
Rien n’était prévu.
La veille de la nouvelle venue en concert des RIVAL SONS en concert à Paris, on nous proposait une interview avec l’extraordinaire Scott Holiday, guitariste du groupe, alors en première partie de DEEP PURPLE au Zénith, le 11 novembre 2015.
Fan du groupe depuis la découverte de leur second album « Pressure & Time » en 2012 (puisque l’exemplaire promo fut bombardé aux journalistes à l’époque), l’intérêt pour les Américains n’a chez moi fait que croître depuis, multipliant les expériences live : Hellfest en 2012, puis ce show intimiste et magique au Nouveau Casino quelques mois après, le triomphe au Trianon, et cette année encore en belle place au Main Square Festival.
L’expérience "interview" n’avait, elle, cependant pas encore été franchie. Autour de 16 heures, leur tour-manager m’accueille avec bienveillance dans les backstages du Zénith, encore plus lorsque je le reconnais spontanément : il s’agit de Peter Stahl, chanteur culte de groupes comme THE SCREAM, WOOL et surtout des légendes du stoner GOATSNAKE. Nous sympathisons, bavardons, et nous dirigeons dans les loges allouées aux RIVAL SONS. C’est pendant les balances de DEEP PURPLE que nous sommes présentés, plus particulièrement sous les grandes orgues de Don Airey, ce qui émeut notre hôte Scott Holiday, qui ne se lasse pas un instant de partager tous ces moments auprès d’un de ses groupes fétiches, réalisant la chance de pouvoir côtoyer ces légendes vivantes.
S’en suit une conversation d’une heure (UNE HEURE !), chose désormais assez rare à une époque où les créneaux promo sont réglés de manière ultra stricte et sans dépassement possible. Personne ne viendra nous déranger et encore moins nous couper : au final Scott viendra me présenter au reste du groupe, et me proposer gentiment de rester assister à leur concert le soir même.
Voici donc un entretien fleuve retranscrit en intégralité avec l’une des futures légendes du classic-rock de demain, un guitariste immense aussi modeste que franc et ambitieux, bardé d’humour et de passion complètement contagieux. Magnéto. (Part 1)
Vous venez tout juste de ressortir votre dernier album « Great Western Walkyrie ». Même si l’on pense qu’il s’agit là d’un habile tour marketing, peux-tu nous en dire plus sur le contenu du disque bonus ?
Hé bien il y a donc des B-sides et des trucs qu’on a pu enregistrer en chemin, pas mal de morceaux qu’on avait en stock et que l’on voulait partager avec nos fans… Plus qu’une stratégie marketing, sachant qu’on partait en l’occurence en tournée avec Deep Purple, nous allions faire face à pas mal de gens qui allaient nous découvrir tous les soirs alors que nous assurons leur première partie… Ce n’est pas partout évident d’avoir des disquaires qui vont se réapprovisionner à temps pour avoir l’album dans les bacs - alors c’était aussi l’occasion de voir le disque revenir dans les rayons à l’occasion de cette tournée, qu’il soit disponible à bon escient. Quant aux fans, ils pourront donc bénéficier de nouveautés à cette occasion. Il y a bien deux-trois morceaux acoustiques que nous avions enregistré live en Scandinavie ; des morceaux que l’on a pu enregistrer en analogique sur une console ayant appartenu au label Stax - à la base ils voulaient qu’on enregistre via pro-Tools, mais il y avait à disposition tout cet équipement magnifique, un peu abandonné dans un coin sous une bâche ; « les mecs vous utilisez ces trucs ? Ca marche encore ? - ouais mais on ne s’en sert plus ». Alors on a bondi sur l’occasion et donc mis en boite "Long As I Can See The Light", "Open My Eyes" et "Where I’ve Been". Il y a donc également ces chansons supplémentaires, "Too Much Love", "My Nature" et "Black Coffee". On aurait pu c’est vrai sortir un CD à part entière, comme un EP, mais on a choisi d’offrir tout le package pour cette tournée, de façon à ce que tout le monde aie bien tout !
Un an et demi après sa sortie, quel regard portes-tu sur cet album, le quatrième de votre belle discographie ? Vous avez placé la barre à un très haut niveau de qualité, presque périlleux ! Etes-vous tous complètement satisfait de ce disque ?
J’espère que tout le monde pense comme ça : il faut constamment faire mieux que le précédent, chaque artiste devrait en effet concevoir les choses comme ça. On a réalisé quelque chose que tout le monde a vraiment apprécié et où on s’est tous investiq à fond…
« On sort à peine des studios à Nashville où nous venons de mettre en boîte notre prochain disque. Et oui, le prochain est déjà en route ! » – Scott Holiday

Notre génération est en manque de grands disques classic-rock, de chefs-d’œuvre comme en sortaient LED ZEPPELIN , BLACK SABBATH ou DEEP PRUPLE, justement. Vous nous avez séduits avec vos albums précédents, « Pressure & Time » et « Head Down »… Mais là, avec « Great Western Walkyrie », vous avez mis la barre tellement haute : vous avez littéralement sorti votre chef-d’œuvre.
Waow, tu nous mets la pression, là ! Tu sais que l’on sort à peine des studios à Nashville où nous venons de mettre en boîte notre prochain disque. Et oui, le prochain est déjà en route !
On peut dire que vous ne perdez pas votre temps…
(rires) Oui, on était à peine rentrés chez nous de la tournée précédente, à peine posé nos valises que nous repartions dans la foulée pour Nashville pendant trois semaines ! Puis nous sommes à nouveau rentrés, avons défait nos affaires, refait d’autres valises et sommes repartis sur cette tournée !
Mais vous avez écrit sur la route avant ?
Non, tous nos disques sont écrits en studio. Je m’isole un peu pour écrire de mon côté, Jay pareil… Mais surtout, on se rassemble pour apporter toutes nos idées et le reflet exact du travail des RIVAL SONS se passe en studio, ensemble, à provoquer cette étincelle de créativité et à la capturer instantanément.
Mais lorsque vous êtes en tournée, j’imagine que pas mal de choses doivent venir vous inspirer et qu’il doit y avoir la tentation d’écrire, là, tout de suite !
Quelques bouts ci et là, oui, mais j’essaie de ne pas aller trop loin dans ce processus de composition, parce que cela devient alors très précieux. Et ça me rend fou si cela ne prend pas la direction que j’attendais…
J’imagine que réaliser un disque représente la somme de très nombreux compromis de la part de chaque membre du groupe : y a t-il eu beaucoup de frustration à devoir approuver certaines décisions et à voir les siennes être refusées par d’autres ?
A chaque fois. On travaille vraiment très dur. Chacun veut beaucoup s’impliquer et créer ; et au moment où chacun se rapproche de ses idées, l’un va lui dire que ça ne pourra pas aboutir sur le disque… C’est pour le mieux finalement. On trouve beaucoup trop de double albums remplis jusqu’à ras bord de chansons qui ne sonnent pas à leur place – tout le monde a fait ça, alors qu’on sait pertinemment qu’il n’existe que trois double albums parfaits dans toute l’histoire du rock’n’roll : le « White Album » des BEATLES, « Physical Graffiti » de LED ZEPPELIN… et puis bien sûr « Exile On Main Street » des ROLLING STONES. Oui, ceux-là valent largement le coup ; mais il y en a tant d’autres qui sont merdiques et qui auraient du n’être qu’un simple album… Un simple bon album, au lieu d’un double album mauvais. On ne fera pas ça. Ce qu’on veut, c’est capter la bonne vibration entre nous quatre en studio et en sortir le meilleur, idéalement. Je ne dis pas qu’on ne sortira jamais de double album, mais il faudra alors qu’il respire parfaitement notre effort de composition, d’investissement et de performance en studio, que cela révèle totalement la somme de tout cela…
Et de toute façon, vous pouvez vous permettre de sortir des albums parfaits de dix titres chacun tous les dix-huit mois !
(rires) C’est vrai, c’est plus facile de se concentrer sur une poignée de titres, et on peut par conséquent sortir de bons disques dans des intervalles assez proches ! En plus, il ne nous faut que trois semaines pour écrire, enregistrer, mixer, et voilà ! A la base, on arrive avec peut-être quinze idées, que l’on va ramasser à treize, puis douze, et enfin dix.
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