17 juin 2016, 14:46

MISS MAY I

"Deathless"

Album : Deathless

Eté 2015 les sorties d’albums titanesques ne manquaient pas, les mastodontes de la scène metal nous arrosaient de disques aussi puissants que les pluies de ce printemps. Le 7 août les petits gars de MISS MAY I, de Troy dans l'Ohio, sortaient une incroyable bombe, la 5ème en moins de 10 ans. Oui je sais, encore du metalcore vous vous dites... Mais attention, MISS MAY I est un groupe que l’on se doit d’écouter avant de juger.

MISS MAY I est souvent associé à la mouvance metalcore mélodique, leurs 2 précédents albums en étaient de dignes représentants. Ce coup-ci ils nous envoient avec ce 5ème album un assaut frontal du plus bel effet.

Ça commence très fort avec "I.H.E.", les initiales de "I Hate Everything-Everyone". D’entrée le chant est d’une puissance extrême, appuyé de rifs bien lourds que ne renieraient aucun thrasher.
L'alternance chant hurlé et refrain en chœurs est présente comme pour tout album de metalcore, mais le growl est ce coup-ci mis plus en avant dans le mixage, et en y ajoutant des guitares et une rythmique assez lourdes, on est plus proche d'un metal bien violent et agressif que des ballades rock pour jeunes demoiselles. Ceux qui avaient vu dans les derniers albums de la "mollesse" peuvent être rassurés. La plupart des titres suivants, "Trust My Heart" ou "Deathless" pour exemple, frappent les tympans et y impriment un rendu fort, sans aucune retenue. Restent au demeurant de bien beaux passages mélodiques entre deux accès de colère du chanteur Levi Benton (dont le travail sur la voix est remarquable), ces moments poétiques sont rares mais bien sentis, magnifiquement placés dans le chaos.

Côté tubes en puissance ou hymne, nous avons "Bastards Left Behind" et "Arize", leurs refrains vous restent en tête longtemps après l’écoute des 36 intenses minutes de « Deathless ».
Nous trouvons des surprises avec l’introduction d'electro dans "Turn Back The Time". "Empty Promises" et "The Artificial" contiennent quant à eux une jolie pointe de romantisme. Autant cet album est dédié au genre metalcore, autant le mixage est empreint d’intéressantes variations musicales et de soli judicieusement employés.

Si un groupe tel que OF MICE AND MEN brandit l’image d’une Amérique à la Steinbeck, MISS MAY I sur « Deathless » se fait le porte-parole de Nietzsche, avec ces titres sans compromis musical et bien explicites de par leur noirceur. En effet si on met bout à bout les titres on découvre une ode à cette noirceur : "I Hate Everything-Everyone", "Deathless", "Bastard Left Behind", "Empty Promises" ou "Born From Nothing" pour ne citer qu’eux. Oui la journée joie et bonheur n’est pas le thème du disque.

Levi Benton exprime et résume son angoisse la plus profonde dans ces vers : « I'm not running from the past, I'm just running from what I'm afraid to become ! ».
Il y a un peu de chacun d’entre-nous dans ces paroles. C’est la force intrinsèque de l’album.

« Deathless » est une tuerie oui. Cette avalanche, ce déchaînement de passions nous laissent exsangues. Paradoxalement plus on écoute « Deathless », plus on est interpellé et plus on se sent vivant !
Cette œuvre fait honneur au metalcore. Nous tenons entre nos doigts une merveille, un diamant bien "brute" dans un écrin de romantisme. MISS MAY I, un groupe majeur de la scène metalcore, un grand en devenir ? Un petit devenu très grand.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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