19 mars 2016, 16:42

ENTOMBED A.D.

"Dead Dawn"

Album : Dead Dawn

ENTOMBED. Un nom qui n'évoque pas forcément grand-chose aux plus jeunes d'entre-vous, mais qui rappelle sans doute beaucoup de souvenirs à ceux qui, comme votre serviteur, ont vécu les grandes heures du death metal à la toute fin des années 80. C'est qu'en ces temps bénis (façon de parler, hein !), ça y allait à tout-va pour dégoter la dernière perle rare en matière de "metal de la mort", et celui qui se pointait au lycée avec le vinyl à la pochette la plus gore se voyait aussitôt admiré de ses pairs. DEATH, MORBID ANGEL, OBITUARY, CARCASS, CANNIBAL CORPSE, autant de noms qui fleuraient bon les intestins et les poumons putréfiés, certes, mais qui attestaient aussi d'une certaine créativité dans un genre qui commençait sérieusement à s’essouffler à force de permanentes, de mascara et de clips aussi rutilants qu'un Jacques Séguéla dans une émission de Beurk FMTV. J'arrête là parce que ça devient réellement écœurant, pour le coup ! Le death metal, disais-je. Une musique plus ouverte aux expérimentations qu'il n'y paraît, puisque là où d'autres s'en seront servis comme base d'une mixture déprimante (les premiers albums du fabuleux tryptique anglais PARADISE LOST, MY DYING BRIDE, ANATHEMA), ultra-rapide (NAPALM DEATH, TERRORIZER, BRUJERIA) ou même grandiloquente (les orchestrations des Grecs SEPTIC FLESH), d'autres, ENTOMBED justement, y auront vu l'ingrédient nécessaire à une recette ô combien roborative : le death'n'roll. Un mets de choix servi en maintes occasions par les Suédois. Si la faim vous étreint, ressortez donc les goûteux « Wolverine Blues », « DCLXVI: To Ride Shoot Straight And Speak The Truth », « Uprising » ou « Morning Star » pour rappeler votre estomac au bon souvenir d'une cuisine traditionnelle qui ne passera jamais de mode !

Vous l'aurez deviné, le fait de voir le groupe repartir sur de bons rails en 2016 me met réellement en joie ! Bon, on ne reviendra pas sur les turpitudes qui ont amené le groupe à se séparer d'Alex Hellid et à s'appeler désormais ENTOMBED A.D. (ce n'est pas plus excitant que de savoir ce qui a poussé des groupes comme QUEENSRŸCHE, TROUBLE ou TANK à se scinder en deux entités bien distinctes ! Drôle de mode !). Tout juste précisera-t-on quand même qu'il y a trois ou quatre ans de cela, la partie était loin d'être gagnée ! Et après un très bon « Back To The Front » (2014) qui entérinait définitivement le divorce entre les anciens et les nouveaux membres du groupe, ce « Dead Dawn » risque bien de remettre les Suédois sur le devant de la scène ! Dès "Midas In Reverse", on retrouve en effet ce qui a fait la gloire d'ENTOMBED A.D. quand il s'appelait encore ENTOMBED… tout court ! Ce son épais, sale, ces guitares bien grasses (ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous la refaire façon Joël Robuchon !) et bien sûr, les éructations d'outre-tombe de L.G. Petrov. Rien de bien nouveau, certes. Mais toutes éprouvées qu'elles soient, certaines recettes (voilà que ça me reprend !) procureront toujours autant de plaisir ! Surtout que « Dead Down » varie plus les plaisirs que ne le faisait « Back To The Front ». On passe ainsi de la lourdeur d'un "As The World Fell" à la sauvagerie échevelée d'un "Total Death", et des titres comme "Dead Dawn" ou "The Winner Has Lost" (peut-être le meilleur de l'album !), au détour d'un riff, d'un break ou d'un solo, caressent suffisamment l'auditeur à rebrousse-poil pour rendre l'écoute du disque passionnante. Il est d'ailleurs intéressant de noter à quel point les soli sont soignés et mélodiques, même quand l'ambiance est moins à la défonce pure qu'à la sombre menace.

Autre fait marquant sur « Dead Down » : le soin apporté à l'instauration de climats. Souvent mornes, ceux-ci feraient même passer l'album pour la B.O. d'un film d'horreur ! J'en veux pour preuve "Hubris Fall", ballade noire et prenante qui voit ENTOMBED A.D. marcher dans les pas de... TYPE O NEGATIVE ! Un TYPE O NEGATIVE qui aurait toutefois délaissé THE SISTERS OF MERCY pour s'adonner aux joies du death le plus cradingue qui soit ! "As The World Fell", encore, représente également un bon exemple de ce qu'ENTOMBED A.D. peut faire quand il s'agit de foutre la frousse aux plus sensibles d'entre-nous. Et pour cause : les Suédois y flirtent carrément avec le doom ! La courte intro du dernier titre, "Not What It Seems", pouvant, quant à elle, les faire passer pour les dignes héritiers de… GOBLIN ! Oui, oui ! Ceux-là mêmes qui avaient signé toutes les musiques des films de Dario Argento ! Bien sûr, tout ceci fait qu'au final, on se retrouve avec une œuvre hybride, puisant aussi bien son inspiration dans la production originelle du groupe (les fans de « Left Hand Path » s'y retrouveront sans aucun problème !) que dans les disques ayant précédé le split. Il n'empêche que ce « Dead Dawn » nous montre des musiciens inspirés et bien décidés à reprendre le flambeau qui fut longtemps le leur, à l'heure même où de jeunes loups aux dents longues (HAMMER FIGHT, pour ne pas les nommer) font revivre un genre que l'on avait un peu trop rapidement considéré comme… moribond ! Une bonne occasion de (re)découvrir les Pères Fondateurs, en somme !

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KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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