste de treillis avec DIO dans le dos, un tee-shirt d'IRON MAIDEN, une veste en jean avec le logo de MOTÖRHEAD en garniture. Tous les mois, la presse : Rock & Folk, Best, puis Enfer Magazine, Metal Attack et Hard Force... Depuis, un tas de concerts, des festivals, d'abord de hard rock, puis de plein d'autres genres. Les cheveux tombent, le bide pousse, mais la flamme brille encore et toujours. Devenu journaliste pour dire autre chose que "j'adore ce que vous faites" aux artistes qu'il aime rencontrer. Partager avec eux des moments privilégiés, et d'essayer d'en rendre compte.
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