27 février 2016, 14:59

MONSTER TRUCK

Interview Jeremy Widerman

Ils ne sont passés que furtivement chez nous (1 fois en tête d'affiche, puis 2 fois en première partie de Slash et NICKELBACK à Paris) mais on vous le dit ici, vous n'avez pas fini d'entendre parler du hard rock robuste et mastoc de MONSTER TRUCK. Après une tournée intensive sur l'excellent premier album "Furiosity" (2013) comme de vrais guerriers de la route, l'année 2016 sera celle de "Sittin Heavy" : énergique, brutal, direct, surprenant... Un nouveau disque qui figure déjà dans les grandes sorties stoner rock de 2016 et qu'on décortique tout de suite avec le guitariste Jeremy Widerman. 
 

Comment avez-vous approché l’écriture de ce disque ?
Notre priorité était la suivante : avoir plus d’harmonies vocales et vraiment travailler les voix. On voulait aussi que ce soit un album varié, pas forcément une enfilade de « rock songs ». Il y en a plusieurs sur l’album, mais il fallait qu’on se renouvelle un petit peu. Je pense que l'objectif est atteint. Le fait est qu’on commence à donner des concerts de 2h en tête d’affiche chez nous et tu vois, si tu joues à fond la caisse pendant deux heures, à la fin, tu n’es pas loin de passer l’arme à gauche ! (rires) Cet album va nous permettre d’installer des moments un peu plus calmes dans nos concerts, ce qui est plutôt appréciable.

C’était devenu une vraie nécessité ?
Disons que nous y faisons davantage attention. Moi, je suis le hard rocker du groupe mais tu vois, on est tous compositeurs et notre chanteur, par exemple, veut essayer de nouvelles choses. On a donc dû trouver des compromis et vraiment travailler ensemble pour faire un disque qui plaise à tout le monde. C’était loin d’être évident. Ça nous a pris beaucoup de temps. Nous avons dû faire attention à ce que l’album reste cohérent… et ça a dû nous prendre 8 mois en tout ! On passait à autre chose, on revenait en arrière… La sélection des chansons qui allaient figurer sur l’album a été compliquée aussi : nous en avions beaucoup trop !

Le premier titre, “Why Are You Not Rocking?”, est une capsule détonante de 2 minutes de pur hard rock, pied au plancher. Etait-ce compliqué ou plutôt facile de créer un titre renfermant autant d’énergie ?
C’était super facile ! (rires) Je pense que c’est la première chanson qu’on a écrite, et on a tout de suite voulu qu’elle ouvre l’album. C’est un titre tellement fun à jouer. On l’a mis en boite très rapidement et je trouve qu’il donne bien le ton de l’album. Je l’adore parce que tu restes vraiment sur ta faim en l’écoutant, elle s’arrête si abruptement… Tu as tout de suite envie de te la remettre ! (rires)



 

"J’aime nous comparer aux « Tortues Ninja » (rires).
Nos fans ont tous un membre favori et chacun a son petit « truc » à lui"
-
Jeremy Widerman


S’il y a bien un artiste qui vous apprécie, c’est Dee Snider (TWISTED SISTER) qui ne tarit pas d’éloges envers vous sur ses réseaux sociaux. Comment avez-vous réagi en découvrant qu’il était un énorme fan de MONSTER TRUCK ?
C’est incroyable ! C’est quelque chose qui nous a toujours aidés au fil des années quand de grands artistes parlent de nous. Que ce soit Slash, ALICE IN CHAINS ou plus récemment Dee Snider… Des références comme ça, ça nous aide à jouer dans de plus grandes salles, à grimper les échelons un peu plus rapidement. Ça nous expose aussi à des fans qui n’auraient jamais entendu parler de nous autrement ! Dee Snider doit parler de nous une fois par jour sur Twitter ! (rires) En ce moment, il est à Toronto en train de présenter une comédie musicale. Je pense que nous allons lui rendre visite à notre retour, car on ne l’a jamais rencontré ! On lui a envoyé tout un tas de merchandising, c’est marrant de le voir poster des photos de lui avec nos t-shirts ! (rires)

En parlant d’ALICE IN CHAINS, doit-on cette insistance sur le travail des harmonies vocales sur ce nouveau disque au fait que vous ayez tourné avec eux ?
Oh oui ! C’est vrai qu’ils sont connus pour leurs harmonies. On les regardait tous les soirs et ils en font tout le temps ! Refrains, couplets… tout le long de leurs chansons, alors que les autres groupes les gardent pour les moments « forts ». On voulait absolument essayer ça et on l’a fait ! Ça s’entend sur la chanson « To The Flame » par exemple. C’est pas évident à réaliser, mais notre batteur Steve s’est révélé être un très bon chef d’orchestre pour arranger tout ça, ce qui n’est pas commun chez un batteur ! Il faisait plusieurs essais chez lui, enregistrait des démos, nous les faisait écouter… C’est devenu un vrai atout pour le groupe.

Oui, car comme tu l’as dit, MONSTER TRUCK est un vrai effort collectif : vous composez tous, vous avez chacun une force de proposition… ce n’est pas une dictature !
Je pense que c’est pour ça que nous avons du succès. J’aime nous comparer aux « Tortues Ninja » (rires). Nos fans ont tous un membre favori et chacun a son petit « truc » à lui. Même en dehors de la musique, chacun a sa spécialité. Notre claviériste s’occupe des affaires et du côté financier, Jon est l’artiste en charge des visuels pour notre merchandising. Moi, je suis le type doué en informatique, je gère tout ce qui est Photoshop, Facebook… Nous sommes une véritable équipe !


 

"Quand tu es musicien, il est normal à un moment donné
de devenir le porte-parole de tes fans" -
Jeremy Widerman


Au Canada, un journaliste très connu dans le monde du hockey a parlé de votre chanson « The Enforcer » comme « la meilleure chanson de hockey qu’il ait entendue depuis 30 ans »…
Je l’ai vu en direct ! Je regarde le hockey tous les jours et il a dit ça le jour où il y avait le plus gros match de l’année. J’étais devant ma télé tout seul et progressivement, j’ai commencé à me rendre compte qu’il parlait de nous. Je tenais plus en place j’ai appelé ma copine : « Viens voir ! », j’ai monté le son de la TV et là j’ai entendu : « MONSTER TRUCK ! ». J’ai carrément hurlé de joie ! (rires) C’est le journaliste de hockey le plus connu au Canada. J’en revenais pas. C’est sans doute l’une des choses les plus importantes qui nous soient arrivées dans notre pays. Je ne te cache pas que c’était un peu prémédité. Nous avons écrit cette chanson pour essayer de passer durant cette émission, mais c’était énorme. Tiens, regarde (il va chercher sa veste et nous montre un patch « Hockey Night In Canada »), j’ai cette veste depuis toujours ! Je regarde cette émission depuis mes 10 ans ! Je n’en croyais pas mes yeux. Gamin, je regardais ça avec mon père. Quand je l’ai appelé, ce jour-là, il n’arrivait même pas à parler tellement il était heureux. J’espère que ça va nous apporter de belles choses.

C’est curieux tout de même, car vous ne sonnez pas typiquement canadien…
Je suis totalement d’accord. Mais tu vois, ça nous a aidés ! Au Canada, les stations de radio doivent obligatoirement passer un quotat d’artistes nationaux et le fait qu’on ne sonne pas comme un groupe canadien leur permet de varier leur playlist tout en respectant la loi ! (sourire) Le truc le plus bizarre, c’est que nous ne rencontrons pas encore de succès aux Etats-Unis, alors qu’on sonne beaucoup plus comme un groupe sudiste que canadien ! (rires) Mais bon, on ne s’en plaint pas. Notre pays a beaucoup aidé notre groupe, c’est génial.
 


 

"On ne sait que trop bien comment tu peux te retrouver au sommet un jour
et tout perdre en un coup de vent" 
-
Jeremy Widerman


Justement, le texte de « For The People » a un côté assez sudiste dans sa signification. C’est une chanson, très fraternelle, qui parle du peuple…
Ouais, elle parle autant de nous que de tout le monde. Tu sais, nous ne sommes pas des superstars. On vient de la classe ouvrière. Il y a quelques années, on avait encore des boulots à côté. Steve était couvreur, moi j’étais barman… on connaît cette vie. J’ai l’impression que le monde est très anxieux avec tout ce qui se passe en ce moment. C’est pour ça que c’est un sujet assez simple à aborder, car tu peux simplement t’imprégner de l’atmosphère générale, de toute cette tension ambiante… Le gouffre entre les 1% et les 99%... On se sent concernés par tout ça et ce texte s’inscrit totalement dans cette tradition initiée par LYNYRD SKYNYRD et tout un tas d’autres groupes. Quand tu es musicien, il est normal à un moment donné de devenir le porte-parole de tes fans.

C’est une façon de garder les pieds sur terre ?
En effet, nous aurions pu tomber dans le piège de la grosse tête, mais tu vois, le petit succès qu’on a pu acquérir pour l’instant est arrivé sur le tard dans notre carrière. On devait avoir 28/29 ans quand on a monté ce groupe. Nous avons donc eu le temps d’avoir d’autres expériences avant. Certains d’entre nous ont eu du succès, d’autres moins… on ne sait que trop bien comment tu peux te retrouver au sommet un jour et tout perdre en un coup de vent le lendemaine. Je suis content d'avoir pu avoir ce genre d'apprentissage, car si MONSTER TRUCK avait eu du succès plus tôt, nous aurions très facilement pu tomber dans le piège. Que ce soit en buvant trop, en prenant de la drogue, en ayant la grosse tête ou en se prenant pour une putain de rockstar ! On a vu des gens devenir de vrais enfoirés du jour au lendemain, car le succès leur était monté à la tête. Nous travaillons beaucoup pour nous préserver le plus possible des « erreurs classiques ». On protège la maison, on garde les pieds sur terre et on avance !


"Sittin' Heavy" de MONSTER TRUCK est déjà disponible chez Mascot Records !
 

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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