En 2005, DREAM THEATER reprenait en concert l'intégralité du monumental « Dark Side Of The Moon » et il faut bien avouer que Jordan Rudess y était tout simplement ahurissant. On pouvait même croire en la réincanation de Richard Wright tellement il était bon. Niveau guitare, ce n'était pas franchement ça, mais soyons magnanimes, Gilmour est Gilmour et n'est pas humainement imitable. James LaBrie à la voix n'ambitionnait pas de faire du Gilmour et on l'en remercie. Mike Portnoy nous offrait une grande leçon d'humilité de la part de l'un des meilleurs batteurs de la scène rock et metal au monde, en faisant du Nick au millimètre près. Au final, la meilleure reprise du « Dark Side Of The Moon » que l'on ait entendue sur le marché, même si l'on regrette l'absence de Durga McBroom sur "The Great Gig In The Sky".
Mais revenons à nos moutons. DREAM THEATER en formation réduite (John Petrucci, James LaBrie et Jordan Rudess) et en version acoustique, s'attaque à "Wish You Were Here". John Petrucci entame les premières notes de la guitare rythmique et... non, toujours pas. C'est trop scolaire et toujours trop pressé (si vous avez un doute, regardez son pied aux alentours des 2:10). Il manque cette retenue, cette légère hésitation dans le poignet. Snowy White, qui l'interprétait lors des premiers concerts du FLOYD en 1977, retransmettait parfaitement l'écriture de Gilmour. Même Waters, qui est très loin au classement des meilleurs guitaristes, s'applique a négocier cette douce pesanteur. Cette chanson, comme l'intégralité de l'album original de PINK FLOYD, a été écrite suite à l'exclusion de Syd Barret, due à des problèmes psychologiques inhérents à la prise de LSD. Et dans l'interprétation de John Petrucci, on ne ressent pas cette mélancolie qui est l'essence de ce morceau.
Passons à la guitare solo, assurée ici au clavier par Jordan Rudess. Du Gilmour au clavier ? Partant du principe qu'il est impossible de reproduire le son du maître à la guitare et que ledit Jordan Rudess nous a scotchés sur « The Dark Side… », pourquoi pas... Et non. Horreur, malheur... C'est quoi ces fioritures? Elles sortent d'où toutes ces notes ? De la 46e à la 58e seconde, pas de problème : la recherche du son de Gilmour mérite bien quelques appoggiatures. La suite se corse. Les broderies succèdent aux arabesques, qui succèdent aux ornements et tout ça n'est finalement que du gros remplissage. Déception...
Pour ce qui est du chant, James LaBrie vise indubitablement à reproduire l'atmosphère originelle et... il s'en sort magnifiquement bien. Bien sûr, ce n'est toujours pas la voix chaude du triton à guitare, mais l'aura est la même. A vous donner des frissons dans le dos. Il manque la voix de tête, mais vous voyez, lorsqu'un film est adapté d'un livre, que le scénario n'est pas tout à fait le même, mais l'ambiance colle tellement que l'on a l'impression que le réalisateur s'est greffé au cerveau de l'écrivain, James LaBrie s'est assurément greffé au cerveau de David. Et de Roger aussi...
Au final, la qualité de la reprise est moins bonne que celle de « Dark Side Of The Moon » et c'est dommage au regard de la prestation de John Petrucci, mais on sait maintenant qu'il peut le faire. Les membres de DREAM THEATER revendiquent une influence floydienne et, soyons réalistes, sont très au-dessus de la moyenne des cover bands. Il leur suffira la prochaine fois de calmer les ardeurs de Jordan et d'offrir un métronome à John !
DREAM THEATER sera avec son album "The Astonishing" demain, samedi 5 mars et dimanche 6 mars au Palais des Congrès de Paris pour 2 concerts de 2h30 exceptionnels. Si vous n'avez pas encore votre billet suivez ce lien : dreamtheater-palaisdescongresdeparis
Un événement Live Art Factory / Caramba Spectacles.
