21 octobre 2016, 17:21

KORN

“The Serenity Of Suffering”

Album : The Serenity of Suffering

« The Serenity Of Suffering ». S.O.S.... Un oxymore aussi percutant que le “Happiness In Slavery” de NINE INCH NAILS. Douzième réalisation pour KORN et douzième catharsis pour Jonathan Davis, serait-on tenté de dire, qui puise encore et toujours son inspiration dans le dégoût de soi, le rejet des autres et l’amour blessé. Mais pourquoi en serait-il autrement au bout de deux décennies, surtout quand tant de fans se retrouvent dans ses lyrics ? La souffrance peut finalement être une vieille amie, omniprésente, et il faut bien reconnaître que le mal-être sied tout particulièrement à KORN et à son chanteur.

Avis à ceux qui n’avaient pas digéré l’incursion en terres dubstep de « The Path Of Totality » (2011) et qui ont grincé des dents parce que des touches électro étaient toujours bien présentes sur le très bon « The Paradigm Shift » (2013), qui marquait le retour au bercail de Brian “Head” Welch aux côtés de James “Munky” Shaffer après sept ans d’absence (d’errances) : elles sont toujours là. Mais plus discrètement cette fois, en toile de fond, et il faut reconnaître qu’elles se marient parfaitement avec le son unique et si particulier de KORN. « The Serenity Of Suffering », un retour aux sources qui se place également dans la lignée d’« Untouchables » (2000), est empreint d’une agressivité que l’on n’avait jamais vraiment retrouvée depuis « Take A Look In The Mirror », arrivé trois ans plus tard dans les bacs. Auxquels s’ajoutent les années d’expérience et le retour de Head qui a vraisemblablement retrouvé ses marques.

Heavy et groovy toujours, grâce à la basse qui claque de Fieldy et au jeu de Ray Luzier, « The Serenity… » est aussi très mélodique dans les lignes de chant et les refrains “catchy” de Jon (“Take Me” et ses “go !” clins d’œil (?) à “Freak On A Leash”, le mélancolique “Black Is The Soul”, “The Hating”, “Die Yet Another Night”, l’étrange “When You’re Not There”). Mais il n’en oublie pas pour autant les fondamentaux – témoin ce scat d’anthologie digne de “Twist” (l’intro dantesque de « Life Is Peachy », deuxième album des Californiens sorti en 1996) sur l’intense et excellent “Rotting In Vain”, un des titres les plus percutants de la discographie des cinq hommes. Ou les doubles voix chant clair/growl du refrain d’“Insane” pour ne citer que ce titre. Troisième single tiré de « S.O.S. », “A Different World”, plus nuancé, voit l’apparition en guest de Corey Taylor de SLIPKNOT et STONE SOUR dont la voix s’insinue au fur et à mesure dans la chanson sous celle de Davis avant d’exploser. Un morceau qui demande plusieurs écoutes pour l’apprécier pleinement mais dont le refrain reste ensuite gravé dans la mémoire.

Le son énorme, on le doit à Nick Raskulinecz (FOO FIGHTERS, DEFTONES, MASTODON), et, pour pousser un peu ploin l’expérience, il est conseillé d’écouter l’album au casque pour découvrir toutes ses subtilités et ses arrangements. Un dernier mot sur le superbe artwork signé Ron English, adepte du culture jamming, une image cauchemardesque et sous acides (pléonasme ?) d’une fête foraine où les animaux du manège prennent vie, où l’on retrouve la version de chair éventrée de la poupée qui figurait sur la pochette d’« Issues » (1999) et où les jouets sont monstrueux. Ce qui pourrait résumer la teneur de ce « Serenity Of Suffering » sous tension.

Vingt-deux ans après qu’ait retenti le riff d'intro sur des guitares accordées incroyablement bas de “Blind” et ce “Are you ready ?” qui allaient changer la face du metal brusquement devenu “néo”, KORN est toujours là, au sommet de son art, et il demeure unique. Follow the leader of the pack...

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK