Mesdames, messieurs, BARISHI, le spectacle va commencer ! Au programme de ce show qui s'annonce passionnant : quarante-trois minutes d’un voyage en terre inconnue, quelque part entre post-rock burné et metal hardcore teinté de parties progressives. Le tout délivré avec passion par un quatuor qui nous vient des vertes contrées du Vermont, au nord-est des Etats-Unis. Quatre saltimbanques au CV encore léger qui font preuve cependant d’une maturité déconcertante, parvenant à assembler entre-elles des pièces d’un puzzle musical à priori insoluble pour en faire un ensemble cohérent. La formule est ici appliquée dès les premières minutes avec des parties de batterie bluffantes, techniques tout en restant intelligibles, qui se marient à merveille aux assauts d’une section rythmique tournoyante capable de balancer des riffs d’une beauté fatale. Ajoutez au tableau un bassiste aux abois et un vocaliste écorché vif qui lorgne sur le black et vous obtiendrez un disque très personnel, à mille lieux de ce qui se fait actuellement.
Allez, s’y l’on doit se risquer à poser quelques bornes en guise de repères, on pourra citer l’école Relapse des KYLESA, BOTCH, BARONESS et autres INTER ARMA, il y a bien un peu de cela ici, mais le tout est exécuté avec un tel doigté et magnifié par une production très naturelle, sans artifices qui rend BARISHI unique, mystérieux.
Ce voyage introspectif prend d'ailleurs une toute autre importance lorsque l’on revient sur l’appellation "Darkened Modern Metal" mise en avant par Season Of Mist pour décrire l’univers de son poulain, un descriptif idéal qui va comme un gant à chacun des huit morceaux portant en eux une noirceur impénétrable. Prenez "Bonesetter" et sa longue intro hantée par une voix déformée et lointaine ou le grand (et long) moment du disque, "The Deep" et ses neuf minutes vicieuses et épiques qui colleront le frisson aux plus exigeants. Risquez-vous sur le furieux "The Spectral Order" qui clôt l’album sur une ambiance délétère ou l’imposant "Master Crossoraods, Baron Cemetery" armé de son blast initial et récurrent qui déchaussera quelques ratiches à coup sûr.
Mais ce qui demeure le plus impressionnant sur « Blood From The Lion’s Mouth » est cette faculté qu’a BARISHI à piocher dans tous les répertoires, de l’instrumental éthéré au black/death sauvage en passant par le hardcore dissonant pour en livrer une lecture personnelle qui lui confère une saveur délicatement maléfique.
Oui, « Blood From The Lion’s Mouth » est un kaléidoscope de sensations tout bonnement fascinant, plus homogène que son prédécesseur autoproduit mais aussi plus sombre, qui n'en reste pas moins une oeuvre délicate à assimiler. Mais celui ou celle qui saura prendre la peine de lui confier ses esgourdes se verra récompensé par une immersion dans un monde étrange aux ambiances uniques.
BARISHI la bonne soupe !