« Il faut laisser le temps au temps »…
Didier Barbelivien et BRUJERIA : même combat ! On serait d’ailleurs tenté de les croire sur parole puisque seize ans se sont déjà écoulés entre la sortie de « Brujerizmo », troisième album de la confrérie latino, et « Pocho Atzlan », son dernier méfait. Et force est de constater que les choses n’ont ainsi dire pas bougé depuis. Si l’on excepte un line-up à contours variables où le quatuor de vétérans Juan Brujo, Fantasma, Pinchie Peach et Hongo (Shane Embury) s’est adjoint les services d’El Cynico (Jeff Walker), Hongo Jr (Nicholas Barker) et El Podrido (Adrian Erlandsson), la cuvée brutalo-Brujo 2016 reste en tout point comparable à la dernière livraison en date. Pour ceux et celles qui auraient raté le train en marche (depuis près de 25 ans quand même !), l'association de malfaiteurs pratique un death/grind bien savoureux qui place une nouvelle fois au premier plan le groove meurtrier et les rythmiques foudroyantes. D'ailleurs le background de chacun des participants, passés ou actuels, constitue de bons repères pour apprivoiser la bête. FEAR FACTORY, NAPALM DEATH, SEPULTURA, FAITH NO MORE, CARCASS, un peu de tout ça recouvert d’une bonne dose d’humour sulfureux où se disputent narco-règlements de comptes et diatribes enflammées contre l’odieux voisin américain. La recette est éprouvée mais elle fonctionne toujours alors pourquoi en changer ?
L’équation est d’une simplicité enfantine finalement. Vous avez aimé « Brujerizmo » ? Vous allez adorer « Pocho Atzlan » ! Les rafales death/grind punitives que sont "No aceptan imitaciones", "Satango" ou "Isla de la Fantasia" font la part belle aux rythmiques maousse costo sans oublier de laisser une place aux monstres de lourdeur que sont "Pocho Atzlan", "Angel de la frontera" ou "Plata o plomo », qui arracheraient un déhanché de popotin aux plus timides d’entre vous. Les morceaux défilent à l'allure d'un TGV, tous empreints de la marque de fabrique du groupe jusqu’à ce que le triptyque final "Mexico Campeon", "Debilador" et "California über Atzlan" reprennent la main en mode punk/hardcore burné pour mettre fin à trois-quarts d’heure d’une intense sauvagerie. Les plus fins limiers auront aussi repéré un "Codigos" à l’atmosphère noire et menaçante que n’aurait pas renié un FEAR FACTORY en grande forme tout comme ce "Bruja" dissonant et enjoué qui vient ratatiner les esgourdes sans coup férir. Burps... l’addition, chef !
Oui, BRUJERIA est un peu à l’image de ce bon vieux Coco Loco qui accompagne certains de ses (ignobles) artworks depuis ses débuts : il n’a pas pris une ride, le formol ça conserve ! Et plus de vingt-cinq ans après sa conception, le bougre est toujours aussi vaillant comme il l’a déjà prouvé sur un EP torride sorti en début d’année, « Viva Presidente Trump ».
Oui, BRUJERIA est toujours au rendez-vous quand il s’agit d’administrer une bonne raclée derrière les tympans tout en n’oubliant pas de lâcher quelques amabilités sur le milliardaire péroxydé. Nul doute que les prochaines sorties/dérapages du candidat lui donneront à nouveau du grain à moudre d'ici à la tenue des élections américaines...