27 avril 2016, 15:11

FLESHGOD APOCALYPSE

"King"

Album : King

Le quatrième album des Italiens FLESHGOD APOCALYPSE se révèle être comme d’habitude un concept album, où il est question d’un roi qui cherche à préserver de la décrépitude et de l’effondrement de ses possessions. Le "King" en question tente de sauver son couple alors que son royaume s’enlise dans la décadence et la corruption. On commence avec "Marche Royale", une introduction digne d’un film à grand spectacle, Hans Zimmer semble être venu poser sa patte. La couleur de l’album est donnée : on cherche à atteindre le grandiose et à franchir toutes les limites du possible. Car les Italiens voyagent encore plus loin que dans « Labyrinth ». Ne risque-t-on pas alors de se perdre ? Wait and see.

"In Aeternum" voit l’arrivée de ce death metal brutal, symphonique et technique, des growls et du lyrisme, un mélange surprenant mais typique chez FLESHGOD APOCALYPSE, une expérimentation audacieuse qui peut à tout moment aller trop loin et se perdre. En vérité, ce mariage contre-nature risque d’en surprendre plus d’un, mais à mon grand étonnement, il ne m’a pas fallu beaucoup d’écoutes pour tomber sous le charme de cette symphonie d’un ancien monde. Je fais allusion à Dvorak tant son ombre plane sur les passages mélodiques.
Les morceaux s’enchaînent en conservant toujours ce schéma, de la violence extrême ponctuée de passages aérés captivants. Le mixage derrière est parfait. Il est étonnant de voir, dans "The Fool", par exemple, à quel point les violons et clavecins sont intégrés sans que cela ne dénote dans ces déchaînements de colère hurlée. Musicalement il s’agit d’un death inspiré et inspirant. C’est la rencontre du death lourd et traînant de l’ancienne école avec le metal symphonique baroque. Et vocalement ? Quelle alchimie que ces jeux vocaux, ces voix aiguës en contre-point du chant rugueux et caverneux. "Cold As Perfection" en est la plus belle illustration.

La tragédie de ce Roi est illustrée par une série de tableaux tous plus tragiques les uns des autres. Chacun d'eux retient, de par la grande variété musicale des styles utilisés, d’autres tableaux prisonniers dans sa toile. Chacun peut se reconnaître dans ce personnage qui, abstraction faite de sa condition, n’est qu’un homme qui veut retarder l’inévitable en se battant de toutes ses forces. La noblesse est dans les actes, pas dans l’inné pourrait être la morale de cette fable. Avec toute cette exubérance, toutes ces expérimentations musicales poussées à leur paroxysme, il s’agit définitivement d’un opéra moderne et baroque, une œuvre sans limite. Un opéra de brutal death symphonique est-il harmoniquement possible ?

"Paramour" nous transporte carrément sur les planches de la Scala de Milan, alors que quelques instants plus tard, "And The Vultures Beholds" et "Gravity" nous ramènent en pleine ère industrielle et métallifère. Donc oui, « King » est un opéra à n’en pas douter. L’harmonie est belle est bien présente mais s’habille de brutal death et se parfume à la musique classique, un nouveau style classieux que seuls des Latins FLESHGOD APOCALYPSE pouvaient réussir à produire.
Cette exploration des extrêmes vous rebutera ou bien vous fascinera. Dans les deux cas cela se comprend. Ceux qui cherchent un équilibre stable dans les riffs et le chant seront décontenancés. Pour ma part je suis tombé amoureux. Ni plus, ni moins.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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