10 décembre 2015, 12:07

RIVAL SONS

Interview Scott Holiday - Part 2

...Entretien fleuve retranscrit en intégralité avec l’une des futures légendes du classic-rock de demain, un guitariste immense aussi modeste que franc et ambitieux, bardé d’humour et de passion complètement contagieux. Magnéto. (Part 2)


​Est-ce que les RIVAL SONS de 2015 sont le parfait reflet de ce que vous aviez en tête lorsque vous vous projetiez à l’origine du groupe quelques années plus tôt ?
Je dirais même qu’on s’est surpassé, je suis très fier du boulot que nous avons fait, de ce que les musiciens que nous sommes sont devenus et de l’unité que nous formons. Notre vision initiale était peut-être même bien plus étriquée que ce que nous sommes devenus – c’est bien plus organique et naturel, et gratifiant.
 

« C’est anti-rock’n’roll de “trop” réfléchir les choses, de “trop” écrire et de “trop” produire ses albums… Ne faites pas ça… Le rock’n’roll doit être instinctif ! » – Scott Holiday



La façon dont vous vous habillez, la façon dont vous vous comportez, la façon dont vous envisagez la musique, dont vous tournez sans relâche : tout paraît si loin des modes d’aujourd’hui pour vous. Pensez-vous vraiment que vous appartenez à notre époque ? Qu’aimez-vous particulièrement dans le fait d’être un groupe de rock en 2015 ?
J’adore la musique d’aujourd’hui, et je comprends parfaitement les associations d’idée que tu formules autour de nous en rapport avec le rock’n’roll et le style d’antan… Mais regarde, en fait ce que je porte est plutôt moderne, non ? C’est juste un costume…

Oui je te suis, bien sûr, d’autant que c’est très stylé et dans la veine branchée de ce que peut proposer un créateur comme John Varvatos, mais tu vois ce que je veux dire : beaucoup de gens pourraient penser que votre look appartient à un temps vraiment ancien…
On s’habille comme on veut s’habiller. On a toujours aimé un certain style dans le rock’n’roll… et je ne crois pas, personnellement, qu’un groupe devrait avoir le même look que son équipe technique, que ses roadies. Et qu’il devrait vraiment apparaître comme le groupe ! C’est un ensemble… J’ai grandi avec tous ces groupes classiques : les David Bowie, LED ZEPPELIN, les WHO, toute cette royauté du rock, les BEATLES, les STONES, tous ceux qui ont évolué, pendant les années 70 et même jusqu’à aujourd’hui, ils se sont toujours éclatés dans leur époque. Si je peux me permettre de m’habiller ainsi, je ne vais pas m’en priver : je veux vivre mon moment, je peux le faire. Si on peut prendre du plaisir parce que nos jobs nous permettent de le faire, alors allons-y ! J’aime quand les autres groupes agissent ainsi – et même Lady Gaga, qui est complètement investie dans son art, dans tous les aspects visuels de sa créativité. Cela prend beaucoup d’énergie, beaucoup de temps, beaucoup d’argent, beaucoup de concentration – c’est une attitude globale. Si l’on ne faisait qu’enregistrer de la musique, ce serait une chose ; mais l’on présente aussi un show, et l’on apparait dans des magazines, c’est de l’art visuel. Certains disent aussi que la façon dont on enregistre des disques est démodée, mais franchement, il s’agit là d’une certaine esthétique dont bon nombre de groupes de rock devrait s’inspirer ! Cela engendre des réactions purement viscérales et le rock’n’roll ne devrait être que ça, spontané et intense. Ca l’était aux tous débuts, et ça sonnait ainsi jadis, et il y avait bien une raison derrière, lorsque tu écoutes tous ces disques de Chuck Berry, ces albums de blues, Stax, Motown, les années 60, les années 70 : ça marchait ! Ca fonctionnait parfaitement ainsi, c’était vrai !

Oui et la définition même du rock’n’roll, c’est cette animalité, cette bestialité, cette sexualité ! C’est spontané…
C’est exact. C’est anti-rock’n’roll de “trop” réfléchir les choses, de “trop” écrire et de “trop” produire ses albums… Ne faites pas ça… Le rock’n’roll doit être instinctif !

Ça c’est une leçon !
(Rires)  Oui, si vous n’êtes pas capable d’agir ainsi, faites autre chose ! Je vois les gens qui pensent que c’est démodé ; je comprends l’idée mais je ne suis carrément pas d’accord. Et je pense même que l’on est complètement raccord avec ce qui se passe aujourd’hui. 

Et quelles sont les choses qui n’appartiennent d’évidence pas à votre philosophie en 2015 ?
Quand tu penses aux années 60 et à la contre-culture, des mouvements sociaux et politiques, les guerres… Je crois qu’en fait, il n’existe pas de période idéale ni confortable… Je suis plutôt à l’aise aujourd’hui ; je ne crois pas qu’il y ait une ère plus romantique pour moi. J’ai déjà pris des substance psychédéliques et d’une certaine façon une machine à remonter le temps, et non, je suis bien mieux ici ! (rires)
 

« J’ai un chouette job. Je suis vraiment heureux. J’adore jouer de la musique, je suis vraiment content de bosser avec toute cette équipe. Mon boulot est de rendre les gens heureux, soir après soir, et de créer une certaine unité auprès des masses… » – Scott Holiday



Tourner de manière constante et inlassable représente une partie de votre éthique de travail, une approche encore une fois très old-school pour un groupe qui se doit ainsi de gagner des fans un par un, soir après soir – ne jamais abandonner, quel qu’en soit le prix. Un vrai groupe de bosseurs. Ne commencez-vous pas à être crevés, cramés par ce rythme ? Ne craignez-vous pas le burn-out ? 
Oui, je crois que cela nous arrive à chacune de nos tournées ! On peut se sentir comma ça, ouais… Mais ça pourrait aussi être le cas si j’étais charpentier, non ? Parfois, tu peux te dire : « Putain, j’ai envie de me barrer de ce boulot de merde ! Marre de ce boulot de plombier, marre de ces programmes informatiques, marre de ces réseaux sociaux, je n’arrive plus à me concentrer sur l’essentiel dans cette grosse boîte multinationale… » On a tous de quoi se plaindre. On râle tous contre quelque chose. J’ai un chouette job. Je suis vraiment heureux. J’adore jouer de la musique, je suis vraiment content de bosser avec toute cette équipe. Mon boulot est de rendre les gens heureux, soir après soir, et de créer une certaine unité auprès des masses…

Comment faites-vous face à l’ennui et aux tensions après tant de mois passés les uns sur les autres, coincés en tournée ?
Well, hum, c’est très difficile, et ça devient même de plus en plus problématique au fur et à mesure du temps, mais c’est à chaque fois différent lors de chaque tournée. On s’occupe différemment, en fonction des villes que l’on visite, des amis à qui l’on parle, parfois on emmène de la famille sur la route et ça casse vraiment la routine ; avec les gars, on bosse davantage, on va jouer backstage… Mais c’est difficile, et je sais qu’il en va de même pour tous les musiciens dans cette situation sur la route. C’est le côté le plus dur du boulot, l’envers du décor, et je sais même qu’il y a eu des articles récemment qui parlaient de ces musiciens qui accusaient des états de dépression, d’anxiété, et des retours de manivelle d’un certain style de vie en tournée. Nous, en tournée, ça se passe plutôt raisonnablement bien, on a un bel esprit de famille et on se soutient tous les uns les autres. Parfois, l’un d’entre nous nous traine en ville, aller manger autre chose et rencontrer de nouvelles personnes, et ça se passe super bien. 

Est-ce que vos “distractions” sur la route sont old-school elles aussi ?
Pour nous, pas tant que ça ; tous les clichés inhérents à la vie sur la route ne sont que des clichés, tout n’est pas comme MÖTLEY CRÜE ! On est tous mariés avec des enfants et on joue de la musique parce que l’on adore ça. Il peut y avoir parfois quelques moments de défoulements ci et là, mais pour la plupart d’entre nous, on a plutôt la tête sur les épaules

A voir votre planning pour 2016, tourner sera encore majoritairement à l’ordre du jour, d’autant plus que vous avez gagné la première partie de la tournée d’adieux de BLACK SABBATH sur toutes leurs dates ! Ca c’est une sacré opportunité ! Comment cela vous est-il arrivé ?
C’est un tel honneur, un immense honneur que de bénéficier de cette opportunité. En fait l’année dernière, nous avions joué dans un théâtre de Los Angeles où se tenaient les Awards du magazine Classic Rock. Nous avons de bonnes relations avec l’équipe de ce magazine qui nous a toujours soutenus depuis le début, et cette fois, ils nous avaient donc demandé de jouer devant toute la salle. On a joué trois morceaux devant tout le gratin, le who’s who du rock’n’roll ! Et ce n’étaient pas nos pairs, c’étaient nos héros ! Là, on ne jouait pas devant nos copains : on jouait devant Jeff Lynne, Ozzy, Glenn Hughes et tout cet auditoire de gens incroyablement célèbres. Eric Burdon, Gregg Allman, putain mais quel drôle de rêve ! Voilà, on joue notre set, et apparemment, on reçoit une standing ovation… que je manque parce que je m’étais déjà barré en coulisses ! (rires) Après ça, Sammy Hagar, un ami à nous, qui était aussi l’hôte d’honneur de la soirée, a annoncé à l’assistance : « J’espère que Sharon et Ozzy n’ont pas manqué ça ! » Ce qui fut le cas, car après coup, ils sont venus nous aborder. (NDJ : il imite Ozzy, à la perfection !) « Honnêtement, honnêtement, il s’agit là du meilleur groupe que j’ai vu depuis des années ! » (ndr : après quoi il imite aussi Sharon Osbourne, tout aussi bien :) « Oh vous êtes incroyables, on vous aime ! Vous étiez fuckin’ brillants ! Brillants ! Qui est votre manager ? Brillants ! » (rires) Je ne me moque pas d’eux, je les adore ! Bref, ils nous font comprendre qu’ils voulaient nous avoir pour la tournée…

Mais vous avez dû tenir ça secret pendant tous ces mois !!!
Oui, mais eux aussi du coup. Sharon Osbourne est plutôt efficace en affaires, et jusqu’à la dernière minute, rien n’a filtré au niveau des dates annoncées. 

Quelles sont vos attentes avec un tel coup ? En tournant aux USA aussi intensément pendant quelques mois, vous devez secrètement espérer que cela fera enfin la différence entre ce que les RIVAL SONS sont jusqu’à aujourd’hui et ce ce qu’ils pourraient devenir demain ?
Absolument. A chaque fois que nous entamons une tournée, telle qu’avec deep purple ce soir, avec KISS, avec AC/DC, avec Sammy Hagar, JUDAS PRIEST, Alice Cooper, à chaque fois que des artistes comme ça nous ont demandé de les accompagner sur les routes devant de telles audiences… à chaque fois, et là je crois que SABBATH est le plus gros truc auquel on aie participé, de par leur visibilité avec le TV show, les festivals… L’idée en effet, c’est que la vieille garde ne peut hélas pas continuer indéfiniment. Ils commencent à fatiguer et doivent arrêter un jour. En espérant que quelqu’un vienne rapidement prendre leur place dans ces arènes et nous, on s’y sent à l’aise, comme à la maison, c’est là qu’on appartient. Est-ce que ça vous va à vous, public ? Oui ? Alors on a quelque chose pour vous ! De toute évidence c’est ce que l’on espère…

A suivre...

Part 1
Part 3


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