12 décembre 2015, 14:57

ANTHRAX

"Spreading The Disease" [Deluxe Edition]

Album : Spreading The Disease [Deluxe Edition]

Notre belle équipe toute émue a récemment rencontré Scott Ian quelques heures avant le concert d’ANTHRAX en première partie de SLAYER : l’occasion de parler chiffons mais aussi de commémorer la sortie du premier numéro, ever, d’HARD FORCE, en 1985, soit il y a pile trente ans. A l’époque, notre vénérable rédacteur en chef rencontrait le même Scott Ian, en pleine promo de leur deuxième album « Spreading The Disease » à Paris. Souvenirs humides, embrassades, hugs viriles, et le temps qui passe en un claquement de doigt sous fond de swing - ou plutôt de blast-beat.
Trente ans donc : comme par hasard, et pour préparer la sortie début 2016 du tout nouvel album d’ANTHRAX avec Joey Belladonna, « For All Kings » en février 2016 qui succèdera à l’immense « Worship Music », Universal qui héberge donc tout le back-catalogue du groupe lorsqu’il était chez Island au cours de son âge d’or, ressort ce même « Spreading The Disease » en édition digipack luxueuse.
Bel anniversaire : exceptés les poils frisottants et gris de la barbiche à Scott Ian, sa calvitie et la peau recouverte de tattoos, peu de choses nous séparent de cet album majeur, tant il est séminal et encore frais. Oublions s’il vous plait « A Fistful Of Metal », premier LP avec Neil Turbin au chant, et qui est loin loin derrière les premières productions de METALLICA, SLAYER ou EXODUS, pionniers west-coast du thrash-metal alors en pleine explosion dans les années 1982-1984. Si ANTHRAX sera très rapidement l’un des représentants les plus dignes et emblématiques du genre, « A Fistful Of Metal » reste bancal, indigeste et s’inscrit dans un heavy-metal power-speed des plus communs, desservi par sa production, le niveau encore passable de ses compositions et surtout par le chant de Turbin.

Par contre, quel bond en avant en si peu de temps !!! Avec l’arrivée de Joey Belladonna, organe véloce et haut-perché, à la base un amateur de hard-rock mélodique et sûrement pas de furieuses cavalcades métalliques, ANTHRAX va se propulser dans la cour des grands avec « Spreading The Disease », définissant complètement son identité. Outre le chant habité, très heavy-metal grandiloquent et modulé de Belladonna, l’accent est porté sur des riffs incroyablement précis, secs et tranchants de Scott Ian, les accélérations de Charlie Benante, la basse lourde et acrobatique de son neveu Frank Bello, et par les soli hystériques du petit Dan Spitz. Si les bases purement heavy-metal classiques (entendons IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST, U.F.O), totalement assimilées par les cinq musiciens sont un élément palpable de leurs nouvelles sonorités, leur passion pour le hardcore new-yorkais devient un ingrédient à priori incompatible, mais qui s’intègre avec harmonie à leur recette. Gros refrains aboyés, mosh parts, riffs ultra speed, et parties de batteries certes sophistiquées mais à l’urgence héritée du punk, toutes ces composantes du son ANTHRAX liées à leur fréquentation assidue des matinées HC le dimanche au CBGB du Bowery ou au club L’Amour de Brooklyn ont non seulement construit leur son, mais radicalement remodelé les fondamentaux du metal de l’époque, et fait évoluer moult groupes vers ce thrash devenu si populaire à partir des années 1985-1986.
Ici la production du jeune Alex Perialas, peu flamboyante mais juste, nette, robuste et dénuée d’artifices servira de matrice à tous ses travaux ultérieurs chez bon nombre d’autres  groupes de la même école. « Spreading The Disease » est déjà une somme de morceaux cultes : rien à jeter ici, même si l’on retient les classiques "A.I.R", "Madhouse", "Armed And Dangerous" ou ce "Gung-Ho" pétri de fureur qui vient clore le disque et laisser les fans éprouvés et à bout de souffle.
L’édition 2015 de ce bijou historique est rehaussée d’un disque bonus bien rempli d’inédits : outre la présence d’une démo avec Belladonna sur le premier disque ("Medusa"), on retrouve un live huit titres au Sun Plaza de Tokyo datant du 24 mars 1987, avec une set-list mêlant morceaux du dernier album en date, et plus vieux titres de leur répertoire période Turbin ("Metal Thrashing Mad" ou encore "Howling Furies"). Le reste comprend les enregistrements des pistes rythmiques (basse + batterie + riffs) de la grande majorité des morceaux de « Spreading The Disease », sessions studio datant du 9 décembre 1984, qui comprennent aussi une relecture instrumentale de "Metal Thrashing Mad", ainsi que "Raise Hell" - qui finira sur l’EP « Armed And Dangerous »), paru en février 1985, soit six mois avant la sortie de l’album.

Un an et demi plus tard, après quasiment autant de temps sur les routes du monde entier à se faire connaitre comme l’une des plus grandes valeurs montantes du metal, ANTHRAX revenait avec son chef d’oeuvre définitif, venant conforter et consolider toute sa maitrise avec l’album « Among The Living », sorti en mars 1987 - et ressorti en 2009 à l’occasion d’une autre splendide édition Deluxe.
A noter également, puisqu’il s’agit aussi, en toute logique, du trentième anniversaire de sa sortie, que l’album « Speak English Or Die » de S.O.D. (STORMTROOPERS OF DEATH) fut enregistré directement dans la foulée de « Spreading The Disease ». Ce side-project joke-band composé de Scott Ian, Charlie Benante, Dan Liker (bassiste co-fondateur d’ANTHRAX et désormais NUCLEAR ASSAULT puis BRUTAL TRUTH), ainsi que du skinhead Billy Milano au chant (alors roadie d’ANTHRAX), disposait alors de quelques jours restants en studio, utilisés à bon escient pour mettre en boîte, punk style, d’un des albums de crossover thrash hardcore les plus cultes de tous les temps, aussi bête et méchant que diaboliquement efficace et éreintant...

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
Ses autres publications

1 commentaire

User
Fred
le 18 déc. 2015 à 23:11
J'en ai la larme à l'oeil. C'est le premier vinyle qui a tourné sur la chaîne hi-fi que mes parents m'avaient offerte pour mes 15 ans. Je viens de recevoir cette version remastérisée dans ma boîte aux lettres. Je suis fébrile...
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