Bon, on peut se le dire sans fausse pudeur, le deathcore est (presque) mort. Alors qu'il faisait les affaires de labels plus ou moins scrupuleux au début de la décennie, la perte de vitesse qu'il accuse oblige ses rares derniers ambassadeurs à se réinventer. Un peu plus de death ou quelques velléités progressives, un soupçon de black sympho voire une bonne louchée de voix claires, toutes les options sont bonnes pour sortir du rang et gagner quelques pratiquants. Et, au moment de faire les comptes, bien peu de combos restent encore fidèles au cahier des charges édicté par les grands anciens, WHITECHAPEL ou SUICIDE SILENCE en tête de la shopping list.
Mais CARNIFEX s'en tape. Royalement. Renvoyant dans leurs buts progressistes et foutus modernistes, il livre sur son sixième album, « Slow Death », une vision archi-traditionnelle d'un deathcore brutal sans la moindre concession. Et profite de l'occasion pour écraser toute concurrence tant son style percute et perfore sans la moindre hésitation. Quelques notes d'un clavier possédé annoncent ici la couleur, l'ambiance n'est pas à la poilade : take no prisoners. Vocalises trempées dans l'acide chlorhydrique, solos héroïques, blasts qui dansent la gigue avec des breaks furibards et growls maléfiques en toile de fond, une recette gourmande et connue qui n'a jamais aussi bien fonctionné. Il suffit d'ailleurs de jeter une oreille distraite sur le morceau d'ouverture "Dark Heart Ceremony", accessoirement le mètre-étalon du disque, qui achèvera de convaincre les plus réticents. CARNIFEX est aujourd'hui le dernier à pratiquer avec une ferveur intacte ce deathcore burné et sauvage, une représentation trempée dans le formol de ce qu'il considère lui même comme le seul échappatoire. Une incantation, un manifeste, un art de vivre.
C'est essoré que l'on ressort de ce roadtrip deathcore. Un vrai tour sur le bolid' effrayant qui ne laisse aucune place pour le second degré, une fois de plus mixé de main de maître par un Mark Lewis (ARSIS, SIX FEET UNDER, THE BLACK DAHLIA MURDER...) dont on ne sait combien d'heures durent ses jours et ses nuits. Du beau boulot, pour sûr. Qu'ajouter à cela ? Pas grand chose en fait si ce n'est un superbe artwork signé Godmachine ou une prod' brutalissime sans faux col façonnée par un Jason Suecof en forme (qui trousse également quelques solos du plus bel effet sur cet album).
Voilà, rien à ajouter. Les multiples écoutes n'y changeront rien, « Slow Death » est un bon gros glaviaud bien visqueux, de ceux qui, brunâtres et malodorants souillent définitivement la mèche elnettée du deathcoreux prépubère.
S'il ne doit en rester qu'un...ce sera CARNIFEX.