Dix ans d’existence pour ASENBLUT, des métalleux saxons originaires de Göttingen, et voici qu’ils débarquent en force avec ce troisième album. « Berserker » le bien nommé s’ouvre sur le titre "Berserkerzorn" qui ne laisse aucun doute sur ce qui nous attend : une courte introduction mélodique qui vous transporte dans un autre âge, puis c’est la furie guerrière, puissante et dévastatrice. Petit retour en arrière sur ce groupe, quasi inconnu en France, ASENBLUT a démarré en pur groupe de black metal, et son petit plus fut de coller aux morceaux une redoutable griffe thrash metal. Les deux premiers albums, « Aufbruch » et « Von Worten und Taten » valent le détour, croyez-moi, et montrent une évolution constante. Il y a du pagan, dans les thèmes et le lyrisme, les chansons sont autant d’épopées et de fresques tout droit sorties d’ouvrages d’Heroic Fantasy.
Au niveau de la construction musicale, nous avons une double voix alternée, black et death, cette dernière alliée aux riffs lancinants évoque énormément AMON AMARTH. ASENBLUT ne cache pas l’influence des Suédois sur ses compositions. Avec un très bon mixage, la puissance des vocaux death ressort de manière impressionnante. Le second morceau, "Titanenerbe", en est un exemple parmi d’autres. La partie rythmique est à saluer car à elle incombe la lourde tâche d’éviter toute cassure de rythme, qui pourrait être à craindre avec cette juxtaposition de tant de genres de metal distincts. A aucun moment la "bataille" ne laisse entrevoir de relâchement. Berserker est le guerrier possédé qui se bat sans faiblir jusqu’au terrassement complet de ses ennemis et sans ressentir la douleur de ses propres blessures… le titre de cet album concept est approprié.
Quel intérêt trouver dans ce énième album de viking ou de saxon/pagan metal ? Tout d’abord, le mélange des genres déjà mentionné est plus qu’une curiosité, c’est une complémentarité. Il y a une réelle alchimie. Le titre "Des Alchemisten Elixier" montre à quel point la recette, sans jeu de mots, prend à merveille. Autre intérêt, le chant dans la langue de Goethe aide le groupe à se construire une identité. Ne risque-t-on pas toutefois de se lasser ? Beaucoup de titres se ressemblent en effet de prime abord, mais plus on écoute « Berserker », plus on en découvre les nuances, la palette des couleurs de cette épopée. Derrière ces chants guerriers d’une virilité féroce, on perçoit tour à tour ici une mélodie, là un passage parlé des plus nostalgiques. Musicalement, les morceaux ont une identité propre, avec des passages brutaux qui savent céder la place à d’autres plus speed et jouissifs, parfois même mélancoliques. Nous avons droit à l’arme et aux larmes des guerriers avec "Horizonte". C’est un plaisir pour les oreilles, on se régale à l’écouter en boucle.
Seul regret pour ma part, la mise en retrait des lourds riffs thrash des premiers albums. Mais ce virage vers le death mélodique étant des plus réussis, ce n’est pas dramatique. Le groupe n’a pas seulement progressé, il a évolué et trouvé son identité. Avec ce « Berserker », il est temps de découvrir ASENBLUT. Quand je pense à ceux qui ont reproché à AMON AMARTH son virage récent vers le heavy, je leur dirais : « Ecoutez cette excellente alternative pour vous consoler ». Il y a de quoi être aux anges avec "Berserkers Ruhmeserinnerungen".
Cet album se doit d’être celui de la reconnaissance pour ASENBLUT. Courez l’écouter !