24 septembre 2016, 17:01

RUNNING WILD

"Riding The Storm - The Very Best Of The Noise Years 1983-1995"

Album : Riding The Storm - The Very Best Of The Noise Years 1983-1995

"Noise lebt!" ("Noise vit !"). C'est par cette affirmation que le célèbre label allemand a fait son retour cette année, par le biais de compilations double CD aussi complètes qu'esthétiquement soignées. Et son écurie de revoir ses plus belles heures garnir les bacs des disquaires (du moins, ce qu'il reste !) au grand bonheur des métalleux qui, à l'image de votre serviteur, ont vécu les débuts de groupes comme HELLOWEEN, notamment, en direct. Toute une époque ! L'âge d'or du metal teuton qui, en ces années 80, voyait de jeunes chevelus à peine débarqués du lycée faire plus que concurrencer leurs "rivaux" d'outre-Atlantique. Un raz-de-marée en tout point comparable à ceux de la NWOBHM ou de la Bay Area qui permettait à des dizaines de formations de démontrer que, non, non et non, l'Allemagne ce n'était pas que SCORPIONS ! Pas si évident que cela pour toute une génération bercée par les émollientes mélodies de "Still Loving You"... Parmi eux, un groupe originaire de Hambourg, qui fait figure d'aîné. Son patronyme est emprunté à une chanson de JUDAS PRIEST : RUNNING WILD.

Groupe influent s'il en est, RUNNING WILD a vu le jour en 1976. Alors nommée GRANITE HEARTS, la formation évolue dans une ambiance propice à l'écriture de morceaux lourds comme les armatures des bateaux assombrissant les docks du plus grand port allemand. À ses débuts, mené par Rolf Kasparek (Rock 'n' Rolf pour les intimes), le groupe a une conception relativement simple du rock. Mais au début des années 80, et après l'adoption définitive du nom "RUNNING WILD" en 1979, sa musique se durcira et proposera des riffs rappelant ceux du PRIEST mariés à des mélodies véloces devant beaucoup au MAIDEN de la période Di' Anno. Le propos est toutefois plus dur que celui de ses deux illustres parrains, plus sombre aussi. Mâtiné de vitesse, il jouera un grand rôle dans l'élaboration d'un genre que l'on nommera "speed metal". C'est sur cette période que s'ouvre la compilation "Riding The Storm - The Very Best Of The Noise Years 1983-1995"...

"Victim Of States Power", "Gengis Khan" et "Prisoner Of Our Time", toutes tirées du premier album « Gates To Purgatory » (1984) nous montrent à quel point la musique de RUNNING WILD était alors très marquée par l'empreinte de JUDAS PRIEST, mais à l'image de la seconde, témoignent - déjà - de la propension du groupe à rendre ses compositions accrocheuses grâce à des constructions rythmiques progressives (au sens premier du terme, hein ! Je le signale à l'attention des fans de DREAM THEATER !) et laissent entrevoir ce vers quoi les Hambourgeois allaient évoluer trois ans plus tard. Pour l'heure, les morceaux sont toujours bruts de décoffrage, et "Walpurgis Night (The Sign Of Women's Fight"), tiré de l'EP « Victim Of States Power » (1984), "Branded And Exiled", "Fight The Opression" et "Chains And Leather", issus, eux, du second album « Branded And Exiled » (1985) restent l'oeuvre d'une formation en devenir... même si le troisième titre a certainement dû titiller les oreilles de Kai Hansen à l'époque !

Changement de paradigme avec « Under Jolly Roger » (1987), très bien représenté avec quatre titres : "Under Jolly Roger", "Beggar's Night", "Diamonds Of The Black Chest" et "Raw Ride". Rock 'n' Rolf, leader d'un groupe qui, entre-temps, est véritablement devenu sa chose, a vu le trailer d'un film de Roman Polanski, "Pirates". Il n'en fallait pas plus pour que le chanteur/guitariste écrive un morceau sur la piraterie (le bien nommé "Under Jolly Roger") et, sur les conseils avisés d'un membre du groupe, étende le concept afin de l'appliquer à l'imagerie et à la scénographie de RUNNING WILD ! Le pirate metal était né ! Gageons qu'alors, le sieur Kasparek était loin de se douter qu'il venait d'accoucher d'un genre qui fera florès quelques années plus tard avec des formations comme ALESTORM ou SWASHBUCKLE ! Les chansons sont désormais plus élaborées et laissent souvent place à de longues cavalcades épiques, quand elles ne font pas transparaître des influences issues du folklore celtique.

C'est donc ce RUNNING WILD qui occupe le reste du premier CD ainsi que la totalité du second, avec des morceaux aux noms évocateurs ("Port Royal", "Calico Jack", "Tortuga Bay" pour ne citer qu'eux) et des ambiances à couper le souffle. Chaque album de la période "pirate" est équitablement représenté, à l'exception de « Masquerade » (1995) qui ne bénéficie étonnamment que d'un seul titre, "Lions Of The Sea". Pas le meilleur RUNNING WILD, mais quand même ! Tous les classiques sont là, y compris "Bad To The Bone" dont le clip avait fait, en son temps, les beaux jours des émissions télé consacrées à notre genre de prédilection. Oui, c'était avant Metal XS ! La pléthore de pièces maîtresses présente sur la compilation n'empêche toutefois pas quelques titres plus obscurs d'éclore çà et là, et c'est avec plaisir que le fan retrouve l'instrumentale "Over The Rainbow", tirée de l'édition CD de « Blazon Stone » (1991) ou la fantastique reprise du "Genocide" de THIN LIZZY, uniquement disponible sur l'EP « Little Big Horn », morceau également issu de « Blazon Stone ».

Quand je vous aurai dit en plus que les 36 (!) chansons de ce "Riding The Storm..." ont été spécialement remasterisées pour l'occasion, vous ne pourrez plus résister, et c'est avec le foulard sur la tête et le sabre à la main que vous partirez à l'abordage de votre disquaire favori afin de vous le procurer ! Comment ça, "non" ? Vous êtes bien sûrs ? Ben attendez alors la réédition prochaine du back catalogue du groupe par Noise Records, qui devrait également ressortir toutes les plus célèbres productions du label dans des éditions collector ! Voilà en tout cas un beau moyen d'introduire le récent retour en fanfare de Rock 'n' Rolf et ses amis avec leur meilleur album depuis des lustres, « Rapid Foray »...

Blogger : KillMunster
Au sujet de l'auteur
KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK