29 octobre 2015, 6:08

KVELERTAK + BLACK BOMB A + BLACK KNIVES @ Toulouse (Le Metronum)

Le metal est-il un sport de combat ? On peut se le demander, même si le visuel de l’affiche de ce soir ne le laisse pas présager. Trois groupes aux chanteurs puissants vont occuper la scène pour la plus grande joie des nombreux fans présents devant et dans la cour du Metronum, profitant d’une belle fin de journée, ou se concentrant avant d’entrer dans l’arène. Il devait y avoir deux concerts ce soir, les Norvégiens KVELERTAK profitant d’un day-off sur leur tournée avec SLAYER et ANTHRAX pour venir démonter le Saint des Seins, petite salle du centre-ville. A croire que Noiser et Antistatic savent que le don d’ubiquité n’est pas donné à tout le monde. Les deux productions de concerts se sont plus qu’intelligemment réunies pour proposer ce plateau exceptionnel.



Ce sont d’abord les locaux BLACK KNIVES qui prennent d’assaut la scène pour une demie-heure de hardcore des plus brutal, à l’image de leur album au son monstrueux, « The Thirteenth Hour ». En façade, le mix est vraiment bon, pas courant pour un groupe qui joue en première partie. Pas gênés par leurs cheveux, les musiciens se déplacent et occupent l’espace, balançant de gros riffs bien épais, pendant qu’Eric assène ses paroles de sa voix caverneuse... il a l’air en colère ! Le public ne s’y trompe pas. La fosse se remplit tout au long du concert, on a même droit à un premier wall of death, un passage obligé ce soir. Efficace et sans fioritures, les solos on s’en tape, la musique de BLACK KNIVES atteint le public comme un uppercut. On en ressort sonné.



Quand les lumières s’éteignent pour la suite de la soirée, la salle est pleine. Le deuxième round peut commencer. Les cinq de BLACK BOMB A, très en forme ce soir, entament un set explosif pour défendre leur dernier album paru cette année. Le revenant Arno, un des chanteurs originels du groupe, est de retour, et pas pour faire de la figuration. Avec Poun, ils enchaînent les parties vocales, gutturales ou plus claires comme un duo de catcheurs, sans passer derrière les cordes et sans temps morts, à peine quelques secondes pour laisser les fans reprendre leur souffle. Dans la fosse, c’est la tempête. Ça saute, ça enchaîne les circle-pits qui tournent comme des tornades, ça se sépare en deux comme la Mer rouge avant de se fracasser dans un autre mur de la mort. En un peu plus d’une heure, la température a sérieusement continué de monter.


Mais le gala de prestige n’est pas fini. Avec KVELERTAK, on imaginait bien prendre une grosse baffe. On avait regardé des vidéos il y a quelques années et lors du Hellfest 2014, on avait même traîné d’éminents membres de la rédaction vers la Warzone en leur vendant visiblement bien le truc alors que SLAYER démarrait dans le même temps sur la Mainstage 2. Et pendant plus d’une heure, ça a été une succession de blasts, de grosses voix et de riffs bien tranchés à trois guitares qu’on a pu entendre distinctement, ce que n’avait pas réussi à faire MAIDEN quelques heures auparavant. Des regards approbateurs, des chefs qui opinaient, les Norvégiens avaient bougrement fait le job.

Et ce soir ? Pareil. On ne change pas de tactique. Ça commence avec “Åpenbaring” et sa longue intro entêtante. La lumière monte avec la musique. Au milieu de la scène, immobile, Erlend Hjelvik, avec son hibou aux ailes déployées, lance le feu avec un des nombreux hurlements qu’il poussera dans la soirée. Pendant plus d’une heure, on ne sait plus exactement, on ne va pas toucher terre. KVELERTAK en concert, c’est comme la première fois où on a écouté “Overkill” de la bande à Lemmy il y a plus de trente piges. Laissé groggy par la double grosse caisse, assez extraordinaire pour l’époque, on est devenu fou quand c’est reparti, alors qu’on croyait le morceau terminé. KVELERTAK en concert, c’est comme quand les gars montent d’un ton pour relancer le dernier refrain, rajoutent des chœurs qui donnent une nouvelle dimension à la fin du morceau, lui donnant cette force qui le vissera dans nos caboches.

Ça marche avec “I Love It Loud” de KISS et un paquet de titres d’ACCEPT, la liste est longue et c’est tant mieux. Sauf que c’est tout au long du show que ça se passe. KVELERTAK en concert, c’est un premier morceau fabuleux, avant d’enchaîner avec un deuxième encore meilleur et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on rallume la salle. Incroyable. Et il n’y a même pas la barrière de la langue, tant sa musique est universellement métallique. Du black metal, oui, mais pas que. Il y a aussi des passages thrash, des putains de mélodies, des refrains rock’n’roll, d’autres façon hymne, à l’image de “Ulvetid”, le premier titre du premier album, le groupe jongle savamment avec toutes ces influences.

KVELERTAK, c’est zéro temps mort, pas de surperflu, des directs dans la tronche. C’est plus qu’heavy, idéal pour headbanger avec le poing en l’air, et les trois guitares n’y sont pas pour rien. Il y a même des duos avec des bouts de solos à la tierce, comme chez THIN LIZZY, alors que la troisième continue a envoyer une rythmique de plomb, le tout avec les manches en l’air aussi souvent que possible. Le batteur n’y est pas non plus étranger, balançant tout un tas de rythmes plus ou moins lourds, mais toujours énervés. KVELERTAK, ça part déjà de très haut et ça continue à monter au fur et à mesure. La set-list est impeccable, on a même droit à une "première" qui va figurer sur le prochain album.

Le Metronum en prend plein la gueule. Derrière, les fans et les autres profitent d’un excellent lightshow, avec stroboscope à la clé, ne voient quasiment jamais la trombine du sauvage chanteur, mais toujours sa crinière qui balance. Qu’ils se rassurent, devant, c’est pareil. Leur concert parisien avec ANTHRAX et SLAYER a pâti d’un son assez crado, dommage pour découvrir l’excellence de leur musique.
Ce soir, pas de souci, tout y est, on en ressort assommé. C’est pas une baffe qu’on a pris, mais une sacrée rouste. Et on en redemande.


Photos © 2015 Hard Force / Fred Moocher - DR


Blogger : Philippe Dynamo
Au sujet de l'auteur
Philippe Dynamo
C'est rapidement que Phil rencontre la musique... Un album de POLICE pour son dixième anniversaire, un paquet de 45 tours, beaucoup de daube, le début des radios libres. Premier disque acheté : THE CLASH. L'énergie ! C'est le début des années 80, un grand frère qui écoute Gary Moore, JUDAS PRIEST, DEEP PURPLE et LED ZEPPELIN et ses potes AC/DC et TRUST... Ses propres amis naviguent sur les Stray Cats, VAN HALNE et IRON MAIDEN... Sa prof' de musique au collège s'arrache les cheveux quand il lui amène BLACKFOOT, SCORPIONS, JOURNEY ou NAZARETH pour écouter en cours... 1983, « Wango Tango » tous les vendredis, premier concert avec DEF LEPPARD, grosse baffe ! Une veste de treillis avec DIO dans le dos, un tee-shirt d'IRON MAIDEN, une veste en jean avec le logo de MOTÖRHEAD en garniture. Tous les mois, la presse : Rock & Folk, Best, puis Enfer Magazine, Metal Attack et Hard Force... Depuis, un tas de concerts, des festivals, d'abord de hard rock, puis de plein d'autres genres. Les cheveux tombent, le bide pousse, mais la flamme brille encore et toujours. Devenu journaliste pour dire autre chose que "j'adore ce que vous faites" aux artistes qu'il aime rencontrer. Partager avec eux des moments privilégiés, et d'essayer d'en rendre compte.
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